mercredi 30 septembre 2009

D'Octobre 2009

Octobre, de huitième à dixième mois selon que l’on regarde son étymologie ancienne ou sa place dans notre calendrier est le mois du bel automne, avant les brumes de novembre et l’hiver qui se prépare. Octobre va se dépouiller lentement après l’offrande d’un flamboyant bouquet d’arbres aux feuilles colorées de rouge et d’or et sombrer dans la grisaille avec des nuits de plus en plus précoces et de plus en plus fraîches, dans une atmosphère de mélancolie déjà amorcée en septembre, jusqu’au changement d’heure dans la nuit du 24 octobre ( TU + 1)qui va nous plonger dans la nuit que redoutaient tant nos ancêtres notamment les Celtes. Les jours diminuent d’une heure quarante sept minutes au cours du mois. Ils ont une durée moyenne de onze heures et cinquante et une minute dans la première semaine et de dix heures neuf minutes dans la dernière.

Octobre si bien chanté par les poètes, de Lamartine avec son célèbre : « Salut bois couronnés d’un reste de verdure… » à Francis Cabrel :

« Le vent fera craquer les branches
La brume viendra dans sa robe blanche
Y aura des feuilles partout
Couchées sur les cailloux
Octobre tiendra sa revanche

Le soleil sortira à peine
Nos corps se cacheront sous des bouts de laine
Perdue dans tes foulards
Tu croiseras le soir
Octobre endormi aux fontaines

Il y aura certainement,
Sur les tables en fer blanc
Quelques vases vides et qui traînent
Et des nuages pris aux antennes
»


Il faudra bien vite songer à se couvrir : «Oou mes d’octobre, qu’a ges de raoubo que n’en trobe» ou comme l’on dit en Vivarais : «Qui n’a pas de manteau en octobre, en fasse bientôt» ou encore : «En octobre, qui a perdu son manteau le recouvre» et aussi : «En octobre si tu es prudent, achète grains et vêtements» et enfin : «Vent d’octobre, la pelisse il faut que tu sortes». C’est plus que jamais le temps de se couvrir pour se protéger des changements de température pour ne pas prendre froid de façon à ne pas attraper la grippe.
Je tiens à faire remarquer à vous tous qui me lisez, que dans toutes les recommandations dont on bassine nos oreilles sur les risques de la grippe et sur les gestes simples à faire tous les jours, on ne nous dit pas que le point de départ des grippes c’est souvent d’avoir pris froid et d’avoir fragilisé notre organisme... ! Première des précautions élémentaires ?? non ? !

Octobre est un mois triste ou joyeux selon qu’il évoque le trépas de Charles le Chauve ( celui du célèbre Serment de Strasbourg et «chauve» parce qu’il se serait fait raser le crâne en signe de soumission à l’Église, et ce, malgré la coutume franque exigeant qu’un roi ait les cheveux longs) le 6 octobre 877, à Avrieux, toute petite commune de Savoie dans la Maurienne, connue parce que l’Office National d’Etude et de Recherche Spatiale (ONERA) dans sa fameuse soufflerie, grâce aux conduites forcées du barrage d’Aussois, y transforme l’eau en vent ( jusqu’à mach 12 !) – mais oui ! allez voir - ; ou le mariage de Victor Hugo le 12 octobre 1822, en l’église saint Sulpice à Paris, union qui ne devait durer qu’une dizaine d’années avant que notre grand poète ne devienne l’amant de Juliette Drouet, celle qui avait servi de modèle, dit-on, pour la statue de Nemausa, la muse de Nîmes sur l’esplanade de la ville, à la fontaine dite Pradier du sculpteur du même nom ; Octobre c’est encore le 18 octobre 1890, la pêche Melba, dessert créé à l’hôtel Savoy de Londres par le «roi des cuisiniers» Auguste Escoffier pour la cantatrice d’opéra australienne Nellie Melba qui habite l’hôtel. Il créera aussi la même année le Suprême de volaille Jeannette. Octobre c’est encore le 28 octobre 1909, le décès, au domicile de son beau-frère le peintre Odilon Redon, de Juliette Dodu, l’espionne française, héroïne de la guerre de 1870, première femme décorée de la Légion d’Honneur, un 25 octobre 1909. On peut voir sa statue, œuvre de la Duchesse d’Uzès, à Bièvres. C’est encore le souvenir de la naissance le 14 octobre 1859, à Saint Chamond, de François Claudius Koënigstein, «le Rocambole de l’Anarchisme», Ravachol du nom de sa mère ; ou les tristes journées d’octobre 1789, avec «le Boulanger, la Boulangère et le petit Mitron», qui furent une étape des plus importantes dans la chute de l’ancien régime. Un 1er octobre 1438, quatorze parisiens furent dévorés par des loups !

Mais ne cherchez pas ce qui s’est passé entre le 5 et le 10 octobre 1582. Il ne s’est rien passé ces jours-là, strictement rien. Ces dix jours n’ont jamais existé. En effet, après de longues discussions et d’interminables palabres mais aussi après de savants calculs, afin de rendre à l’équinoxe de printemps la date qui lui avait été fixée par le concile de Nicée en 325, une réforme du calendrier avait été entreprise à la demande du Pape Grégoire XIII, et il fut décidé, pour rattraper le décalage accumulé durant des siècles entre le rythme des saisons et le cycle du soleil, de supprimer dix jours de cette année là. C’est ce qui explique que bien des dictons anciens ont perdu leur signification première, comme ceux de la fête de Saint Luce ou Lucie le 13 décembre, qui est passé de la veille du solstice à 13 jours avant, ou encore ceux de la Saint Médard qui ayant fait un bon de dix jours ne coïncident plus du tout, avec une période de pluie. On relira utilement mes précédentes chroniques pour plus de précisions.

La lune d’octobre cette année, sera montante jusqu’au 9 du mois puis descendante du 9 au 22 et à nouveau montante à la fin du mois à partir du 25. La courbe de la lune sera à son périgée le 13 et à l’apogée le 25. Les nœuds lunaires, période toujours très délicate pour la végétation sont le 11 et le 25.
La pleine lune d’octobre sera le 4 et la nouvelle lune le 18. Ces étapes, qui sont, je le rappelle encore, des moments où l’on relève le plus de perturbations du temps, surtout quand il y a cumul des phénomènes, permettent de dire qu’il ne devrait pas se passer grand-chose en octobre cette année du point de vue du temps.
Ces jours correspondent aux dictons suivants :
Le 4 pour Saint François d’Assise «A la saint-François on sème, si l'on veut, et plus tôt même» C’est valable notamment pour les épinards et pour les laitues d’hiver
Le 9, pour la Saint Denis «S'il pleut à la saint-Denis, la rivière sort neuf fois de son lit» mais «Beau temps à la saint Denis l’hiver sera bientôt fini» il ne devrait pas y avoir de perturbations particulières, sauf peut-être quelques orages vers les Pyrénées alors qu’il vaudrait bien mieux du mauvais temps car nous avons besoin d’eau partout !
Le 13 pour la Saint Géraud d’Aurillac «Souvent à la saint Géraud nous arrive trois jours de beau» et on pourra ramasser les premières châtaignes «Pour la saint Géraud les châtaignes font le chaud». Originaires de Perse, les châtaigniers furent amenés par les Romains qui les acclimatèrent dans nos régions, notamment en Cévennes. Plus tard les moines prirent le relais et favorisèrent le développement des châtaigneraies. L’arbre à pain a longtemps été la nourriture de base dans les régions pauvres. Vous savez aussi qu’une charpente en bois de châtaignier n’attire pas les araignées.
A la saint Luc le 18, «Foou samenar mouie ou du , comme cette année nous serons en lune descendante, il vaudra mieux ne pas semer "A la saint Luc, ne sème plus, ou sème dru !". La nouvelle lune amènera sans doute un changement de temps autour de cette date : «A la Saint Luc c’est prouvé, l’hiver va nous arriver» ; et aussi «A la saint Luc la pluie du vallon, fait de la neige sur les monts».
Pour la saint Crépin, le 25, au moment où nous passerons en lune montante, on dit dans le Jura «A la saint Crépin, les mouches voient leur fin» et en Languedoc «A la saint Crépin, la pie monte au pin», c'est-à-dire fait ses provisions pour l’hiver.
A la fin de ce mois il vaudra mieux pour le vigneron que vendanges soient faites, car pour le 31, jour de Saint Urbain : «Ce qui reste à la vigne ne vaut rien» ou «Quand octobre prend sa fin, dans la cuve est le raisin». Aujourd’hui on vendange de plus en plus tôt et ce sera bientôt la course aux vins primeurs, c'est-à-dire à des vins encore non complètement vinifiés. Mais commerce oblige !
Le 31 de ce mois d’Octobre: «A la saint Quentin, la chaleur a sa fin».
Avec Anne Vanderlove chantons ce mois d’octobre :

