mercredi 10 février 2010

Quand Nicolas II rencontre Jean Bart

18 septembre 1901… Un mercredi a priori calme pour les Dunkerquois si le Tsar de toutes les Russies ne devait débarquer à Dunkerque. France et Russie viennent de passer des Accords et Nicolas II vient inspecter l’Escadre du Nord. Déjà venu en France en 1896, le couple impérial vient concrétiser l’alliance franco-usse.

Rencontre en mer
Une foule immense se masse sur les jetées, les quais et autour de l’écluse Trystram. Le président Loubet a déjà quitté Dunkerque à bord du Cassini pour aller à la rencontre de l’Empereur, à bord du Standard, son yacht. Une fois à bord de ce dernier, les pavillons français et russe sont hissés à la poupe du navire impérial. La revue navale commence alors. Sous les coups de canons, le yacht se glisse au milieu de la flotte qui arbore le grand pavois, stupéfiant les spectateurs restés à terre. Les tirs de la flotte cessent et ce sont les batteries côtières qui prennent la relève. Le Cassini entre dans le sas de l’écluse et le Président de la République débarque finalement à midi et demi devant la Chambre de Commerce. Quant au Tsar, il n’arrive qu’une heure et demie plus tard, ayant dû attendre la marée haute pour éviter de s’échouer. Le Tsar et son épouse, Alexandra Federovna, font alors une entrée triomphale sous les vivats de la foule. L’impératrice est la première à mettre pied à terre, portant encore le deuil de sa grand-mère, la reine britannique Victoria. Sous les salves d’honneur, le Président Loubet, accompagné des ministres et des diplomates russes se charge alors d’accueillir le couple impérial.



Un protocole pluriséculaire
Comme pour chaque visite de souverain à Dunkerque, un protocole immuable est suivi. Alfred Dumont présente le pain et le sel aux souverains russes, afin de satisfaire aux coutumes slaves… Le couple impérial se dirige alors vers la Chambre de Commerce puis s’arrête devant une délégation de Bazennes en tenue d’apparat. Les Dunkerquoises offrent à la Tsarine des bouquets de roses alors que leur doyenne, madame Jacquemet, présente à celle-ci le poisson de vermeil symbolisant la ville sur un coussin brodé aux armes de la famille impériale. La scène, empreinte de solennité, est présente dans les souvenirs des Dunkerquois car un tableau narrant l’événement est conservé par le Musée de Dunkerque, légué par la veuve de l’artiste qui ne put jamais livrer la toile en Russie.

Sans visiter la ville ni le port, ils embarquent directement dans le train venu les chercher sur le port. Précaution d’usage, l’on craint un attentat que les deux cents policiers présents ne sauraient peut-être empêcher. Dunkerque resta cependant très attachée à ce souvenir : quand trois ans plus tard nait le Tsarévitch Alexis, héritier du trône, la doyenne des Bazennes fit envoyer une chaîne et une médaille en or représentant Notre-Dame des Dunes, un geste que la tsarine apprécia puisqu’elle envoya en retour une montre en or aux armes impériales ornée sur le boitier d’une aigle russe sertie de 75 roses de diamant, montre que l’on peut encore admirer au musée des Beaux-arts de la ville. Les Dunkerquois ne se doutaient guère que la famille Romanoff subirait quelques années plus tard un sort tragique dans la cave de la maison Ipatiev à Ekaterinebourg.

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