mercredi 30 septembre 2009

D'Octobre 2009

Octobre, de huitième à dixième mois selon que l’on regarde son étymologie ancienne ou sa place dans notre calendrier est le mois du bel automne, avant les brumes de novembre et l’hiver qui se prépare. Octobre va se dépouiller lentement après l’offrande d’un flamboyant bouquet d’arbres aux feuilles colorées de rouge et d’or et sombrer dans la grisaille avec des nuits de plus en plus précoces et de plus en plus fraîches, dans une atmosphère de mélancolie déjà amorcée en septembre, jusqu’au changement d’heure dans la nuit du 24 octobre ( TU + 1)qui va nous plonger dans la nuit que redoutaient tant nos ancêtres notamment les Celtes. Les jours diminuent d’une heure quarante sept minutes au cours du mois. Ils ont une durée moyenne de onze heures et cinquante et une minute dans la première semaine et de dix heures neuf minutes dans la dernière.

Octobre si bien chanté par les poètes, de Lamartine avec son célèbre : « Salut bois couronnés d’un reste de verdure… » à Francis Cabrel :

« Le vent fera craquer les branches
La brume viendra dans sa robe blanche
Y aura des feuilles partout
Couchées sur les cailloux
Octobre tiendra sa revanche

Le soleil sortira à peine
Nos corps se cacheront sous des bouts de laine
Perdue dans tes foulards
Tu croiseras le soir
Octobre endormi aux fontaines

Il y aura certainement,
Sur les tables en fer blanc
Quelques vases vides et qui traînent
Et des nuages pris aux antennes
»


Il faudra bien vite songer à se couvrir : «Oou mes d’octobre, qu’a ges de raoubo que n’en trobe» ou comme l’on dit en Vivarais : «Qui n’a pas de manteau en octobre, en fasse bientôt» ou encore : «En octobre, qui a perdu son manteau le recouvre» et aussi : «En octobre si tu es prudent, achète grains et vêtements» et enfin : «Vent d’octobre, la pelisse il faut que tu sortes». C’est plus que jamais le temps de se couvrir pour se protéger des changements de température pour ne pas prendre froid de façon à ne pas attraper la grippe.
Je tiens à faire remarquer à vous tous qui me lisez, que dans toutes les recommandations dont on bassine nos oreilles sur les risques de la grippe et sur les gestes simples à faire tous les jours, on ne nous dit pas que le point de départ des grippes c’est souvent d’avoir pris froid et d’avoir fragilisé notre organisme... ! Première des précautions élémentaires ?? non ? !

Octobre est un mois triste ou joyeux selon qu’il évoque le trépas de Charles le Chauve ( celui du célèbre Serment de Strasbourg et «chauve» parce qu’il se serait fait raser le crâne en signe de soumission à l’Église, et ce, malgré la coutume franque exigeant qu’un roi ait les cheveux longs) le 6 octobre 877, à Avrieux, toute petite commune de Savoie dans la Maurienne, connue parce que l’Office National d’Etude et de Recherche Spatiale (ONERA) dans sa fameuse soufflerie, grâce aux conduites forcées du barrage d’Aussois, y transforme l’eau en vent ( jusqu’à mach 12 !) – mais oui ! allez voir - ; ou le mariage de Victor Hugo le 12 octobre 1822, en l’église saint Sulpice à Paris, union qui ne devait durer qu’une dizaine d’années avant que notre grand poète ne devienne l’amant de Juliette Drouet, celle qui avait servi de modèle, dit-on, pour la statue de Nemausa, la muse de Nîmes sur l’esplanade de la ville, à la fontaine dite Pradier du sculpteur du même nom ; Octobre c’est encore le 18 octobre 1890, la pêche Melba, dessert créé à l’hôtel Savoy de Londres par le «roi des cuisiniers» Auguste Escoffier pour la cantatrice d’opéra australienne Nellie Melba qui habite l’hôtel. Il créera aussi la même année le Suprême de volaille Jeannette. Octobre c’est encore le 28 octobre 1909, le décès, au domicile de son beau-frère le peintre Odilon Redon, de Juliette Dodu, l’espionne française, héroïne de la guerre de 1870, première femme décorée de la Légion d’Honneur, un 25 octobre 1909. On peut voir sa statue, œuvre de la Duchesse d’Uzès, à Bièvres. C’est encore le souvenir de la naissance le 14 octobre 1859, à Saint Chamond, de François Claudius Koënigstein, «le Rocambole de l’Anarchisme», Ravachol du nom de sa mère ; ou les tristes journées d’octobre 1789, avec «le Boulanger, la Boulangère et le petit Mitron», qui furent une étape des plus importantes dans la chute de l’ancien régime. Un 1er octobre 1438, quatorze parisiens furent dévorés par des loups !