« Les feuilles sèches craquent dans les rues
Le vent les fait danser, tourbillonner
Les longs jours d'octobre et leur farandole,
Les longs jours d'octobre sont revenus
»

Voici le moment des nuits plus longues, au coin du feu, et la nuit d’Halloween dont je vous entretiendrai, selon l’humeur du moment, le mois prochain. Brouillards d’octobre devraient céder à la pluie de novembre ce qui serait du plus grand bien : «Brouillards d’octobre, pluie de novembre, beaucoup de biens du ciel font descendre» ou «Brumes d’octobre, pluie de novembre, font ensemble un bon décembre»
En attendant, couvrez-vous, ne prenez pas froid. Attention à la grippe !

Addissias !
Jean Mignot le 30 septembre 2009

Bleu-Marine Dunkerque

Les retrouvailles sont toujours émouvantes, celles des anciens sous-mariniers ne font pas exception à la règle. Durant trois jours, les anciens compagnons d’armes de l’AGASM se sont retrouvés à Gravelines et Dunkerque pour le 58e congrès national de l’association.

Sous l’égide de Jean Bart
La plupart d’entre eux ont revêtu la tenue bleue, passé les gants blancs et, accompagnés de leurs épouses, convergent immédiatement au pied de la statue de Jean Bart. Campé sur son socle, il pouvait observer ces hommes de tous âges et de tous grades se presser autour de leurs nombreux porte-drapeaux. Bonne humeur, accolades, plaisanteries… Pas de doute, on n’assiste pas à la réunion d’une quelconque association mais à moment en famille. C’est que la communauté des sous-mariniers est particulière, soudée par la durée des « marées » et la promiscuité dans les bâtiments, renforcée par les dangers des métiers des armes comme de la mer.


Sous les voûtes de Saint-Eloi
Formant une haie d’honneur aux portes de la « cathédrale des sables », drapeaux présentés de part et d’autre de la porte, les sous-mariniers accueillent l’Amiral Forissier, chef d’état-major de la Marine, venu spécialement de Paris à titre amical, accompagné du Capitaine de Frégate Leprince, commandant la Marine à Dunkerque. Entre autres ancien commandant de sous-marins nucléaires, l’Amiral connaît mieux qui quiconque l’esprit-maison. L’église saint-Eloi résonne des cantiques chantés par la chorale La Jeune France alors que les drapeaux traversent la nef pour prendre place dans le chœur, déjà sur les bas-côtés se trouvent déjà les membres des Corsaires Dunkerquois et des jeunes marins Dunkerquois, impeccablement alignés dans leur uniforme. Moment de recueillement que cette messe mais aussi d’émotion quand vint le moment de la bénédiction d’un nouveau drapeau.


Les marins sont gens de tradition, de mémoire aussi. En sortant de l’église, l’Amiral Forissier, le CF Leprince, Yvon Guigand, président de la section Doris rejoignent les autres officiers supérieurs accompagnés de Philippe Waghemacker, maire-adjoint aux affaires militaires pour un ultime hommage devant le cénotaphe. Les gerbes déposées, l’hymne national chanté par la Jeune France, c’est vers la mairie, menés par quatre joueurs de doeldelzack que les sous-mariniers sont partis avec un autre programme : discours et verre amical avant de se restaurer et de partir découvrir la Coupole d’Helfaut. Le travail n’est pas terminé pour autant. Le lendemain, il faut encore se réunir avant de se promettre de se revoir au congrès de l’année prochaine.

mardi 29 septembre 2009

la section DORIS de l'AGASM


cheville ouvrière du 58e congrès national des Anciens Sous-mariniers à Dunkerque .

Tradition oblige


Pas de Bagad à Dunkerque... Mais des sonneurs de Doedelzack qui ouvrent le défilé des anciens sous-mariniers venus trois jours durant tenir leur 58e congrès national sur la côte dunkerquoise.

Rassemblés

Rassemblés autour de l'Amiral Forissier, chef d'Etat-major de la Marine, les autorités civiles et militaires offrent le salut des marins et autres soldats aux morts de toutes nos guerres.

pour le souvenir des compagnons d'armes et des prédécesseurs


et ne restent que quelques gerbes en souvenir des disparus


patriotique souvenir


aux morts !


insignes vexillaires


Les couleurs nationales, portant emblemes des sous-mariniers et autres marins, rassemblées autour du cénotaphe du beffroi de Saint-Eloi, sont autant de points de ralliements.

quand la lumière joue...


... et s'amuse à passer au travers des vitraux du choeur de saint-Eloi, la quiétude envahit les lieux.

vagues

Telles une vague, les grandes orgues semblent rappeller que le surnom de l'église Saint-Eloi est la "cathédrale des sables"

au dessus des fidèles

Et l'organiste de saint-Eloi de vivre heureux en vivant caché...

musique céleste


Les grandes orgues de Saint-Eloi de Dunkerque s'offrent d'emplir toute l'église de leurs chants.

grandes orgues


Cachées au public car haut perchées, les grandes orgues offrent au regard la complexité de leur construction.

foi et tradition


Moment rare et sacré, la bénédiction d'un nouveau drapeau des Anciens Sous-mariniers.

salut respectueux

Au moment de l'Eucharistie, les drapeaux des sous-mariniers s'inclinent, exprimant la foi des marins

piété et émotion

Alors que les chants montent vers les voûtes de Saint-Eloi, piété et émotion se ressentent au moment de la messe des sous-mariniers.

affliction


Le regard du captif, enchaîné au tronc du rachat des esclaves, vaut tous les discours sur les privations de liberté...

samedi 26 septembre 2009

Les Pays-Bas Français : une Histoire décomposée

Parler de l’histoire des Pays-Bas Français tient de la gageure. Les livres sont nombreux, les ouvrages savants emplissent des bibliothèques complètes, les recueils de cartes sont pléthore mais pour le grand public, qu’en est-il exactement ?

Bien peu en fait !

Car, comme pour toute chose, tout commence à l’école. Au cours des apprentissages dans le premier cycle, ce que nous appelions encore il y a quelques années l’Ecole Elémentaire, l’enfant découvre son environnement immédiat : le quartier de l’école, la commune, puis lentement, au cours des cinq années, appréhende les grandes lignes de l’histoire française…



Au collège, première partie du cycle secondaire, il découvre les grandes périodes de l’Histoire, reçoit une approche géographique générale en 6e, puis étudie les grandes régions du globe, voit l’Europe, puis termine le collège par des approches mondiales… et recommence au lycée… mais d’histoire de sa région : Rien !

C’est que le postulat développé en France est simple, voire simpliste. Il découle d’une volonté politique… et de deux constats.

Que dire de la volonté politique ?

La Constitution française affirme que la République est « une et indivisible ». Aussi, la part des études régionales ne peut avoir lieu d’être. On envisageait il y a une centaine d’années l’histoire de France au travers de ses grands personnages, il y a une soixantaine d’années par l’évocation de ses batailles et si possible de ses victoires, puis, depuis une bonne quarantaine d’années, grâce à l’influence de l’Ecole des Annales menée par feu Marc Bloch, par l’action des groupes sociaux et les phénomènes économiques, occultant souvent les impulsions données par les grands commis de l’Etat.

L’Histoire est affaire d’interprétations et de volonté politique.

Il faut donc envisager la réalité française comme l’agrégation de provinces qui, une fois unies, se fondent dans un tout qu’est la Nation et qui, conformément à la pensée de Fustel de Coulanges ou d’Ernest Renan, se reconnaît dans la volonté impérieuse de former une communauté se retrouvant dans les mêmes valeurs. De là naît le modèle d’intégration à la française : pas de communautarisme, pas de langue autre que le Français et adoption d’un mode de vie commun.

