mercredi 17 février 2010

D’Artagnan, de la Gascogne à Dunkerque


Ses aventures romanesques ou cinématographiques bercèrent nos enfances … Pourtant, l’on est souvent bien loin de s’imaginer que la fiction n’est pas très éloignée de la réalité…

Né vers 1620 à Lupiac dans le Gers, Charles de Batz de Castelmore, est un Mousquetaire du Roi, vif, querelleur et madré au combat, dont la vie n’avait assurément nul besoin d’être romancée par Alexandre Dumas. Cadet de famille destiné au service du roi, il reçoit un enseignement rudimentaire avant de monter à Paris. Il quitte une vie ennuyeuse et désargentée pour s’engager chez les Cadets du Roi. Direction : les Gardes Français, un corps d’élite ! Il devint vite un « mousquetaire de la maison militaire du roi » où il prend le nom de sa mère. Il aurait reçu le baptême du feu sous les murs d’Arras, aurait combattu à Aire-sur-la-Lys, à La Bassée puis à Bapaume avant de rejoindre le sud en 1642. Après un bref passage en Angleterre, on le retrouve à la Capelle et à Gravelines en 1644 puis à Cassel, Mardyck, Lynck, Bourbourg, Béthune puis à Saint-Venant en 1645.
Il entre au service de Mazarin qui l’emploie comme estafette, informateur et parfois… espion. Difficile de dire s’il se battit à Rocroi mais il reste fidèle au Cardinal pendant la Fronde. Lorsque le Grand Condé passe aux Espagnols, notre gascon quitte la paisible vie parisienne en 1657 pour les champs de bataille des Flandres au côté du Roi.
Il retrouve avec joie l’odeur de la poudre à la Bataille des Dunes, emportée par Turenne. Quand Dunkerque tombe le 14 juin 1658, il fait partie des vainqueurs. Dans la foulée, les Gardes Français enlèvent les petites villes fortifiées : Bergues, Furnes, Gravelines, Dixmude, Oudenaarde. Le Gascon y apprend la recréation des Mousquetaires du Roi. Servant encore Mazarin, il a des contacts de plus en plus serrés avec le jeune Louis XIV qui lui ordonne d’arrêter Fouquet et d’être son geôlier avant de le mettre au secret à Pignerol, faisant naître la légende du Masque de fer. Ses missions aux Provinces-Unies en 1665 ne l’empêchent pas de devenir un courtisan…

Retour en Flandre

La Guerre de Dévolution le ramène aux armes : choisi par Turenne, d’Artagnan s’empare en mai 1667 d’Armentières et en capture le gouverneur. En juin, Charleroi, Courtrai et Tournai tombent. En juillet, face à l’audace de d’Artagnan et des Mousquetaires, les Douaisiens capitulent. Les victoires s’enchaînent ! La prise de Lille est une « promenade militaire » car la ville se donne à Louis XIV. D’Artagnan peut rentrer à Paris pour attendre d’autres campagnes plus au sud, notamment pour mater le Vivarais. Le 15 avril 1672, le Gascon devient Maréchal de Camp mais Louis XIV le charge d’assurer le gouvernement de Lille en l’absence du Maréchal d’Humières. Son orgueil et sa fierté sont flattés. Il y entre le 5 mai. Avant tout, il veille au chantier des remparts au sujet desquels il se querelle vite avec nombre d’ingénieurs. L’autoritaire Gascon entra alors en conflit avec La Vercantière, qui remplace Vauban au Gouvernement de la Citadelle, provoquant régulièrement d’épiques esclandres. Avouons à sa décharge qu’il assumait sa charge en sa ville et non à la cour. Et à la cour, on lui pardonne facilement ses excès.

Néanmoins, il s’ennuie à Lille où ses querelles avec le gouverneur de la citadelle et les ingénieurs militaires montrent un homme intraitable et autoritaire. Estimant la citadelle capable de soutenir un siège, il demande en novembre 1672 à rejoindre ses hommes partis en campagne en Hollande. La requête acceptée, sa vie peut reprendre un cours normal. En décembre, il peut rendre la ville à Humières revenu en grâce.
Très vite, il rejoint le siège de Maastricht. Le 25 juin 1673, n’étant pas de service, il se rend malgré tout sur une demi-lune que ses hommes ont pris la veille pour sortir d’embarras de jeunes princes qui, outrepassant ses ordres, avaient lancé une attaque désastreuse. De l’aveu des témoins, il s’y bat admirablement mais la rencontre inopinée de sa gorge et d’une balle de mousquet l’arrête net. L’on n’aurait su peu de lui sans son premier biographe, Courtilz de Sandras, ni sans Dumas qui savait «violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants». Celui-ci, assurément, était déjà magnifique…

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