mardi 30 juin 2009

DOUAI : Le service d'archéologie préventive à l'honneur

Avant de construire un bâtiment industriel, il faut fouiller le terrain. C'est le travail du service d'archéologie de la CAD.

La direction de l'archéologie préventive est le bon élève de la «classe» Communauté d'agglomération du Douaisis. Le service dirigé par Pierre Demolon gagne de l'argent. Pas mal : 3,7 millions d'euros en 2008. Certes, les (lourdes) charges de personnel - 87 personnes, dont 14 agents permanents -, soit 2,5 M E, ramènent le résultat 2008 à 156 000 E. L'expertise des archéologues s'exerce parfois hors les frontières du Douaisis. C'est même cela qui contribue à l'équilibre financier de l'activité, la prestation étant alors facturée plus cher qu'à la CAD, tout en restant en deçà des prix de l'INRAP (*). Exemple du chantier de fouilles réalisé pour le compte de la communauté de communes Osartis sur la ZAC de l'aérodrome à Vitry-en-Artois. Un prédiagnostic réalisé par les archéologues de la CAD avait mis en évidence l'existence d'une villa gallo-romaine et ses annexes là même où, demain, s'élèvera l'entreprise Le Petit Cuisinier.


Vendredi soir, en conseil communautaire, les élus ont donné leur aval à la signature d'une convention avec l'État pour la constitution d'un centre de conservation et d'études à la CAD. C'est-à-dire un centre de recueil des objets découverts en fouilles dans l'ensemble de l'Ostrevent. L'objectif du centre sera de les traiter et de les conserver dans de bonnes conditions et de les mettre ensuite à la disposition des chercheurs.
Par ailleurs, la CAD envisage de faire étudier les ossements d'animaux découverts sur les sites gaulois et gallo-romains du Douaisis dans le cadre d'une thèse de doctorat, sous la direction d'un professeur de l'université Lille 3.
En éventrant en 2007 la place Carnot à Douai, les archéologues n'imaginaient pas être aussi comblés. Du 4 juillet au 13 décembre, au musée de la Chartreuse, «Autopsie d'une fouille... du soin des corps au souci de l'âme», narrera cette aventure. •
B. B.

> INRAP : l'Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public administratif, en concurrence avec les archéologues de la CAD
in LA VOIX DU NORD, édition de Douai du 29 juin 2009

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dimanche 28 juin 2009

Les corps des soldats analysés, à Fromelles

Débuté en mai, le travail des archéologues se poursuit, à Fromelles, pour exhumer les corps de soldats australiens et britanniques enterrés en 1916. Une trentaine sont déjà étudiés dans les laboratoires d'identification.
L'équipe d'une trentaine de personnes de l'Oxford Archaelogy est à pied d'oeuvre à l'orée du bois du Faisan. Huit fosses communes, découvertes l'année dernière (nos éditions précédentes) pourraient cacher jusqu'à 400 corps de combattants du Commonwealth tombés en 1916.

À ce jour, les archéologues sont dans la troisième et quatrième fosses (les deux premières étaient vides) et une trentaine de corps ont été mis au jour et transportés jusqu'aux laboratoires d'analyse, installés à quelques mètres des fosses. Le but est d'en identifier le plus grand nombre notamment par des mesures anthropologiques, voire des tests ADN. Ce travail, d'une ampleur inédite, doit se poursuivre jusqu'à fin octobre. • J.-CH. G.

in LA VOIX DU NORD, édition métropole lilloise, 28 juin 2009

Un grand monsieur s'en va

Mort de Paul Callens.

