mardi 2 février 2010

de février 2010

Il fallait bien trouver un nom pour baptiser ce mois que Numa Pompilius venait de faire ajouter aux dix mois du premier calendrier romain pour faire coïncider la durée de l’année avec la durée du cycle du soleil. C’était facile pour janvier avec le rappel de ce dieu à double face qui marque le début de l’année. Pour février il y avait quantité de possibilités tant cette période était riche en festivités en tout genre. On rompit avec les habitudes et plutôt que de donner au mois le nom d’un dieu, ou faire référence à sa place dans l’ordre des mois de l’année, on prit le nom de ces fêtes publiques qui en cette période de mauvais temps et de pluies sur Rome, provoquait des fièvres ou des grippes de saison, et qu’on appelait les februales. Ces fêtes s’inscrivaient à leur origine, dans la lignée des cérémonies de purification et d’expiation des offenses commises envers les dieux. A cette occasion les maisons étaient traditionnellement nettoyées. Après avoir balayé les pièces intérieures, on les aspergeait de sel et de blé. C’est ce rite de la purification des maladies et des fièvres, «februa». Grand nettoyage de printemps... ! dans le calendrier républicain de si courte durée, Février était devenu «pluviôse».

A la même période, il y avait les fameuses «lupercales» dédiées à la louve qui éleva Remus et Romulus. C’étaient des fêtes en l’honneur de la fécondité au moment où la nature commence à reprendre vie. Le peuple de Rome et surtout les jeunes se rassemblaient dans la rue à la lueur de torches enflammées et on mangeait des galettes en l’honneur de Proserpine, divinité protectrice entre autres, du monde agraire.

Pour mettre fin aux orgies dans lesquelles dégénéraient ces fêtes, le pape Gélase, en 472, eut alors l’idée de faire distribuer ces galettes aux pèlerins affamés venus à Rome. On appelait ces galettes des «oublies». Ce sont les ancêtres de nos crêpes.

Les crêpes, leur forme et leur couleur dorée s’inscrivent aussi dans cette louange du soleil qui brille un peu plus chaque jour, avec le même symbolisme pour la galette des rois qui représentait le soleil renaissant.

Cela nous donne non seulement le nom du mois : Février, mais nous a donné la fête de la Purification , le 2 février, jour où la liturgie de l’église catholique bénit des Chandelles, que dans certaines régions on continue de porter sur les tombes des défunts où que l’on garde pour les allumer auprès du corps des proches que l’on veille en famille quand ils ont quitté ce monde, avant de les porter en terre.

Février, partage avec Avril, la particularité de trouver dans un verbe son étymologie : (februare et aprire), se différenciant ainsi des autres mois de l’année.
Février et les Lupercales nous amènent aussi la Saint Valentin, à grand renforts de publicités et autres «réclames» comme on disait autrefois, en ne connaissant pas très bien l’origine de cette fête, qui n’est pas l’invention d’un célèbre dessinateur d’un couple d’amoureux sous un kiosque de Valence !

Février nous lègue encore le mot «terme» car dernier mois de l’année avant le mois de Mars qui commençait l’année romaine, d’où la déclinaison des mots «limite» ou encore «borne». Il faut savoir que la borne qui délimitait une propriété était protégée par le dieu Terme et que ces bornes furent petit à petit transformées en statues à tête humaine, sans bras ni pieds, le bas de la statue gardant une forme pyramidale, statues que l’on voit dans beaucoup d’allées de nos châteaux et on les appelle «terme».

Cette année le 10 Février, marque le nouvel an chinois et l’ouverture de l’année du Tigre, le calendrier chinois ayant lui aussi le souci d’insérer des jours complémentaires pour faire coïncider les saisons avec le rythme du soleil.

Ce mois de février 2010 marque le retour de Vénus, la belle étoile du soir, l’étoile du Berger, dans les lueurs du crépuscule. Après une longue absence elle sera à nouveau visible, en fin du mois, au coucher du soleil.

