mercredi 10 juin 2009

archéologie : Sains-en-Gohelle: des centaines de corps retrouvés à l'emplacement d'un cimetière médiéval

Près de 700 squelettes, ainsi que les vestiges d'une église médiévale, ont été mis à nu sur une petite superficie de 600 mètres carrés. Ces étonnantes découvertes archéologiques ont retardé la construction d'une maison individuelle à cet endroit.

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Non loin de là, en 2007, des fouilles préventives avaient relevé les traces d'un village médiéval. Le diagnostic archéologique avait alors signalé la possible présence d'un cimetière voisin. «On s'attendait à découvrir environ 400 corps. En réalité, on en est déjà à 700. Et, à l'issue du chantier, on dépassera certainement le millier !», s'étonne Kévin Lolivier, topographe du site.

Le chantier devait s'achever en février, il a dû être prolongé de quelques mois. En tout, ils sont une vingtaine d'archéologues, spécialisés en anthropologie, à mener les fouilles avec précaution depuis novembre dernier. Partout, des traces d'ossements sont marquées d'un ruban rouge et blanc.
Au fil des semaines, les découvertes ont dépassé leurs espérances. «On a sorti jusqu'à dix squelettes par jour. On a retrouvé des vieillards, des enfants, des femmes, des hommes... Bref, tout un échantillon de population qui va nous permettre de mieux comprendre la société médiévale à Sains-en-Gohelle», commente Cédric Beauval, responsable du chantier. Linceuls, cerceuils ou coffrages en pierres, les types d'inhumations varient au gré du temps. Le cimetière date du VIIe au XIVe siècle. Une période longue, ce qui explique que les archéologues recensent parfois plus de cinq corps au mètre carré : «Comme la signalisation des tombes a peu à peu disparu, des corps ont été réenterrés par-dessus».
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La chapelle ruinée
Les ossements retrouvés sont exceptionnellement bien conservés. L'explication ? «La craie permet une très bonne conservation des vestiges, comme les os. Dans la région, c'est souvent le cas, contrairement à des régions comme le Sud-ouest où le sol sableux conserve mal les corps. » Les découvertes des archéologues ne s'arrêtent pas à ces centaines de corps. Les vestiges d'une église ont aussi été retrouvés. Le club historique de la ville a d'ailleurs fourni une carte datant de 1704 qui mentionne «la chapelle ruinée de Sains», au même emplacement. La petite église est composée d'une abside hémicirculaire, d'un choeur carré et d'une nef d'environ dix mètres. «Ces découvertes ravivent la mémoire collective : plus personne ici ne se souvenait d'un cimetière abandonné et d'une église en ruines», souligne Cédric Beauval. Désormais, ils font partie du patrimoine. Les squelettes découverts vont être transportés à Bordeaux, étudiés, consignés dans un rapport à destination du ministère de la Culture. À terme, ils seront entreposés dans un dépôt archéologique du Nord - Pas-de-Calais.
Conséquence pour le propriétaire du terrain : alors que le lotissement en construction est déjà bien avancé, le projet de maison individuelle sur sa parcelle a dû être retardé d'une année. Il pourra débuter, dès que le chantier archéologique sera achevé, fin juillet. •
C. L.
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In LA VOIX DU NORD, édition de Béthune du 10 juin 2009

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