- C'est en 1950 que ce Tourquennois d'origine avait repris la librairie Le Furet du Nord, ancien magasin de fourrures situé rue de la Vieille-Comédie. Sous son impulsion, la boutique traditionnelle de 150 m² est devenue « la plus grande librairie d'Europe ».
Aujourd'hui, place du Général-de-Gaulle, le Furet s'étend sur plus de 7 000 m² ! Rendre le livre accessible, l'associer à d'autres produits (le disque, la presse, la papeterie), promouvoir le livre de poche, faire place à la bande dessinée, initier la vente à distance, développer des animations culturelles... Avec l'aide de son frère Jean, Paul Callens avait toujours un temps d'avance... Ce grand pionnier est mort vendredi matin à l'âge de 86 ans à Cordon (Haute-Savoie), commune dont il fut maire de 1983 à 1995 et où les funérailles auront lieu ce mardi à 14 h 30.
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 28 juin 2009

jeudi 25 juin 2009

Le rôle historique des places Françaises par M. le capitaine de Gaulle

Le rôle historique des places Françaises
Par M. le Capitaine De GAULLE

L'OFFICIER de RESERVE, janvier 1926 ; pages 38 à 43


On sait que des controverses se sont élevées sur l'efficacité des places fortes. Signalons à nos lecteurs deux plaidoyers, en faveurs des places fortes, qui viennent de paraître tout récemment. En effet, M. Le capitaine De Gaulle, dans la «Revue militaire Française» de Décembre1925, et M. le général Normand, dans la Revue des Deux Mondes » du 1er novembre 1925, ont consacré à cette question deux articles très intéressants. Nous publions quelques extraits du premier et une analyse du second
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Le rôle historique des places Françaises
Par M. le Capitaine De GAULLE

La construction d'un système complet de fortification permanente fut, après le Traité de Francfort, un article essentiel du programme de notre restauration militaire. Le comité de défense, institué en 1872, et dont le rapporteur fut le général Séré de Rivières, fut amené, comme celui de 1818, à reprendre le grand dessein de Vauban et à l'adapter aux circonstances. Comme Vauban, comme Gouvion-Saint-Cyr, Séré de Rivières proposait de barrer par la fortification les voies d'invasion, hélas ! traditionnelles, de nos frontières du Nord et de l'Est, en utilisant, pour renforcer ces barrages, tous les obstacles naturels du terrain : cours d'eau, forêts, régions marécageuses faciles à inonder. L'ennemi serait ainsi amené à prendre l'offensive dans les intervalles laissés entre les barrages ; de la sorte on se proposait de «régler ses débouchés».

Sur la frontière de l'Est, Séré de Rivières demandait la construction de deux fronts fortifiés : Verdun – Toul et Epinal – Belfort, exploitant les avantages de terrain qu'offraient respectivement la falaise des Hauts de Meuse et les Vosges. Une armée allemande, cherchant à passer entre les deux barrages, en prenant l'offensive par Neufchâteau pour gagner la haute vallée de la Marne, eût été obligée de franchir successivement : la Meurthe, la Mortagne, la Moselle, le Madon et la Meuse. Sur la frontière du Nord, le comité proposait l'établissement d'un barrage analogue englobant Maubeuge, le Quesnoy et Valenciennes, de manière à rendre facile la défense de cette région classique d'invasion qui conduit en Picardie et au cours de l'Oise par les vallées parallèles de la Sambre, de l'Escaut et de la Scarpe. De la sorte, l'ennemi, nous assaillant par la Belgique, aurait été amené, soit à déboucher par la région difficile de l'Ardenne, dont Séré de Rivières voulait qu'on tint la principale issue en fortifiant Mézières, soit à contourner, par la région de Lille, ou plus à l'Ouest, le système d'organisation du Hainaut. Dans cette dernière hypothèse, il eût été contraint d'étendre à l'excès l'envergure de son mouvement et se fût trouvé amené à déboucher vers Lille, dans une région de grandes agglomérations urbaines où la manoeuvre eut été malaisée, ou dans la basse plaine flamande que des inondations rendraient peu praticable. D'ailleurs, Lille, d'une part, et Dunkerque, d'autre part, devaient être solidement fortifiés.

Le général Séré de Rivières, prévoyant la possibilité de revers soit au Nord, soit à l'Est, voulait constituer une deuxième ligne de fortifications. Il demandait l'établissement, le long de la crête de la falaise de Champagne, d'un front englobant La Fère, Laon et Saint-Quentin, s'appuyant à gauche sur la vallée marécageuse de la Somme, à droite sur la forêt de la montagne de Reims. Un autre front : Langres – Dijon eût interdit à un ennemi victorieux sur le Saône l'accès des vallées de la Marne, de l'Aube et de la Seine.