Il me faut souligner que, cette année, février du 12 au 22, verra le déroulement des XXXI e Jeux Olympiques d’hiver, suivis des Jeux Paralympiques, au Canada, à Vancouver en Colombie britannique.

Je dois encore faire remarquer que ce mois est celui où nous serons tous moins bavards ( les mauvaises langues disent que c’est le mois où les femmes sont le moins bavardes ! ) puisque ce mois, à cause des jours que juillet et août lui ont emprunté, est le plus court des mois de l’année.
Cette année, février, toujours à cause de la lune, - la fête de Pâques est déterminée selon un calcul très fastidieux, par la première lune qui suit l’équinoxe de printemps,- février verra débuter le Carême, quarante jours avant cette grande fête. Le 17 février sera le Mercredi des Cendres, précédé du Mardi-Gras, jour de Carnaval, c'est-à-dire jour où on enlève la chair car c’est le début du jeûne pour les chrétiens. Lequel 16 février, sur une plaisanterie un peu lourde, devient donc le jour le plus haut de l’année, puisque dès le lendemain... je vous laisse deviner la suite !

Saint Valentin qui est l’évènement majeur de ce mois pour les médias et le commerce, était un prêtre de la religion chrétienne, à Rome, au III ème siècle. A cette époque l’empereur Claude, dit «Le Cruel», avait beaucoup de difficultés pour trouver des soldats pour ses multiples campagnes militaires. Aussi il décida d’interdire les mariages car, pour lui, les hommes mariés ne faisaient pas de bons soldats. Valentin décida alors de marier secrètement les jeunes amoureux. Pour avoir transgressé la loi, Claude le fit arrêter. Dans sa prison, Valentin fit la connaissance de son geôlier qui avait une fille aveugle, du nom de Julia. Touché par la douleur de cet homme, il rendit la vue à cette enfant et convertit toute la famille à la religion chrétienne. L'empereur ne tarda pas à apprendre le miracle. Valentin fut battu, brisé par les coups de bâtons des soldats romains, pour être enfin décapité sur la voie flaminienne, le 14 février 268. Il est dit que Julia planta un arbre sur sa tombe. Cet arbre aux fleurs roses qui commencent à fleurir en ce moment dans nos régions méridionales était un amandier, symbole d’Amour et d’Amitié. Ici dans le Gard on chante sur un air bien connu ( Se canto que canto) :
A la font de Nîmes
I a un amètlier
Que fa de flors blancas
Coma de papier.

Mystère de la nature… les fleurs de la chanson sont blanches ! alors que celles de l’amandier sont plutôt d’un rose léger !

Deux siècles après la mort de Valentin, le pape Gélase, en 495, décida de célébrer en grande pompe, tous les 14 février, la fête de saint Valentin et de faire disparaître ainsi la fête païenne de la Luperca, déesse de la fécondité, fête qui avait lieu tous les 15 février.
La légende de saint Valentin traversa les siècles et dès lors saint Valentin, en 1496, sur décision du pape Alexandre VI, devint le patron des amoureux, des fiancés et de tous les jeunes gens et jeunes filles.

En 1866, des tâches apparaissent sur les feuilles des vignes à Roquemaure, dans le Gard. Ces «Tâches de Roquemaure» c’est le phylloxera. Pour sauver l’activité du port, le vignoble et les vignerons, un riche propriétaire du lieu fit l’acquisition à Rome des reliques de Saint Valentin, pour avoir un bon intercesseur et protecteur. Depuis cette date, se déroulent à Roquemaure « lafête des Poutouns», «la fête des bisous», avec chaque année un réel succès. Le lien entre St Valentin, le vin et le phylloxera est plus difficile à faire ! Je ne m’y risquerai pas cette fois !

