dimanche 28 février 2010

Bergues : Sur les traces des Faux monnayeurs

La tour dite « des Faux monnayeurs » située rue de la Gare dévoilera-t-elle son secret ?
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Pourquoi et quand est-on passé de « Berg Poorte » à « Faux monnayeurs » ? Y a-t-il une relation à faire avec les monnaies trouvées dans les puits, puisqu'après analyse, on peut affirmer qu'elles seraient fausses ? » Du mystère, de l'intrigue et de l'Histoire : les plus grands cinéastes et auteurs de romans policiers et ésotériques, comme Dan Brown, le diraient sans nul doute, tout ceci pourrait alimenter un bon ouvrage ou une bande-annonce envoûtante.
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Pourtant, loin d'être le sujet d'un prochain best-seller, cette énigme lancée par l'ASPABERG, association du patrimoine berguois, fait l'objet d'une réelle quête de vérité. En effet, cette année, les équipiers de l'ASPABERG vont se pencher attentivement sur ces questions.Il faut dire qu'en 2009, l'association a déjà conduit des travaux sur cette tour et sur ses extérieurs, en accord avec l'Architecte des Bâtiments de France. «Au niveau des extérieurs, pour prévenir le déchaussement de l'escalier en cendrée d'accès à la terrasse, une consolidation provisoire a été réalisée avec des madriers et des ronds à béton, explique Michel Walspeck, animateur de l'ASPABERG. Lors de cette opération, une fosse cylindrique briquetée a été dégagée. Un coffrage de cet ouvrage a été effectué, pour le désolidariser des terres, afin d'en dégager la tête qui présente des destructions consécutives. Une trappe et son embase en bois ont été ensuite installées pour en condamner l'accès en perspective d'une prospection.» Faisant alors suite à l'arrêté municipal qui a réglementé l'accès à la tour, l'association a pris en charge l'effondrement qui était intervenu sur la terrasse.
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De la découverte à la signification
«Au niveau de l'effondrement, un périmètre de fouille a été défini, détaille Michel Waspeck. La cause de cet effondrement se révèle être la reprise du comblement d'une cavité qui se situe dans la muraille.» Et de révéler : «d'autres indices comme l'accrochage d'une voûte effondrée et un piédroit de porte nous a surpris. Ceci nous a incités à déposer une demande d'autorisation d'ouverture de la baie murée auprès du Service régional d'Archéologie. Nous n'avons pas encore eu de réponse, mais nous en sommes certains, nous sommes en présence des vestiges d'une ancienne porte de la ville, «la Berg Poorte» qui a été murée en 1600.» Autre découverte : parmi les déblais, la présence d'une monnaie de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales datant de 1793. «Il s'agit là d'une fausse pièce d'époque car elle ne fait pas le poids ! plaisante Philippe Bonnière, président de l'ASPABERG. Une plateforme protège la fouille dans l'attente de la poursuite de la prospection.» Une prospection qui se fait également au bas de l'escalier en colimaçon. Michel Walspeck continue : «dans un premier temps, nous avons percé un mur sous l'arc de voûte qui nous a fait apparaître une ouverture de porte avec son gond supérieur et les ancrages des verrous. Malgré la terre qui obstrue l'entrée, le contact visuel a été fait avec la salle inférieure où d'immenses cavités révèlent la voûte.» Cette année, les membres de l'ASPABERG vont s'appliquer à intervenir sur trois zones d'observation : la fosse cylindrique en pied de la poterne de traversée du rempart bourguignon, le dégagement de la porte d'entrée de la salle inférieure de la «Berg Poorte», et la poursuite de la fouille en terrasse pour valoriser ou condamner l'embrasure déjà découverte et progresser dans la compréhension de la salle supérieure ou de l'accès souterrain. Afin de permettre la totale action de l'ASPABERG, un affichage informatif sur le chantier, arraché à plusieurs reprises et abandonné durant l'été, est de nouveau en place depuis les journées du patrimoine. Toutefois, les équipiers de l'ASPABERG doivent trop souvent faire face à des dégradations, c'est pourquoi un arrêté municipal a été pris pour réglementer l'accès à la tour. «La tour des Faux monnayeurs a été fort dégradée. Aujourd'hui, il est heureux qu'elle soit condamnée.» En attendant que l'utilité des pièces soit révélée, et que les cavités «s'ouvrent», l'ASPABERG en appelle au respect et au sens civique de tous.
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Aurélie LEGRAND
in LE JOURNAL DES FLA NDRES, édition du 24 février 2010

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