Mais, après tout, « quand on va à Rome, on vit comme les Romains »…

Or, ce qui vaut pour l’histoire existe déjà pour les langues avec l’adoption de la Charte européenne des langues régionales dans la réforme constitutionnelle vient mettre à mal ce principe avec toutefois des questions légitimes : quelles langues auront l’honneur d’être représentées, seront elles enseignées et enfin : où, comment et par qui ?

Il faut bien en convenir : faut-il enseigner le Flamand ou le Néerlandais, le Flamand parlé en France ou celui qui a été réformé en Belgique, quel Flamand dialectal privilégier ?

Et puis, si l’on respecte les frontières linguistiques : enseignera-t-on le Flamand seulement au Nord de la Lys mais au sud de cette dernière, sera-ce le Rouchi ou le Picard qui sévira dans les classes ?

Autrement dit, le législateur suscite plus d’interrogations qu’il n’apporte de réponses, réponses qui seront différentes selon qu’elles viendront des puristes, des linguistes ou des « folkloristes ».

Aussi, l’histoire des provinces avant l’entrée dans le royaume, puis dans la République ne peut être à l’ordre du jour car, ainsi, elle apporterait ipso facto, une approche selon laquelle ces provinces avaient leur vie, leur langue (notamment le cas en Flandre), leurs lois et coutumes… Puisque la Nation est une et indivisible, que cette unité est garante de stabilité (ce que l’on ne peut nier dans le cas français), il importe donc de n’étudier que celle-ci.

Ajoutons cependant à la décharge de la France que nous sommes dans un état-nation, enfanté par la monarchie absolue, baptisé par l’Empire et adoubé par la République ! Certains Anciens se rappellent certainement des écriteaux : « interdit de cracher et de parler Flamand » !

Le second problème tient à un constat : le manque de temps pour finir les programmes est souvent invoqué à chaque fin d’année, aussi souvent les enseignants ont l’impression d’opérer un véritable saupoudrage puisqu’il importe de finir en heure et en temps. Il n’est donc nullement question de dépasser le programme pour s’autoriser une approche plus régionale. Et quand je dis régionale, je pense notamment à une étude plus ciblée du Nord-Pas-de-Calais sans même arriver à une évocation de la Belgique limitrophe… On est donc encore loin des Pays-Bas Français.

Second constat mais pas des moindres, l’origine des enseignants. Si en France, les Professeurs des Ecoles sont nommés dans l’Académie où ils passent leur concours, il n’en est pas de même pour les professeurs du Second degré.

Ainsi « atterrissent » au Nord de la France moult candidats exogènes. Qui, peut-on les en blâmer, ont en tête de nombreux clichés sur la région et méconnaissent l’intégration tardive au Royaume de France puisque nos Pays-Bas ont été conquis par Louis XIV. Nous ne sommes français que depuis presque 350 ans, c’est somme toute assez peu au regard de l’Histoire de Flandre, que l’on nous en pardonne !

Or donc, ces professeurs issus de régions souvent lointaines, ont l’impression que l’histoire des Pays-Bas Français ne commence qu’au moment de la Révolution Industrielle. Nous fumes bastion de cette mutation profonde, certaines villes comme Lille ou Douai l’avaient même précédé en privilégiant les premiers ateliers urbains. Les transformations des deux premières révolutions industrielles ont occasionné maints bouleversements. De fait, par l’appel à une main d’œuvre qui manquait, elles ont aussi provoqué de nombreux courants migratoires assez durables, notamment depuis la Belgique proche.


La quasi-totalité des migrants fit souche, et modèle d’intégration français oblige, a oublié ses racines en peu de générations. Pour les Flamands installés à Lille et sa région à cause de la crise du textile belge, ne restent plus que les patronymes et quelques mots survivants dans le langage courant. De Belges, on les définissait comme Flamands. Une fois Français, le souvenir des origines s’estompent. Un exemple ? Ma famille maternelle est de Flandre belge mais personne n’est capable de me dire de quelle commune du littoral est issu mon propre arrière-grand-père : Ostende ou Nieuport ?

Car, il faut en convenir, malgré le film « Bienvenue chez les ch’tis » - avec une belle licence dramatique, Bergues est Flamande) - on ne se lasse pas des clichés et autres poncifs sur la région, sa population donc son histoire.

Comment demander d’enseigner spécifiquement l’histoire des Pays-Bas Français dans de telles conditions à des personnes qui, la plupart du temps, en ignorent tout ?
Certes, l’on rétorquera que ce n’est question de préparation et d’étude mais il faut avouer que la plupart découvriront cela en même temps que leurs élèves. Et de s’apercevoir que les terrils et les corons ne couvrent pas toute la région, que certaines villes étaient tournées vers l’Islande et ses morues, que les paysans flamands de l’intérieur étaient assez riches pour mettre du beurre sur leur pain alors que dans d’autres régions, on se contentait de fèves !

Aussi doit-on actuellement se contenter de quelques saupoudrages de part et d’autre des programmes. Ce n’est pas enseigner l’histoire, c’est picorer !

Côté belge, la situation politique actuelle ne plaide pas en faveur d’un enseignement de l’histoire des Pays-Bas Français. Le repli communautaire nettement sensible fragilise l’ouverture vers l’extérieur. Les progrès d’une certaine droite extrême tendent à isoler la Flandre. Ceci est d’autant plus net que la Belgique est un état fédéral. Difficile dans le cas d’un état construit de façon artificielle de reconnaître que, de l’autre côté de la frontière, il y ait une communauté d’esprit, un patrimoine commun même si l’on célèbre presque partout Van Artvelde. D’ailleurs, la commémoration de la bataille des éperons d’or, chaque année à Courtrai, est un des ciments de la communauté (tout comme le pèlerinage de l’Yser) mais qui exclut les cousins de France qui, à l’évidence, sont plus Français que Flamands alors que leurs ancêtres étaient au milieu des milices à se battre contre la fine fleur de la chevalerie française.

Une telle reconnaissance serait à l’évidence plus facile à obtenir en Wallonie car le rattachisme, qui propose l’intégration à la France, gagne de plus en plus de terrain face aux disputes avec les Flamingants.

De part et d’autre, des carences nombreuses.

Combien d’habitants du Nord de la France savent que la Flandre est à l’origine cette petite bande côtière coincée entre Bruges et l’Yser ? Que les Flamands ont possédé l’Artois, le Ternois, etc. … La liste est longue, ne nous y attardons pas… D’ailleurs, combien savent les innovations que l’on doit à la circulation des hommes, des biens comme des idées avant que les frontières ne viennent séparer les familles ? N’était-ce pas là, d’ailleurs, la principale crainte des négociants lillois lors de la conquête de la Flandre par Louis XIV en 1667 ?

L’intégration au royaume a donc parfaitement fonctionné. Les frontières imposées par la guerre de Dévolution n’ont quasiment pas été remises en cause par la Paix d’Utrecht, ni par les guerres suivantes. Nul n’a remis en question ce partage artificiel, pas même la naissance de la Belgique en 1830 ! Malheureusement, il faut aussi le dire, le seul effacement de la frontière ne se fit que durant une période noire. Les Pays-bas Français occupés par l’Allemagne entre 1940 et 1945 étaient zone interdite rattachée non à Paris mais au commandement à Bruxelles ! Difficile de faire l’impasse sur un souvenir aussi douloureux.

Autre lacune – et non des moindres – est l’absence de littérature commune aux Pays-Bas Français. Si les universitaires ont parfaitement compris l’unicité des Pays-Bas Français et de la Grande Flandre, les ouvrages de vulgarisation manquent. Or, c’est des attentes du grand public que viennent les interrogations des concepteurs de programmes scolaires qui se targuent, avec souvent « un train de retard » de coller aux désirs de la population. On l’a vu en France avec le faux problème de l’Education Civique ou de l’enseignement du fait religieux.

Ainsi, le manque de sources aisément accessibles au plus grand nombre provoque une méconnaissance générale du problème. Dans la plupart des ouvrages, l’on s’arrête aux frontières actuelles… ce qui ne manque de frustrer le lecteur.



Et dans l’avenir ?

Peut-on espérer que l’histoire des Pays-Bas Français soit enseignée en France comme en Belgique ?

La question est et reste dangereuse car il faudrait alors passer par quelques réformes qui entameraient l’unité nationale et la conception de l’Etat.