Enfin, les ouvrages existant autour de Paris et de Lyon devaient être considérablement augmentés et renforcés.

Le gouvernement de la République approuva les propositions du général Séré de Rivières et n'hésita pas à engager les dépenses voulues pour les réaliser. L'action personnelle qu'exerça Gambetta à ce point de vue, l'intérêt passionné qu'il ne cessa de porter à cette œuvre grandiose et qu'il sut communiquer au monde politique et même à l'opinion publique, ne seront certainement pas un des moindres titres qu'il a acquis à la reconnaissance nationale. Vers 1880, l'ensemble des fortifications françaises du Nord et de l'Est était achevé. Les fronts Verdun – Toul, Epinal – Belfort, se trouvaient établis ; Maubeuge transformé en place de premier ordre, et plusieurs forts construits vers Condé et Valenciennes ; Lille et Dunkerque entourés de solide ouvrages ; La Fère, Laon, Reims organisés, ainsi que Langres, Dijon et Besançon ; Paris et Lyon étaient entourés de forts modernes. Que la France fût menacée par le nord, par le nord-est ou par l'est, elle trouverait de puissants points d'appui pour couvrir, d'abord, la concentration de ses armées, puis, étayer leurs manoeuvre et, en cas de revers, couvrir leur retraite. Les frontières forcées, l'ennemi, d'où qu'il vint, se heurterait à une deuxième ligne de fortifications, à l'aide desquelles nos troupes pourraient se rétablir. Enfin, la capitale étant à l'abri des coups de main, nos forces de campagne, débarrassées de l'absorbante préoccupation de la couvrir, garderaient, en toutes circonstances, leur liberté de manoeuvre.

Eclairés aujourd'hui par les événements de 1914, les Français doivent reconnaître la simple et pratique grandeur de la conception du général Séré de Rivières. C'était, en somme, celle de Vauban, reprise ensuite par Gouvion-Saint-Cyr et adaptée par Séré de Rivières aux conditions d'une époque où les armées nationales, ravitaillées vite et abondamment par le chemin de fer, pourvues d'une artillerie très mobile et très puissante, chercheraient à frapper au plus tôt le peuple ennemi au cœur par des manoeuvres très simples, mais d'une extrême envergure.

Cependant, les années s'écoulant sans qu'on eût à faire l'épreuve des fortifications nouvelles, l'œuvre du général Séré de Rivières commença d'être battue en brèche. Bien des circonstances concouraient à cette disgrâce. Tout d'abord, la restauration accomplie de nos force militaire et la fin de l'isolement politique de la France, grâce à l'alliance russe, tournaient vers l'offensive l'attention des militaires et, sous prétexte d'attaquer, on en venait à négliger d'étudier et de préparer les conditions favorables pour se défendre. Par ailleurs, la doctrine de l'offensive systématique recueillait une faveur d'autant plus accusée que les esprit réagissaient alors contre les théories strictement défensives qui avaient paralysé nos armées en 1870. Comme Guibert et son école, beaucoup en venaient à considérer la fortification littéralement avec méfiance, alléguant que sa seule existence pourrait porter les chefs et les troupes à demeurer passifs, au lieu de provoquer le choc en attaquant quelles que fussent les circonstances. La découverte de l'obus à retardement, en 1885, capable de percer les voûtes des ouvrages de Séré de Rivières, rendant nécessaire une refonte de nos places et, par suite, des dépenses nouvelles, fournit à ce funeste mouvement d'idées un argument financier des plus redoutables.

Enfin, les illusions pacifiste, auxquelles céda volontiers le peuple français à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, eurent comme conséquence la diminution relative des crédits militaires. Comme on ne voulait plus voir dans les places qu'un appoint à la couverture de notre concentration et un pivot de manoeuvres offensives, on jugea suffisant de tenir en état celles de la frontière de l'est : Toul, Verdun, Epinal, Belfort, puisque c'est dans l'est qu'on voulait se concentrer et attaquer. Dans le nord, Maubeuge seul fut quelque peu renforcé. Mais on laissa à l'abandon, Lille et Dunkerque ; on ne fit rien, à plus forte raison, pour compléter, vers Condé et Valenciennes, l'œuvre de Séré de Rivière ; on négligea les places de seconde ligne : La Fère, Laon et Reims notamment.

