vendredi 4 septembre 2009

de septembre 2009

Le neuvième mois de notre calendrier, pourtant baptisé de septième à cause de Jules César et de la réforme qu’il avait fait mettre en place du calendrier qui porte son nom, marque bien la rentrée.
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«Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres, Adieu vive clarté de nos étés trop courts» Baudelaire ne se trompe pas. Les maisons d’été ferment leurs volets, les bateaux rejoignent leur port d’attache et les Parisiens se pressent sur les autoroutes en direction de la capitale.
Demain les joies estivales ne seront plus que d’agréables souvenirs. On pourra faire admirer notre teint bronzé mais, pour le reste du corps, halé au soleil, ce n’est que le miroir qui en aura la confidence.
Pourquoi avoir pris de tels risques pour notre peau, pour vite cacher tout cela sous les vestons et derrière les cravates... ! Le temps des vacances ne sera bientôt plus que de la nostalgie.
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Dans peu de temps la chute des feuilles. Bientôt les brumes de l’automne nimberont nos paysages et les arbres perdront leurs feuilles, perte accentués par la sécheresse de cet été. Des jours plus rigoureux nous attendent.
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La rentrée a comme chaque année un goût amer avec en plus la pandémie de grippe annoncée à grand renfort de presse et de spots publicitaires pour le grand bonheur des laboratoires. Il faut bien dire ça aussi ! Heureuse grippe qui nous oblige à retrouver les bons gestes élémentaires dont on avait perdu la saine habitude de les faire : se laver les mains avant de passer à table, mettre la main devant sa bouche quand on tousse.. et bien d’autres... !
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L’agitation quotidienne va reprendre au rythme de la marée de l’équinoxe qui ramène les tempêtes.
Rentrer c’est retrouver les siens, son quartier, son école, son collège, le bureau, les collègues de travail, des visages familiers. Septembre plus que janvier marque le réel commencement de l’année, le signe de la reprise, le re-départ des activités avec son cortège de bonnes intentions de promesses ou de catastrophe et de lendemains qui chantent plus ou moins juste, plus ou moins faux. Il suffit de voir le déroulement des «universités d’été» ou d’autres «grand-messes» du même genre tenues par nos partis politiques. On va voir ce qu’on va voir !
Septembre, au confluent des regrets et des promesses marque le début d’une année nouvelle.
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Après l’équinoxe du 22 septembre, la fête de Saint Michel, le 29 septembre, avait une grande importance dans le monde paysan. C’est presque partout à cette date que se tiennent de nombreuses foires. On peut dire sans exagération que l’année agricole avait pour «jour de l’an» le jour de la saint Michel. A cette date, la terre est franche d’obligations. Elle ne porte plus aucune récolte et n’a pas reçu encore de semences. Les labours eux-mêmes ne commencent que dans les derniers jours de septembre pour s’achever dans les premiers jours de novembre : «De la saint Michel à la Toussaint, laboure grand train
C’était le jour de la saint Michel que prenaient fin traditionnellement les baux de fermage, ou qu’ils étaient renouvelés. De même c’est à la saint Michel qu’étaient «débauchés» ou «embauchés» les commis de ferme et les autres personnels. Dès le 17 septembre, pour la saint Lambert les vieux dictons invitent à la prudence. Celui qui sans y être contraint, quittait alors sa place, courait grand risque de ne pas la retrouver : «Le jour de la saint Lambert, qui quitte sa place la perd !» C’est dans la deuxième quinzaine de septembre, en effet, que se préparaient, entre fermiers, ouvriers et commis, les engagements réciproques pour l’année agricole à venir.
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La saint Michel marque les derniers jours de chaleur : «A la saint Michel, la chaleur monte au ciel.». C’est le dernier délai pour le départ des hirondelles : «A la saint Michel, départ des hirondelles !»
Et si ces hirondelles se sont attardées jusqu’à cette date c’est parce qu’il peut faire encore très beau : «Quand l’hirondelle voit la saint Michel, L’hiver ne viendra qu’à Noël !»
Il est temps enfin d’espérer ces pluies d’automne que l’on redoute pourtant…et que de nombreux proverbes annoncent dès le début de ce mois : «Septembre emporte les ponts, ou tarit les fonts». Mais cette pluie est très attendue cette année : «Pluie de septembre joie du paysan» ou «En septembre pluie fine est bonne pour la vigne».
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Avec une première quinzaine encore estivale, et une deuxième quinzaine marquée par l’automne et les vendanges, septembre est d’abord «Fructidor» avant de devenir le «Vendémiaire» du calendrier républicain.
La période de fin d’été est favorable à la récolte des fruits «En septembre se coupe ce qui pend» ; ce qui fait dire que cette période est encore le temps des confitures. Un décret du 23 septembre 1925 stipule que la confiture «est un produit constitué uniquement de sucre raffiné ou cristallisé et de fruits frais ou conservés autrement que par dessiccation».
Ne confondons pas la confiture avec la marmelade qui est elle une purée, ce qui est encore différent de la gelée qui est le jus de fruit coagulé, et qui est encore différent de la compote qui elle est faite de fruits peu cuits et peu sucrés. L’homme a longtemps cherché les moyens de conserver les aliments en les séchant, les salant, les fumant, les mettant à l’abri de l’air ou en les cuisant. C’est Pline qui au 1er siècle de notre ère nous donne semble-t-il la première recette de confiture dans son œuvre l’ «Histoire naturelle». Au XVIème siècle Nostradamus écrivit «la manière de faire toutes les confitures liquides tant en sucre, miel qu’en vin cuit». L’âge d’or des confitures serait le XIX ème siècle, sans doute parce que, au moment où la vie rurale domine encore et époque où les vergers domestiques sont nombreux, le sucre devient un produit de consommation courante. Au XVII ème siècle Colbert avait favorisé l’implantation de raffineries dans les grands ports français, mais le sucre restait encore un «épice» d’un prix prohibitif. Ce n’est qu’au XIX ème siècle sous l’impulsion de Napoléon Premier que l’industrie de la betterave va se développer et bien vite concurrencer le sucre de canne favorisant ainsi le développement de la fabrique des confitures. Faire des confitures c’est renouer avec un art de vivre, une époque où l’on avait le temps de prendre son temps !