La première piste serait un effacement total de l’Etat au profit de l’Europe. Sachant qu’en France, plus de 70 % des lois et règlements émanent de l’Union Européenne, avec les difficultés que l’on sait, il serait difficile d’envisager un programme commun à tous les membres. Les horaires n’étant pas extensibles à l’envie, non seulement l’on ne pourrait évoquer l’histoire régionale mais l’on ne pourrait plus aborder l’histoire nationale, diluée qu’elle serait dans celles des partenaires.
D’ailleurs, certains manuels ont été rédigés et l’on a vu disparaître certains personnages de référence tels Jeanne d’Arc.
Comment traiter par exemple des deux Guerres mondiales en conciliant les visions française et allemande ?
Comment parler de Napoléon, personnage déjà controversé en France, honni en Allemagne comme au Royaume-Uni ?

Une autre voie à explorer serait alors la régionalisation. Ceci reviendrait à dissoudre l’Etat jacobin au profit d’une régionalisation plus poussée que ne le prévoit la loi de mars 1982. L’Etat français y travaille avec la majorité actuelle mais, il faut en convenir, sans nécessairement opérer les transferts financiers nécessaires. Or, l’abandon des prérogatives régaliennes sur l’enseignement et l’éducation, à l’image de l’Allemagne fédérale, produirait ipso facto des inégalités terribles. Le Nord-Pas-de-Calais n’est pas une région aussi riche que d’aucuns voudraient le croire, l’enseignement pourrait a fortiori faire les frais d’une telle réforme tant les besoins des programmes sociaux et d’équipement sont criants… L’on pourrait néanmoins envisager la définition de programmes interrégionaux à l’image de ce qui se pratique pour les subventions dans le cadre des procédures Interreg, quitte à procéder à des échanges d’enseignants.

Finalement, la seule possibilité réaliste réside dans la création d’un enseignement optionnel sur l’histoire des Pays-Bas Français, en recourrant à des enseignants qualifiés si ce n’est intéressés et volontaires, permettant – comme pour les langues « rares » - de n’attirer qu’un public motivé et non contraint.

En définitive, dans une telle optique, c’est la volonté politique qui fait cruellement défaut car peu d’élus sont véritablement conscients de l’identité flamande. Rares sont les Jean Delobel et autres Jean-Pierre Decool qui savent combien le Flamand et sa culture comme son identité, sont indissociables du territoire, de la Flandre comme des Pays-Bas Français et qui savent qu’il faut transcender les frontières… Reste à convaincre les autres….


François Hanscotte
A Bailleul et Dunkerque, septembre 2008

in KFV - Mededelingen, jaarnummer 2009 - 37e Jaargang

vzw KFV-MEDEDELINGEN? PP 32-36

promenade avec La Fontaine à Esquelbecq


Les journées du Poilu du Fort de Seclin 2009


Information pratique :
Tarif : - Adulte 6€ - Enfant 4€
Horaire : - Samedi de 14 à 18h- Dimanche de 14h à 17h
Rata du Poilu sur réservation Dimanche midi. 20€ - Entrée Offerte.
Fort de Seclin - 59113 Seclin : 03 20 97 14 18 -

curieuse rencontre


Exposé en plein centre ville, les courbes inoxidables de l'hydroglisseur de Panamarenko heurtent les lignes épurées de briques et d'albe pierre de l'Hôtel de Ville de Cordonnier.

OVNI à Dunkerque


Et le monumental Scotch Gambit trône au centre de la place de la mairie de Dunkerque

Grimper au mat


Nettement plus facile aujourd'hui de monter dans les vergues avec une nacelles... Décidément, les gabiers ne sont plus ce qu'ils étaient !

mercredi 23 septembre 2009

Congrès national AGASM : In Memoriam - la fin tragique de la DORIS

Le dernier week-end de septembre, les sous-mariniers de l’AGASM tiennent leur congrès national sur le littoral. La section DORIS des sous-mariniers de Flandre-Artois en sont la cheville ouvrière. Fidèles aux traditions de la Marine, ses membres ont choisi un parrainage prestigieux.
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Coulée par le sous-marin U9 la veille de l’entrée des Allemands aux Pays-Bas, la DORIS repose à faible profondeur face à Den Helder, sur la côte des Pays-Bas. Lancée le 25 novembre 1927, construit aux Forges et Chantiers de la Gironde sous la dénomination Q135, la DORIS est un navire de 600 tonnes du type Circé. Les événements du début de l’année 1940 l’obligent à changer de port d’attache. Comme de nombreux sous-marins de la Royale, le sous-marin est affecté au port anglais d’Harwich pour patrouiller de conserve avec d’autres navires français et britanniques. En février, alors qu’il quittait Toulon pour Bizerte, ordre est donné de rallier Brest pour ravitailler et effectuer quelques réparations puis rejoint son port anglais.
Les conditions sont difficiles : pas de casernement à terre, les hommes restent à bord et travaillent durement pour que le navire soit pleinement opérationnel. D’autant plus que les patrouilles sont éprouvantes : il faut naviguer en plongée le jour pour se cacher des patrouilles aériennes allemandes, opérer en surface la nuit pour éviter les méprises et surtout recharger les batteries. C’est que l’on se bouscule dans les eaux froides de la Mer du Nord. Cinq marines différentes sillonnent les eaux entre Pays-Bas et Grande-Bretagne dont les bateaux bataves… Or les Pays-Bas sont neutres ! Il faut identifier formellement toute cible potentielle avant d’attaquer, réduisant ainsi pratiquement à néant un possible effet de surprise !

Une fin dramatique

La nuit du 8 mai 1940, les marins de l’AMAZONE décrivent une immense boule de feu accompagnée de trois à quatre déflagrations. Le lendemain, les troupes allemandes violent la neutralité des Pays-Bas, leur radio en profite pour annoncer la destruction d’un sous-marin Allié. Nul ne sait si la DORIS a vu son adversaire mais le rapport de l’U9 mentionne un affrontement rapide. Sa torpille fait mouche, touchant vraisemblablement la soute à gasoil extérieure bâbord. La DORIS sombre avec ses quarante hommes dont son commandant le Capitaine de Corvette Jean Favreul et un officier de liaison anglais. Sa perte confirmée, la DORIS est citée le 12 juin à l’ordre du groupe sous-marin.



L’esprit de la Doris perdure au travers des navires qui portent ensuite son nom : un sous-marin prêté par la flotte anglaise de 1944 à 1947 puis par un submersible de type Daphné à partir de 1960, qui est désarmé en 1994. Une plaque apposée sur le monument de la 12e Division d’Infanterie Motorisée érigé sur la digue de Bray-Dunes rappelle aux passants la tragédie des marins français. L’histoire se terminerait plus tristement encore si en décembre 2003, deux plongeurs néerlandais, Ton van Leeuwen et Hans van der Sluijs n’avaient fortuitement découvert l’épave, permettant aux familles de faire finalement leur deuil.

Pour tout savoir sur les sous-marins… et les sous-mariniers d’ici : http://www.sous-mama.org/

mardi 22 septembre 2009

finalement...


c'est bien aussi de prendre son temps pour redécouvrir nos villes ...

samedi 19 septembre 2009

en traînant sur les pistes


le guardien de Koksijde

Un vieil hunter continue de garder l'entrée de l'ancienne école de l'Armée de l'air belge établie sur la base de Koksijde, offrant un dépaysement certain par le charme anglais des batiments et les lignes gracieuses d'un vénérable chasseur.

souvenirs portuaires

Les pecheurs désormais ont deserté le chenal de l'Aa... ne reste plus que les souvenirs des anciens qui entendent encore le vent claquer dans les voiles.

visite à Dunkerque

cliché inédit jusque maintenant, la plage de Dunkerque fait l'objet de l'attention des troupes allemandes en permission, constatant le desastre infligé aux Alliés, viennent savourer leur victoire.

Patrimoine : Les Archives jettent un regard neuf sur la Reconstruction de Dunkerque

Le 4 septembre 1949, place Jean-Bart, la foule se presse pour la pose de la première pierre de la Reconstruction. Un chantier d'une ampleur gigantesque dans une ville détruite qui prendra près de trois décennies. En ce week-end de journées du patrimoine, les Archives de Dunkerque jettent, le temps d'une exposition, un oeil neuf sur les différentes étapes de cette reconstruction souvent décriée.