De façon plus poétique, le rapprochement avec les amoureux pourrait venir aussi d'Angleterre, où on disait au Moyen-Age que les oiseaux commençaient à s'accoupler pour le 14 février.
Un vieux proverbe occitan dit la même chose de façon élégante :"Per la San valentin, l'agasso mounto sou pin; si noun li jai, ti tengues paga gai». Proverbe qu'on peut traduire ainsi : «pour la saint Valentin la pie monte sur le pin; Si elle n'y fait pas son nid, ne te réjouis pas trop vite.»
Ce proverbe est lié à l'observation du temps de ce jour de milieu février, où la nature fait quelquefois ressentir les premiers frémissements d'un réveil du printemps. Si alors l'oiseau monte à l'arbre, il faut voir s'il va ou non commencer d'y faire son nid. S'il ne commence pas son travail ce jour là, c'est signe que l'hiver n'est pas encore fini.

On dit aussi que Charles d’Orléans, prisonnier en Angleterre après la défaite d’Azincourt, avait observé ainsi le jeu des oiseaux, et qu’il aurait alors imaginé d’écrire des messages d’amour et de tendresse à sa bien aimée, messages qui sont devenus, après qu’ils aient été institués à la Cour de France, «les valentines», ces cartes décorées de cœurs et de cupidons, ornées de dentelles, de soie, de satin, de fleurs, voire aussi parfumées, qui apparurent à l’époque victorienne et que Monsieur Howland, papetier américain importa au USA en 1848 et dont on dit que les Américains sont très friands…

Février, c’est le mois des retournements de temps les plus hasardeux. «Février, le plus court des mois, est de tous le pire à la fois.» Ou encore : «Février, de tous les mois, le plus froid, le plus matois».
Février, disent les agriculteurs, doit être froid et pluvieux pour que les récoltes soient excellentes «Neige, eau, pluie, brouillard de février, vaut du fumier.» dit on en Dordogne et dans l’Allier. Et en Charente : «Si février laisse les fossés pleins, les greniers deviendront pleins.». Dans le Vaucluse on dit : «Vaut autant voir un loup en son troupeau que le mois de février beau.» et en Ardèche, dans le Gers ou le Tarn : «Quand à Notre-Dame de Chandeleur soleil luit, l'hiver encore quarante jours s'ensuit.» Les agriculteurs redoutent les orages durant ce mois, ainsi qu'on le voit dans les deux proverbes qui suivent : «Quand il tonne au mois de février, toute l'huile tient dans une cuiller.» ou «S'il tonne en février, point de vin

En février peu de récoltes : chicorées, choux, épinards, radis... Si le temps est beau, on peut faire quelques semailles, dont le blé de mars. Dans la culture forestière, on sème l'érable et l'aune, quelquefois les glands. C'est en février qu'il faut débarrasser les vergers des chenilles qui les dévastent. Vers la fin du- mois, on procède à la toilette des rosiers, on met en place les roses trémières, on peut enfin labourer les parties du jardin sur lesquelles on veut semer du gazon.
La lune en ce mois de février 2010 est à son dernier quartier le 5. C’est la vieille lune, en courbe descendante, moment favorable pour couper le bois de chauffage et pour tailler notamment les groseilliers, les cassissiers, le buis. . Le 13 elle sera à son apogée, à 406540 km de la terre, à son point le plus éloigné de la terre pour cette année. Plus loin donc moins d’influence. Un nœud lunaire le 10 et la nouvelle lune du 14 février amèneront les perturbations classiques en cette période de sa courbe. Cela peut être le printemps de la saint valentin... qui sait !
A partir du 23, en lune descendante, ce sera une bonne période pour tailler les fruitiers, pommiers et pêchers, même s’ils sont en début de floraison.
La courbe lunaire au périgée le 27, la pleine lune le même jour et un nœud lunaire le 25, pourraient bien donner toute sa valeur au vieux dicton «Février est un malin qui cache l’hiver au fond de son sac» ! C’est la seule prévision sur laquelle je me risquerai ce mois –ci... : du froid en fin de mois !

Restons prudents ! Adissias !


Jean Mignot le 31 janvier 2010

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