***

La Grande Guerre surprit donc une France dépourvue de fortifications permanentes sur sa frontière la plus vulnérable, celle du nord, et privée de places de seconde ligne. Il n'est pas exagéré de dire que cette situation fut une des causes principales de l'invasion. Les faits sont aujourd'hui assez bien connus pour qu'on puisse porter un jugement sur le rôle que joua, dans la Grande Guerre, la fortification permanente française, là où elle existait encore, et mesurer celui qu'elle eût joué, sans doute, là où elle fut abandonnée.

Il convient de remarquer, en premier lieu, que l'économie générale de notre système des places inspira, pour une large part, toute la conception du plan d'opérations allemand et contribua par suite, au premier chef, à donner à la guerre le cours qu'on lui vit prendre. L'idée de Schlieffen, qui fut la base du plan stratégique allemand en août 1914, tendant à porter en Belgique la masse de manoeuvre, visait, sans doute, l'enveloppement de nos armées par des voies d'invasion classiques et faciles ; elle était depuis longtemps en germe dans les esprits. Mais elle se précisa seulement quand l'achèvement et l'armement de nos fortifications modernes des fronts : Toul – Verdun et Epinal – Belfort eurent ôter à l'ennemi l'espoir de manoeuvrer en Lorraine avec la rapidité et l'envergure qu'il jugeait nécessaires. Cette conception fut, d'ailleurs, singulièrement encouragée par le fait que nous négligions de plus en plus les fortifications de cette frontière du nord dont Vauban avait fait, naguère, le principal objet de ses efforts et qu'à part Maubeuge, d'ailleurs peu moderne et mal armé, la France n'avait pas une place que l'on pût défendre sur 250 kilomètres de frontière de Dunkerque à Montmédy, pas une place entre cette frontière et Paris. Ainsi, le fait que telles ou telles portions de nos frontières étaient ou n'étaient pas fortifiées commanda, en dernier ressort, le plan stratégique de l'ennemi.

Mais, si la fortification permanente joua un rôle essentiel dans la conception des opérations, elle ne pesa pas moins sur l'exécution. Sans doute, l'idée qu'on se faisait de la force des places intervint-elle souvent d'une manière plus efficace que leur défense elle-même. Mais, tel est le caractère commun à tous les moyens qui agissent, dans bien des cas, moins par leurs efforts matériels que par l'impression qu'ils produisent sur l'ennemi. Tel est le résultat de toute manoeuvre qui frappe l'adversaire avant tout par l'effet qu'il en redoute.

Les sommes d'argent dépensées pour fortifier Paris furent mille fois justifiées dans les premiers jours de septembre 1914, où la droite allemande infléchit vers le sud-est la marche qu'elle dirigeait jusque-là vers la capitale, prêta le flanc à l'armée Maunoury et se placé, de la sorte, dans les conditions fâcheuses qui permirent notre victoire de la Marne. Sans doute, ce changement de direction n'eut-il pas pour seule cause l'existence des forts de Paris. Sans doute, le commandement allemand voulut-il avant tout poursuivre l'enveloppement de la gauche de Joffre qu'il croyait, à tort, au sud-est de la capitale. Mais, s'il ne poussait pas en même temps sur Paris, c'est, de son propre aveu, parce qu'il pensait n'y pouvoir entrer qu'après un siège et qu'il n'en avait pas les moyens.

Et, dans le même temps où Paris revêtait par ses fortifications une importance capitale à notre gauche, Verdun et les forts des Hauts de Meuse jouaient, à droite, un rôle prépondérant. L'armée Sarrail (IIIème armée) utilisait ces fortifications permanentes pour couvrir sa droite et ses derrières. Ainsi cette armée était en mesure de faire tout entière, au sud de Verdun, face au nord-ouest et d'y briser l'offensive du kronprinz allemand. Ce dernier, redoutant d'attaquer les forts de Verdun, se voyait contraint d'investir la place au nord-est, au nord et à l'ouest. Etiré à l'excès, il manquait justement des forces indispensables pour percer le front de Sarrail au sud-ouest du camp retranché. Jamais, évidemment, Sarrail n'aurait eu l'audace féconde de tenir dans cette situation, sa droite complètement enveloppée par l'ennemi, et sachant dans son dos toute la VIème armée allemande, s'il n'avait disposé des forts de Verdun.