PAR OLIVIER TARTART

Septembre 1945. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Dunkerque est un «no man's land». Sur 3 362 immeubles, 1 524 ont été détruits, 805 très endommagés. De la gare, on aperçoit le Leughenaer... Créé en 1944, le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme prend en charge l'aménagement d'une cité dont la destinée est confiée à Théodore Leveau, urbaniste en chef, et Jean Niermans, architecte en chef.

Il s'agit de reconstruire le plus rapidement possible Dunkerque et son port (lire ci-dessous). Les propriétaires sinistrés voient vite les dommages de guerre obtenus convertis en m² constructibles, sous régime de copropriété, dans l'un ou l'autre des nouveaux immeubles.

Si la première pierre est posée place Jean-Bart, c'est bien l'îlot de Sainte-Barbe sud qui sort de terre le premier. Avec une architecture tranchant avec l'habitat traditionnel d'avant-guerre, ce qui n'est pas sans choquer, déjà, quelques Dunkerquois, peu familiarisés avec l'habitat collectif. On remembre pour créer des îlots dans un Dunkerque qui gagne nettement en salubrité. Les immeubles sont révolutionnaires d'un point de vue architectural : toits terrasses, porches ornés de sculptures, le tout pimenté d'écrins de verdure en coeur d'îlot.

L'aménagement intérieur des nouveaux logements, novateur, propose alors un confort inédit : l'orientation des bâtiments est primordiale, avec des pièces à vivre baignées par le soleil car orientées au sud-ouest tandis que les pièces de services sont de l'autre côté. Fait rare, Leveau et Niermans ont devant eux une page quasi vierge. Dunkerque devient un laboratoire d'expérimentations. Son réseau de voiries, peu modifié, fait la part belle à l'automobile.

Îlot par îlot, Dunkerque prend le visage qu'on lui connaît aujourd'hui : îlots rouges, îlots bleus et immeubles Carnot et Sainte-Barbe voisinent avec théâtre, gare, Musée des beaux-arts, caserne des pompiers. Quarante ans après leur construction et un plan d'urbanisme stoppé à la fin des années 60 avant son achèvement, le problème de l'entretien des immeubles de cette Reconstruction se pose avec acuité pour préserver ce patrimoine sans transformer la ville en musée. Alors, comment révéler aux Dunkerquois la beauté particulière de cette architecture si décrié et pourtant si quotidienne ? Poser son regard à l'exposition des Archives est un bon début.
* * *
La priorité d'après-guerre : relever le port

1945 : comme la ville, le port est en ruines. En dix ans, les Dunkerquois vont reconstruire cet outil dont ils sont très fiers. Avant de le voir voguer vers le «Far-West»...
Écluses, jetées, môles quais, entrepôts, routes, voies ferrées... tout est à reconstruire quand Dunkerque est enfin libérée. La Seconde Guerre mondiale n'a pas été tendre avec le port dunkerquois, fierté des Dunkerquois, qui employait, avant le conflit, plus de 22 000 personnes.


Alors, les Dunkerquois se retroussent les manches. Comme un symbole, dès 1949, les pétroliers Saône et Seine sont livrés, après avoir passé la guerre dans les cales des chantiers navals et avoir été victimes de sabotage.

Les hangars et entrepôts sont reconstruits, le port se dote de nouveaux équipements. Sur le môle 1, seul l'un des deux entrepôts des sucres est remis en état (l'actuelle halle aux sucres), un chai à vins le rejoint. De nouvelles infrastructures de transit sont édifiées : gare maritime, entrepôt frigorifique et le hangar Léon-Herbart, impressionnant système de voûtes paraboliques en béton, récemment démoli par le Grand Port Maritime. Hangar fruits et primeurs et silos à grains poussent sur les darses : en une bonne décennie, le port est fin prêt avec ses 8,3 millions de tonnes, chiffre prometteur atteint en 1960.

Plus que jamais, il rêve de grandeur, de « Far-West » : la sidérurgie sur l'eau débarque sur le versant ouest du littoral dunkerquois. Le port ouest n'en est qu'à ses premiers babils.
• O. T.
in LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque, 19 septembre 2009

mercredi 16 septembre 2009

Congrès national des sous-mariniers : Dunkerquois sous les eaux

Sous la IIIe république, les moyens militaires de la France se réduisent alors que Britanniques et Allemands montent en puissance. Le port de Dunkerque devient aussi une base sous-marine…

« La Jeune Ecole ».
En 1886, le nouveau ministre de la Marine, le Vice-Amiral Aube, réforme la marine en suivant la théorie de "la jeune école". Pour lui, la guerre de course sera la règle car les flottes se neutraliseront mutuellement. A la place des frégates, les escadres comptent des torpilleurs, des sous-marins et des submersibles (des navires de surface qui ne plongent que pour le combat), réunis dans la «Défense Mobile». A Dunkerque, elle s’établit sur l’arrière-port à la caserne Ronarc’h, achevée en 1887 (et détruite en 1940). Pourtant, les moyens manquent pour être efficaces. Après la guerre de 1870, l’heure est à l’économie. Les navires ont un faible tonnage, tiennent souvent mal la mer et leur puissance de feu est faible. Les marins sont aussi à terre, notamment les artilleurs de l’importante batterie de 24 canons établie sur les dunes de Zuydcoote.


Le port de Dunkerque accueille de petits sous-marins comme le Ludion ou le Phoque, des navires de la classe Naïade que les marins surnomment vite classe «noyade», c’est dire si le périple en mer est rassurant ! Régulièrement, des torpilleurs submersibles sont affectés dans l’arrière-port. Les Dunkerquois viennent souvent voir les manœuvres d’accostage de ces longs navires effilés, dont le pont surmonte à peine l’eau, crachant de la fumée et de se dire que la place doit y être bien exigüe. Les Dunkerquois qui croisent les marins dans les rues et estaminets de la ville ne se doutent pas toujours de la vie rude de ces hommes qui, enfermés dans de véritables cercueils d’acier, sont soumis à autant de dangers venus de l’extérieur que dans leur propre navire et côtoient la mort qui peut frapper de façon insidieuse. Dans les navires, une touche de couleur les accompagne : des canaris en cage !

Non point que le chant de ces volatiles les distraient lors des marées (la sortie en mer) mais tout simplement parce que le canari est sensible aux gaz mortels qui peuvent se répandre. Mort, au fond de la cage, c’est le signal d’une remontée impérative et urgente pour renouveler l’air…

Branle-bas de combat !
Quand la guerre éclate en 1914, la flotte accueille de nouveaux navires. On met à contribution les canonnières cuirassées comme le Cocyte et l’on accueille une escadre de cuirassés, véritables forteresses flottantes. Les Alliés la rejoignent, notamment avec une escadre de monitors qui mène des patrouilles conjointes les navires français. Elles sont vitales : les sous-marins allemands d’Ostende font des ravages malgré le blocus que l’on impose aux ports belges occupés. La réplique est assez efficace mais il faut assumer une guerre totale où les bateaux civils ne sont pas épargnés. Les sous-mariniers dunkerquois s’engagent très vite dans un duel à mort avec leurs homologues germains qui sont à moins de cent kilomètres du port.


C’est que les menaces sont lâches et insidieuses : les Allemands répondent au blocus en mouillant des mines dans le détroit grâce à des sous-marins spécialisés qui mènent leur mission en plongée. Les charges posées sur le fond attendent de se libérer pour rejoindre la surface.

La Marine reste attachée à Dunkerque jusqu’à la défaite de 1940, remplacés cinq ans durant par les Allemands. Les sous-mariniers teutons marquent peu la ville. A la Libération, l’on ne trouve que quatre sous-marins de poche, des Seehund, prévus pour deux hommes, si petits que les torpilles sont attachées à la coque, et qui servaient au ravitaillement difficile de la Festung Dunkirchen commandée par l’Amiral Frisius. Réquisitionnés par la Marine, un ultime survivant a trouvé refuge au musée de Brest… La base sous-marine allemande étant inutilisable, les sous-mariniers dunkerquois ne s’y abriteront pas, ils se contenteront de sillonner les mers et leurs profondeurs, avec honneur et discipline, continuant de porter haut les couleurs de la cité de Jean Bart.

souvenir de mer


souvenirs de guerre

L'aventurier et le carquois en 1916 au port de Dunkerque

souvenirs militaires


Tourville à nouveau nominée aux Oscars de l'Initiative de la BPN 2009


Bonjour,

J'ai le plaisir de vous informer que l'Association Tourville, qui porte le plus grand projet du patrimoine maritime français avec la construction du vaisseau du 17ème siècle "Le Jean Bart" à Gravelines vient d'être nominée pour la seconde fois pour participer au grand prix du jury des Oscars de la Banque Populaire du Nord.
L'an dernier vous avez été très nombreux à voter pour nous lors des Oscars de l'initiative de l'année 2008. Malgré votre forte mobilisation, nous n'avons pas réussi à emporter le grand prix du jury, il s'en est surement fallu de peu.