Mais ne cherchez pas ce qui s’est passé entre le 5 et le 10 octobre 1582. Il ne s’est rien passé ces jours-là, strictement rien. Ces dix jours n’ont jamais existé. En effet, après de longues discussions et d’interminables palabres mais aussi après de savants calculs, afin de rendre à l’équinoxe de printemps la date qui lui avait été fixée par le concile de Nicée en 325, une réforme du calendrier avait été entreprise à la demande du Pape Grégoire XIII, et il fut décidé, pour rattraper le décalage accumulé durant des siècles entre le rythme des saisons et le cycle du soleil, de supprimer dix jours de cette année là. C’est ce qui explique que bien des dictons anciens ont perdu leur signification première, comme ceux de la fête de Saint Luce ou Lucie le 13 décembre, qui est passé de la veille du solstice à 13 jours avant, ou encore ceux de la Saint Médard qui ayant fait un bon de dix jours ne coïncident plus du tout, avec une période de pluie. On relira utilement mes précédentes chroniques pour plus de précisions.

La lune d’octobre cette année, sera montante jusqu’au 9 du mois puis descendante du 9 au 22 et à nouveau montante à la fin du mois à partir du 25. La courbe de la lune sera à son périgée le 13 et à l’apogée le 25. Les nœuds lunaires, période toujours très délicate pour la végétation sont le 11 et le 25.
La pleine lune d’octobre sera le 4 et la nouvelle lune le 18. Ces étapes, qui sont, je le rappelle encore, des moments où l’on relève le plus de perturbations du temps, surtout quand il y a cumul des phénomènes, permettent de dire qu’il ne devrait pas se passer grand-chose en octobre cette année du point de vue du temps.
Ces jours correspondent aux dictons suivants :
Le 4 pour Saint François d’Assise «A la saint-François on sème, si l'on veut, et plus tôt même» C’est valable notamment pour les épinards et pour les laitues d’hiver
Le 9, pour la Saint Denis «S'il pleut à la saint-Denis, la rivière sort neuf fois de son lit» mais «Beau temps à la saint Denis l’hiver sera bientôt fini» il ne devrait pas y avoir de perturbations particulières, sauf peut-être quelques orages vers les Pyrénées alors qu’il vaudrait bien mieux du mauvais temps car nous avons besoin d’eau partout !
Le 13 pour la Saint Géraud d’Aurillac «Souvent à la saint Géraud nous arrive trois jours de beau» et on pourra ramasser les premières châtaignes «Pour la saint Géraud les châtaignes font le chaud». Originaires de Perse, les châtaigniers furent amenés par les Romains qui les acclimatèrent dans nos régions, notamment en Cévennes. Plus tard les moines prirent le relais et favorisèrent le développement des châtaigneraies. L’arbre à pain a longtemps été la nourriture de base dans les régions pauvres. Vous savez aussi qu’une charpente en bois de châtaignier n’attire pas les araignées.
A la saint Luc le 18, «Foou samenar mouie ou du , comme cette année nous serons en lune descendante, il vaudra mieux ne pas semer "A la saint Luc, ne sème plus, ou sème dru !". La nouvelle lune amènera sans doute un changement de temps autour de cette date : «A la Saint Luc c’est prouvé, l’hiver va nous arriver» ; et aussi «A la saint Luc la pluie du vallon, fait de la neige sur les monts».
Pour la saint Crépin, le 25, au moment où nous passerons en lune montante, on dit dans le Jura «A la saint Crépin, les mouches voient leur fin» et en Languedoc «A la saint Crépin, la pie monte au pin», c'est-à-dire fait ses provisions pour l’hiver.
A la fin de ce mois il vaudra mieux pour le vigneron que vendanges soient faites, car pour le 31, jour de Saint Urbain : «Ce qui reste à la vigne ne vaut rien» ou «Quand octobre prend sa fin, dans la cuve est le raisin». Aujourd’hui on vendange de plus en plus tôt et ce sera bientôt la course aux vins primeurs, c'est-à-dire à des vins encore non complètement vinifiés. Mais commerce oblige !
Le 31 de ce mois d’Octobre: «A la saint Quentin, la chaleur a sa fin».
Avec Anne Vanderlove chantons ce mois d’octobre :

« Les feuilles sèches craquent dans les rues
Le vent les fait danser, tourbillonner
Les longs jours d'octobre et leur farandole,
Les longs jours d'octobre sont revenus
»

Voici le moment des nuits plus longues, au coin du feu, et la nuit d’Halloween dont je vous entretiendrai, selon l’humeur du moment, le mois prochain. Brouillards d’octobre devraient céder à la pluie de novembre ce qui serait du plus grand bien : «Brouillards d’octobre, pluie de novembre, beaucoup de biens du ciel font descendre» ou «Brumes d’octobre, pluie de novembre, font ensemble un bon décembre»
En attendant, couvrez-vous, ne prenez pas froid. Attention à la grippe !

Addissias !
Jean Mignot le 30 septembre 2009

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