mercredi 16 septembre 2009

Congrès national des sous-mariniers : Dunkerquois sous les eaux

Sous la IIIe république, les moyens militaires de la France se réduisent alors que Britanniques et Allemands montent en puissance. Le port de Dunkerque devient aussi une base sous-marine…

« La Jeune Ecole ».
En 1886, le nouveau ministre de la Marine, le Vice-Amiral Aube, réforme la marine en suivant la théorie de "la jeune école". Pour lui, la guerre de course sera la règle car les flottes se neutraliseront mutuellement. A la place des frégates, les escadres comptent des torpilleurs, des sous-marins et des submersibles (des navires de surface qui ne plongent que pour le combat), réunis dans la «Défense Mobile». A Dunkerque, elle s’établit sur l’arrière-port à la caserne Ronarc’h, achevée en 1887 (et détruite en 1940). Pourtant, les moyens manquent pour être efficaces. Après la guerre de 1870, l’heure est à l’économie. Les navires ont un faible tonnage, tiennent souvent mal la mer et leur puissance de feu est faible. Les marins sont aussi à terre, notamment les artilleurs de l’importante batterie de 24 canons établie sur les dunes de Zuydcoote.


Le port de Dunkerque accueille de petits sous-marins comme le Ludion ou le Phoque, des navires de la classe Naïade que les marins surnomment vite classe «noyade», c’est dire si le périple en mer est rassurant ! Régulièrement, des torpilleurs submersibles sont affectés dans l’arrière-port. Les Dunkerquois viennent souvent voir les manœuvres d’accostage de ces longs navires effilés, dont le pont surmonte à peine l’eau, crachant de la fumée et de se dire que la place doit y être bien exigüe. Les Dunkerquois qui croisent les marins dans les rues et estaminets de la ville ne se doutent pas toujours de la vie rude de ces hommes qui, enfermés dans de véritables cercueils d’acier, sont soumis à autant de dangers venus de l’extérieur que dans leur propre navire et côtoient la mort qui peut frapper de façon insidieuse. Dans les navires, une touche de couleur les accompagne : des canaris en cage !

Non point que le chant de ces volatiles les distraient lors des marées (la sortie en mer) mais tout simplement parce que le canari est sensible aux gaz mortels qui peuvent se répandre. Mort, au fond de la cage, c’est le signal d’une remontée impérative et urgente pour renouveler l’air…

Branle-bas de combat !
Quand la guerre éclate en 1914, la flotte accueille de nouveaux navires. On met à contribution les canonnières cuirassées comme le Cocyte et l’on accueille une escadre de cuirassés, véritables forteresses flottantes. Les Alliés la rejoignent, notamment avec une escadre de monitors qui mène des patrouilles conjointes les navires français. Elles sont vitales : les sous-marins allemands d’Ostende font des ravages malgré le blocus que l’on impose aux ports belges occupés. La réplique est assez efficace mais il faut assumer une guerre totale où les bateaux civils ne sont pas épargnés. Les sous-mariniers dunkerquois s’engagent très vite dans un duel à mort avec leurs homologues germains qui sont à moins de cent kilomètres du port.


C’est que les menaces sont lâches et insidieuses : les Allemands répondent au blocus en mouillant des mines dans le détroit grâce à des sous-marins spécialisés qui mènent leur mission en plongée. Les charges posées sur le fond attendent de se libérer pour rejoindre la surface.

La Marine reste attachée à Dunkerque jusqu’à la défaite de 1940, remplacés cinq ans durant par les Allemands. Les sous-mariniers teutons marquent peu la ville. A la Libération, l’on ne trouve que quatre sous-marins de poche, des Seehund, prévus pour deux hommes, si petits que les torpilles sont attachées à la coque, et qui servaient au ravitaillement difficile de la Festung Dunkirchen commandée par l’Amiral Frisius. Réquisitionnés par la Marine, un ultime survivant a trouvé refuge au musée de Brest… La base sous-marine allemande étant inutilisable, les sous-mariniers dunkerquois ne s’y abriteront pas, ils se contenteront de sillonner les mers et leurs profondeurs, avec honneur et discipline, continuant de porter haut les couleurs de la cité de Jean Bart.

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