Ayant la chance d'être à nouveau sélectionné cette année avec 5 autres projets sur 200 dossiers présentés, nous devons nous mobiliser au maximum pour réussir cette fois à emporter le grand prix de 6000 € qui nous sera des plus utiles pour maintenir nos emplois sur le chantier Tourville compte tenu de la crise économique actuelle.

Je vous invite à contacter tous les membres de vos familles, vos amis, vos collègues de travail et autres réseaux (facebook, associations etc...) afin de les convaincre de se rendre sur le site de la Banque populaire du Nord et de voter pour l'Association Tourville.

Pour vous faciliter la tâche, vous trouverez ci après deux liens qui vous permettront d'accéder directement à la page de présentation des cinq projets sélectionnés ainsi qu'à celle permettant de voter pour nous sur le site de la Banque Populaire du Nord.
Cliquez sur le lien ci dessous pour l'accès direct au vote:
http://www.nord.banquepopulaire.fr/default.aspx?rubrique=formulaires&appel=societaires

Cliquez sur le lien ci dessous pour le détail des 6 lauréats puis pour le vote :

http://www.nord.banquepopulaire.fr/default.aspx?g=3&r=170&i=1870

Quelques secondes pour envoyer un mail à vos connaissances puis un simple clic pour voter peut nous permettre de financer plusieurs mois de travail sur le chantier Tourville.
Avant de monter à l'abordage des Oscars de l'initiative 2009 de la Banque Populaire, ayez en mémoire cette citation:

"Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer".

Je suis persuadé que nous pouvons faire mieux que l'an dernier
A vous de jouer, je compte sur vous
Christian Cardin
Président fondateur de l'Association

Fouilles de Fromelles : « Le choc, ce fut de voir les premiers corps les uns à côté des autres »

Les fosses communes sont à présent refermées. À Fromelles, à l'ouest de Lille, les archéologues ont finalement exhumé les restes de 250 soldats britanniques et australiens de la Grande Guerre. Combien seront identifiés ?

La morgue temporaire, dans l'un des baraquements. C'est ici qu'arrivent les corps exhumés. Les boîtes en plastique s'alignent sur des étagères. Une boîte, un corps. Plus précisément les os qui composent les squelettes de ces soldats britanniques et australiens, tombés dans les tranchées ennemies et enterrés par les troupes allemandes en juillet 1916. Deux cent cinquante boîtes, autant de combattants tués pour certains à des milliers de kilomètres de chez eux et qui auront enfin droit à une vraie sépulture.

Les fouilles du champ du Bois du Faisan sont terminées. Une dernière fois, les archéologues mandatés par la Commission des sépultures du Commonwealth (CWGC) ont retourné la terre de la fosse n° 5. La dernière des huit tombes communes dans lesquelles ils ont travaillé depuis mai.
«Le choc, ce fut de voir les premiers corps les uns à côté des autres, raconte Audrey Charvet, l'archéologue française de l'équipe d'Oxford Archæology, choisi par la CWGC pour le "Fromelles project". On s'est alors vraiment rendu compte de la boucherie que fut cette bataille.» Si le travail de terrain est achevé, l'équipe cosmopolite des chercheurs n'a pas quitté le «camp» hautement sécurisé installé dans le petit village des Weppes. Dans les baraquements, le travail d'étude des squelettes et des objets sortis des fosses va se poursuivre encore un bon mois.

L'Anglaise Caroline Barker se définit comme une anthropologue légale. À 41 ans, elle a déjà travaillé sur les charniers de Bosnie, du Guatemala, du Sri-Lanka ou du Timor. La CWGC a fait appel à cette experte indépendante pour diriger le groupe des études anthropologiques. «L'impact de cette bataille est très important pour les Australiens. Nous devons arriver à identifier le plus de corps possible.» Au-delà des prélèvements et des analyses d'ADN effectués sur tous les corps, l'expertise des ossements peut permettre d'en savoir plus sur les soldats tués. «Ce squelette montre plusieurs impacts de balle, détaille l'anthropologue Helen Webb devant sa table de travail où a été reconstitué le squelette entier du combattant qui porte pour l'heure le simple numéro G4 2372B. Il a été mitraillé sur le côté droit. Il était jeune, entre 17 et 20 ans

Un coeur en cuir
Dans une des boîtes, un sac plastique ne protège pas d'os... mais une paire de chaussures, retrouvées aux pieds d'un squelette. Ici aussi, un petit coeur en cuir renfermant une mèche de cheveux. Combien des deux cent cinquante corps exhumés pourront, au final, être identifiés ? David Richardson, le responsable du «Fromelles project» ne peut s'avancer aujourd'hui. «On estime que cela peut prendre de 2 à 3 ans pour comparer les ADN des soldats avec ceux des descendants qui se sont manifestés.» Dans un premier temps, les deux cent cinquante corps seront enterrés individuellement dans le nouveau cimetière de Fromelles, en février. «Durant cinq ans, nous pourrons remplacer l'épitaphe "Soldat inconnu" par le nom qu'on aura retrouvé.» •
JEAN-CHARLES GATINEAU
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 16 septembre 2009

jeudi 10 septembre 2009

deux bonnes nouvelles

Deux bonnes nouvelles et j'espere que ça ne s'arretera pas comme çà...

Histoires du Nord a depassé la barre des 250.000 pages téléchargées et j'ai obtenu mon Doctorat mention très honorable à la Sorbonne mardi 8 ...

Pourvu que ça dure...

L'Hôtel Scrive a de nouveau les pieds dans l'eau

Hier midi, le préfet de région Jean-Michel Bérard a symboliquement remis en eau le canal des Jésuites, dans le hall de la préfecture.

Le canal des Jésuites, couvert en 1713, a été remis au jour en 2004, lors des travaux précédant l'installation des services administratifs de la préfecture du Nord à l'hôtel de Scrive. Le site avait précédemment accueilli le collège des Jésuites et l'hôpital militaire.


Remis en eau en 2006, le fond du canal s'est avéré poreux, perdant jusqu'à 20 m³ d'eau par jour. Rendre étanche le fond du canal coûtant 200 000 E , le projet est resté dans les cartons jusqu'à cette année. Les travaux, coordonnés par le cabinet d'architectes Nathalie T'Kint, ont commencé en juin grâce au plan de relance gouvernemental.

Pièces d'origine
«Nous avons voulu préserver l'état d'origine du fond du canal, en colombages et pierre de Lezennes, explique l'architecte William Devaux. Mais nos recherches ont mis en évidence des zones creuses qui rendaient impossible l'étanchéification sans dépose.» Une dalle de béton a donc été coulée puis recouverte de résine. Les moellons et les bois ont ensuite été repositionnés. Les poutres, trop abîmées, ont été remplacées par des bois de la même époque.
Hier midi, après trois mois de travaux, le préfet Jean-Michel Bérard a symboliquement ouvert la vanne, rendant à la «pièce maîtresse» de sa préfecture son lustre d'antan. Le canal est désormais recouvert de 40 cm d'eau à 8° C, participant au confort l'été et empêchant la condensation sur les vitres. Les 19 et 20 septembre, les Journées du patrimoine seront l'occasion pour le public de se réapproprier le site.