Ce temps qui fuit puisque dans le courant de ce mois les jours continuent de diminuer. D’où cette recommandation d’un dicton du Bourbonnais : «A la saint Leu, la lampe au cleu» et dans nos parlers du Midi : «Oou mes de setembre, lou caleu es a pendre». Lou caleu, vous le savez bien, c’est la lampe à huile. Saint Leu c’est le 1er septembre. Trois évêques ont porté ce nom, celui de Troyes mort en 478, celui de Soissons mort vers 535 et celui de Sens mort en 623. Les uns et les autres que l’on nomme «Leu» tirent leur nom d’une prononciation ancienne de «Loup» d’où de très nombreuses églises ou village qui en France portent l’un ou l’autre nom.
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Les jours diminuent au cours de ce mois d’une heure quarante-six minutes et ont une durée moyenne de douze heures trente minutes. Malgré ce raccourcissement de la durée du jour, le temps reste encore agréable et cette arrière saison est parfois plus belle que le printemps. «Septembre se nomme le mai de l’automne». «De mai, septembre a les teintes fines, souvent la tranquillité un peu brumeuse, les tiédeurs et les fraîcheurs mêlées, les matins trempés de rosée et les couchants où l’air tout entier prend la couleur de la chair de Fraise» écrit Henri Pourrat.
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Avec l’équinoxe du 22 septembre quelques signes nous annoncent les grands vents et les changements du temps. Par exemple : le soleil est ceint de plusieurs cercles sombres ; les hirondelles passent toutes du même côté des arbres où les moucherons se sont abrités ; le son des cloches lointaines arrive par saccades ; les forêts bruissent ; les oiseaux aquatiques s’ébattent sur les rivages. «Quel calme ! voici l’équinoxe. Le jour est plus jaune, la lumière a vieilli. Prends ton panier pour les vendanges, voici l’arrière saison. Sème les raves, empaille les cardons ; fais couler l’eau sur la fleur bleue, grasse et froide du chou-fleur ; l’air sent le céleri et le feu les fans de pommes de terre ; cueille la fraise des quatre saisons, le glaïeul, le fuchsia, la sauge, l’héliotrope. Hume la pêche. Assieds-toi sur le gazon râpé. Voici les coings et la citrouille. L’air prend un goût de fleur brouie» écrit cet autre écrivain auvergnat Alexandre Vialatte.
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La pleine lune sera le 4 septembre en lune montante. C’est plutôt signe de beau temps. La nouvelle lune se produira le 17. Je ne relève pas de concordance de plusieurs phénomènes lunaires pouvant faire prédire du mauvais temps pour ce mois-ci. Vénus, la pâle étoile du soir chantée par Alfred de Musset, reste visible que le matin quelques minutes avant le lever du soleil. Jupiter est toujours flamboyant dans le ciel de nos soirées et la majeure partie de la nuit.
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Au grand Gilbert Bécaud de conclure cette chronique avec cet extrait de sa belle chanson « C’est en septembre » :
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…« C'est en septembre
Quand les voiliers sont dévoilés
Et que la plage tremble sous l'ombre
D'un automne débronzé
C'est en septembre
Que l'on peut vivre pour de vrai

En été mon pays à moi
En été c'est n'importe quoi
Les caravanes le camping-gaz
Au grand soleil
La grande foire aux illusions
Les slips trop courts, les shorts trop longs
Les hollandaises et leurs melons
De Cavaillon

C'est en septembre
Quand l'été remet ses souliers
Et que la plage est comme un ventre
Que personne n'a touché
C'est en septembre
Que mon pays peut respirer…

C'est en septembre
Que je m'endors sous l'olivier
»

Bon mois de septembre. Addisias !





Jean Mignot au 31 du mois d’Août 2009

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