RUBEN MULLER
in LA VOIX DU NORD, édition Lille, 10 septembre 2009

vendredi 4 septembre 2009

de septembre 2009

Le neuvième mois de notre calendrier, pourtant baptisé de septième à cause de Jules César et de la réforme qu’il avait fait mettre en place du calendrier qui porte son nom, marque bien la rentrée.
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«Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres, Adieu vive clarté de nos étés trop courts» Baudelaire ne se trompe pas. Les maisons d’été ferment leurs volets, les bateaux rejoignent leur port d’attache et les Parisiens se pressent sur les autoroutes en direction de la capitale.
Demain les joies estivales ne seront plus que d’agréables souvenirs. On pourra faire admirer notre teint bronzé mais, pour le reste du corps, halé au soleil, ce n’est que le miroir qui en aura la confidence.
Pourquoi avoir pris de tels risques pour notre peau, pour vite cacher tout cela sous les vestons et derrière les cravates... ! Le temps des vacances ne sera bientôt plus que de la nostalgie.
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Dans peu de temps la chute des feuilles. Bientôt les brumes de l’automne nimberont nos paysages et les arbres perdront leurs feuilles, perte accentués par la sécheresse de cet été. Des jours plus rigoureux nous attendent.
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La rentrée a comme chaque année un goût amer avec en plus la pandémie de grippe annoncée à grand renfort de presse et de spots publicitaires pour le grand bonheur des laboratoires. Il faut bien dire ça aussi ! Heureuse grippe qui nous oblige à retrouver les bons gestes élémentaires dont on avait perdu la saine habitude de les faire : se laver les mains avant de passer à table, mettre la main devant sa bouche quand on tousse.. et bien d’autres... !
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L’agitation quotidienne va reprendre au rythme de la marée de l’équinoxe qui ramène les tempêtes.
Rentrer c’est retrouver les siens, son quartier, son école, son collège, le bureau, les collègues de travail, des visages familiers. Septembre plus que janvier marque le réel commencement de l’année, le signe de la reprise, le re-départ des activités avec son cortège de bonnes intentions de promesses ou de catastrophe et de lendemains qui chantent plus ou moins juste, plus ou moins faux. Il suffit de voir le déroulement des «universités d’été» ou d’autres «grand-messes» du même genre tenues par nos partis politiques. On va voir ce qu’on va voir !
Septembre, au confluent des regrets et des promesses marque le début d’une année nouvelle.
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Après l’équinoxe du 22 septembre, la fête de Saint Michel, le 29 septembre, avait une grande importance dans le monde paysan. C’est presque partout à cette date que se tiennent de nombreuses foires. On peut dire sans exagération que l’année agricole avait pour «jour de l’an» le jour de la saint Michel. A cette date, la terre est franche d’obligations. Elle ne porte plus aucune récolte et n’a pas reçu encore de semences. Les labours eux-mêmes ne commencent que dans les derniers jours de septembre pour s’achever dans les premiers jours de novembre : «De la saint Michel à la Toussaint, laboure grand train
C’était le jour de la saint Michel que prenaient fin traditionnellement les baux de fermage, ou qu’ils étaient renouvelés. De même c’est à la saint Michel qu’étaient «débauchés» ou «embauchés» les commis de ferme et les autres personnels. Dès le 17 septembre, pour la saint Lambert les vieux dictons invitent à la prudence. Celui qui sans y être contraint, quittait alors sa place, courait grand risque de ne pas la retrouver : «Le jour de la saint Lambert, qui quitte sa place la perd !» C’est dans la deuxième quinzaine de septembre, en effet, que se préparaient, entre fermiers, ouvriers et commis, les engagements réciproques pour l’année agricole à venir.
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La saint Michel marque les derniers jours de chaleur : «A la saint Michel, la chaleur monte au ciel.». C’est le dernier délai pour le départ des hirondelles : «A la saint Michel, départ des hirondelles !»
Et si ces hirondelles se sont attardées jusqu’à cette date c’est parce qu’il peut faire encore très beau : «Quand l’hirondelle voit la saint Michel, L’hiver ne viendra qu’à Noël !»
Il est temps enfin d’espérer ces pluies d’automne que l’on redoute pourtant…et que de nombreux proverbes annoncent dès le début de ce mois : «Septembre emporte les ponts, ou tarit les fonts». Mais cette pluie est très attendue cette année : «Pluie de septembre joie du paysan» ou «En septembre pluie fine est bonne pour la vigne».
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Avec une première quinzaine encore estivale, et une deuxième quinzaine marquée par l’automne et les vendanges, septembre est d’abord «Fructidor» avant de devenir le «Vendémiaire» du calendrier républicain.
La période de fin d’été est favorable à la récolte des fruits «En septembre se coupe ce qui pend» ; ce qui fait dire que cette période est encore le temps des confitures. Un décret du 23 septembre 1925 stipule que la confiture «est un produit constitué uniquement de sucre raffiné ou cristallisé et de fruits frais ou conservés autrement que par dessiccation».
Ne confondons pas la confiture avec la marmelade qui est elle une purée, ce qui est encore différent de la gelée qui est le jus de fruit coagulé, et qui est encore différent de la compote qui elle est faite de fruits peu cuits et peu sucrés. L’homme a longtemps cherché les moyens de conserver les aliments en les séchant, les salant, les fumant, les mettant à l’abri de l’air ou en les cuisant. C’est Pline qui au 1er siècle de notre ère nous donne semble-t-il la première recette de confiture dans son œuvre l’ «Histoire naturelle». Au XVIème siècle Nostradamus écrivit «la manière de faire toutes les confitures liquides tant en sucre, miel qu’en vin cuit». L’âge d’or des confitures serait le XIX ème siècle, sans doute parce que, au moment où la vie rurale domine encore et époque où les vergers domestiques sont nombreux, le sucre devient un produit de consommation courante. Au XVII ème siècle Colbert avait favorisé l’implantation de raffineries dans les grands ports français, mais le sucre restait encore un «épice» d’un prix prohibitif. Ce n’est qu’au XIX ème siècle sous l’impulsion de Napoléon Premier que l’industrie de la betterave va se développer et bien vite concurrencer le sucre de canne favorisant ainsi le développement de la fabrique des confitures. Faire des confitures c’est renouer avec un art de vivre, une époque où l’on avait le temps de prendre son temps !

Ce temps qui fuit puisque dans le courant de ce mois les jours continuent de diminuer. D’où cette recommandation d’un dicton du Bourbonnais : «A la saint Leu, la lampe au cleu» et dans nos parlers du Midi : «Oou mes de setembre, lou caleu es a pendre». Lou caleu, vous le savez bien, c’est la lampe à huile. Saint Leu c’est le 1er septembre. Trois évêques ont porté ce nom, celui de Troyes mort en 478, celui de Soissons mort vers 535 et celui de Sens mort en 623. Les uns et les autres que l’on nomme «Leu» tirent leur nom d’une prononciation ancienne de «Loup» d’où de très nombreuses églises ou village qui en France portent l’un ou l’autre nom.
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Les jours diminuent au cours de ce mois d’une heure quarante-six minutes et ont une durée moyenne de douze heures trente minutes. Malgré ce raccourcissement de la durée du jour, le temps reste encore agréable et cette arrière saison est parfois plus belle que le printemps. «Septembre se nomme le mai de l’automne». «De mai, septembre a les teintes fines, souvent la tranquillité un peu brumeuse, les tiédeurs et les fraîcheurs mêlées, les matins trempés de rosée et les couchants où l’air tout entier prend la couleur de la chair de Fraise» écrit Henri Pourrat.
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Avec l’équinoxe du 22 septembre quelques signes nous annoncent les grands vents et les changements du temps. Par exemple : le soleil est ceint de plusieurs cercles sombres ; les hirondelles passent toutes du même côté des arbres où les moucherons se sont abrités ; le son des cloches lointaines arrive par saccades ; les forêts bruissent ; les oiseaux aquatiques s’ébattent sur les rivages. «Quel calme ! voici l’équinoxe. Le jour est plus jaune, la lumière a vieilli. Prends ton panier pour les vendanges, voici l’arrière saison. Sème les raves, empaille les cardons ; fais couler l’eau sur la fleur bleue, grasse et froide du chou-fleur ; l’air sent le céleri et le feu les fans de pommes de terre ; cueille la fraise des quatre saisons, le glaïeul, le fuchsia, la sauge, l’héliotrope. Hume la pêche. Assieds-toi sur le gazon râpé. Voici les coings et la citrouille. L’air prend un goût de fleur brouie» écrit cet autre écrivain auvergnat Alexandre Vialatte.
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La pleine lune sera le 4 septembre en lune montante. C’est plutôt signe de beau temps. La nouvelle lune se produira le 17. Je ne relève pas de concordance de plusieurs phénomènes lunaires pouvant faire prédire du mauvais temps pour ce mois-ci. Vénus, la pâle étoile du soir chantée par Alfred de Musset, reste visible que le matin quelques minutes avant le lever du soleil. Jupiter est toujours flamboyant dans le ciel de nos soirées et la majeure partie de la nuit.
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Au grand Gilbert Bécaud de conclure cette chronique avec cet extrait de sa belle chanson « C’est en septembre » :
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…« C'est en septembre
Quand les voiliers sont dévoilés
Et que la plage tremble sous l'ombre
D'un automne débronzé
C'est en septembre
Que l'on peut vivre pour de vrai

En été mon pays à moi
En été c'est n'importe quoi
Les caravanes le camping-gaz
Au grand soleil
La grande foire aux illusions
Les slips trop courts, les shorts trop longs
Les hollandaises et leurs melons
De Cavaillon

C'est en septembre
Quand l'été remet ses souliers
Et que la plage est comme un ventre
Que personne n'a touché
C'est en septembre
Que mon pays peut respirer…

C'est en septembre
Que je m'endors sous l'olivier
»

Bon mois de septembre. Addisias !





Jean Mignot au 31 du mois d’Août 2009

mercredi 2 septembre 2009

Jean-Luc Delaeter, un homme sous la mer !

Jean-Luc (à gauche) lors d'une escale à Lisbonne en 1975


Frères d'armes pour toujours. C'est ainsi que Jean-Luc Delaeter appelle les sous-mariniers avec lesquels il a plongé, avec lesquels il a vécu des aventures en tout genre à la surface aussi.
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-->C'est ainsi. Jean-Luc Delaeter a sa famille officielle, une épouse pour qui il a quitté le pompon et deux filles qu'il adore. Et il y a ses autres frères, compagnons d'un autre sexe, encore fidèles trente ans plus tard. «Les sous-marins, c'est un monde spécial et particulier. La fraternité n'y est pas un vain mot», raconte Jean-Luc Delaeter. Lui qui, dans sa vie de civil est devenu un syndicaliste actif au sein de la CGT, et qui sait ce que veut dire la solidarité, met encore à part ses années militaires. «On a besoin d'un coup de main, pas de problème. Les sous-mariniers sont des types qui n'oublient pas ce qu'ils ont vécu ensemble».
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«Une déflagration sourde...»
La soixantaine de gars (les femmes ne plongeaient pas au XXe siècle) qui étaient avec le Dunkerquois dans le Dauphin en 1975 doivent ainsi tous se souvenir d'un rab' mémorable. «On rentrait à Lorient après 45 jours de mer, certains fumaient déjà leur première clope sur le kiosque, on était à la hauteur de l'Ile de Groix (à 7 milles de la base seulement)... quand on a fait demi-tour. On devait repartir dans le golfe de Gascogne, car un sous-marin non identifié avait été détecté».
En cette période de guerre froide, il ne s'agissait pas de laisser naviguer n'importe qui dans l'Atlantique...
«Sur place, on a plongé, et en plein repas, on a entendu une déflagration sourde... On était une vingtaine dans le poste, à se regarder. On est remontés en vitesse avec une pointe importante, les assiettes glissaient sur le formica des tables et dégringolaient... On a su par la suite que les avions envoyés de Lann-Bihoué (la base aéronautique) nous avaient pris par erreur pour les vilains».
Aujourd'hui, Jean-Luc en sourit. Mais à l'époque, inutile de dire que le cap avait vite été remis sur Lorient sans demander son reste... «Les pachas (c'est ainsi qu'on appelle les commandants), on a raison d'avoir confiance en eux. Ce sont des gens expérimentés, qui font passer la vie de leurs hommes avant le matériel». Des hommes qui mènent évidemment, au large et sous la surface, une vie à part. Promiscuité, dureté, risque... Des conditions qui expliquent les valeurs qui les animent.
«Là, c'est 24h/24 ensemble pendant six ou sept semaines. Et à la caserne, il n'y avait pas de cadenas sur mon armoire tant on avait confiance, comme une famille. A tel point qu'en permission, on s'invitait chez l'un chez l'autre sans arrêt".
Un sens du partage qui allait... jusqu'au lit, au sens propre du terme. «Il y avait deux couchettes pour trois. Le troisième, toutes les huit heures, il devait aller prendre son poste» Un travail posté donc, mais sans la distinction entre le jour et la nuit. «Dans le sous-marin, ce n'est pas le noir, au contraire, c'est toujours la lumière allumée. On repérait la nuit quand c'étaient des lumières rouges».
Evidemment, pendant les marées (la durée passée en mer), on oubliait aussi le ciné ou la télé. «On n'avait que nos postes K7. Et le vieux jeu de tarot n'était jamais loin».
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A Lisbonne avec les Américains
Ce minimalisme à bord expliquait sans doute les excès des escales, elle aussi mémorables. La plus marquante pour Jean-Luc ? Elle a eu lieu à Lisbonne, avec les forces de l'OTAN, à laquelle la France n'adhérait pas encore. «On était avec les marins du Saratoga, qui revenaient du Vietnam avec les derniers GI's», raconte-t-il. Mais les ports de Caen, Bordeaux, Dublin ou Edimbourg gardent aussi des traces des passages des sous-mariniers. Humidité permanente, chaleur suffocante (60°C sous la coque au passage du détroit de Gibraltar)... Inutile de dire que la boîte à souvenirs déborde, les bons remontant facilement à la surface, les mauvais coulant les uns après les autres. Et dire que le jeune Jean-Luc a failli ne rien connaître de tout cela. Le natif de Petite-Synthe, dont l'appel du large était attisé par les films de l'époque (Torpilles sous l'Atlantique avec Robert Mitchum par exemple), s'est en effet heurté à l'opposition maternelle. «Ma mère me disait "pas question". Et à l'époque, il fallait que les parents signent pour pouvoir s'engager.» Alors Jean-Luc a menti, pour faire ses "trois jours", puis rejoindre la Marine.Avec le recul et la sagesse, et même s'il est conscient que les temps ont changé, Jean-Luc Delaeter recommanderait sans hésiter aux jeunes de se tourner vers les sous-marins. «D'autant plus que les sous-mariniers n'ont jamais de difficulté pour trouver un travail après. Ils ont une formation permanente, et sont psychologiquement bien préparés car ils n'ont pas le droit à l'erreur. Une personne qui fait une bêtise, c'est le fond».
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Christophe BERRIER
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CV Express
L'histoire d'amour de Jean-Luc Delaeter avec la Marine débute quelques jours après la Saint-Valentin, le 18 février 1974 lorsqu'il intègre le centre de formation maritime d'Hourtin (Gironde). Deux mois plus tard, le voilà au Groupe des écoles de mécaniciens à Saint-Mandrier (Var). Retour sur l'Atlantique en août 1974, Lorient plus précisément, où il intègre l'équipage du Dauphin.En mars 1975, sur la même base bretonne, il est affecté au Requin, le sous-marin sur lequel il demeurera le plus longtemps. Puis direction la Manche, où il assistera à la construction de La Praya II. Au total, près de quatre années au service de la Marine, dont 2 ans, 10 mois et 7 jours à la mer.
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Le Journal des Flandres Le Phare Dunkerquois - édition du 2 août 2009

A noter dans vos tablettes: les journées du patrimoine organisées par l'HISPASEC à Petite-Synthe


wallpaper 1440 * 900 : souvenirs africains

et parfois, au hasard des archivesn ressurgissent des livrées rares et oubliées, des missions sous le soleil d'Afrique noire...

wallpaper 1440 * 900 : vieux souvenirs


Loin de temps de ma jeunesse où les Mirage F1 de la 12e escadre de chasse présentaient leur silhouette éffilée comme une fleche, aux courbes si fines sur le seuil de piste.

nostalgie


Je garde la nostalgie des années où les Mirage F1 des escadrilles de Cambrai déchiraient le ciel de nos régions, remplacés par les Mirage 2000, ils passeront dans quelques mois au rang des souvenirs...

douloureuse mémoire


A Audinghem comme dans le reste de la région, les stigmates de combats révolus rappellent encore un passé agité