Pendant ce temps, Maubeuge, la seule place française qui fût en état de se défendre sur notre frontière du nord submergée, Maubeuge aux bétons insuffisants, aux cuirassements rares, Maubeuge dont la garnison se composait en majeure partie de troupes territoriales, mobilisées depuis quelques jours, et qui n'avaient pu acquérir aucune cohésion, Maubeuge résistait du 25 août au 7 septembre. La place avait retenu devant ses fortifications trois divisions ennemies et une artillerie puissante, prélevées sur ces armées de droite que l'offensive de Maunoury allait surprendre et à qui manqueraient quelques bataillons seulement pour sortir victorieusement du péril.

L'appui essentiel que Paris et Verdun fournirent à nos armées au moment décisif, la résistance dont fut capable Maubeuge mal fortifié, médiocrement armé et défendu, permettent d'affirmer que les opérations de l'été et de l'automne 1914 eussent pris une autre tournure, si la grande conception de Vauban avait été maintenue vivante au début du XXème siècle. Si les vallées de la Lys et de l'Escaut avaient été, comme celle de la Sambre, barrées par des place modernes, Lille et Valenciennes fortifiés, armés et tenus, bref, si la France du nord, entre Lys et Sambre, avait présenté à l'ennemi un front analogue à celui qu'offrait la France de l'est, de Verdun à Toul, la retraite de notre Vème armée et de l'armée britannique après Mons-Charleroi, eût été bien facile. En tous cas, le constant et rapide mouvement tournant de von Kluck sur l'aile gauche du maréchal French, par Condé et Bapaume, eût été tout au moins retardé du temps nécessaire pour faire tomber ou percer la barrage des fortifications du Hainaut. Ce ralentissement de la manoeuvre ennemie aurait eu des conséquences incalculables pour notre rétablissement stratégique. Il eût permis au général Joffre de réaliser avant la Marne, en lui donnant le temps de concentrer sur la Somme l'armée Maunoury qu'il ne put avoir qu'à Paris. Il eût rendu possible la reprise de l'offensive au nord de l'Aisne, comme le prévoyait, d'abord, le commandant en chef français au lendemain de la bataille des frontières et, dans ce cas, Laon, La Fère et Reims auraient complètement joué, si on les avait tenus en état, le rôle que leur destinait Séré de Rivières.

D'ailleurs, en admettant même que l'existence et la résistance d'un front fortifié entre l'Escaut et la Sambre n'eussent en rien modifié la progression de la droite ennemie et, par suite, le cours des événements, Lille tout au moins, Lille armé et défendu nous fût resté et, lors de la course à la mer, notre front stabilisé à l'est de la capitale flamande, au lieu de l'être à l'ouest, aurait englobé Douai, rendant possible, de 1914 à 1918, l'exploitation des mines de Lens et de Liévin. Ce charbon-là eût payé vingt fois le béton et les cuirassement dont Lille était dépourvu.

En 1916, l'ennemi, résolu à en finir avec la résistance française, prit pour objectif notre principale place de guerre : Verdun. Une fois de plus, la France allait successivement y souffrir du dogmatisme absolue d'une théorie qui condamne les fortifications permanentes et s'y féliciter du pratique bon sens qui conduit à les employer.

Les circonstances faisaient, dans la confusion d'une bataille défensive, que le point essentiel du terrain qui attirait les plus rudes efforts de l'ennemi : la hauteur de Douaumont était pourvu d'un fort de premier ordre : abris à l'épreuve, flanquements minutieusement établis, observatoires cuirassés, défenses accessoires multiples et profondes, alors que tout notre position de résistance venait de nous être enlevée par l'ennemi, et que nous ne disposions plus, entre la ligne de feu et Verdun, d'aucune organisation en dehors des forts. Mais tous les ouvrages de Verdun avaient été systématiquement désarmés et privés de garnison. La patrouille allemande qui prit le fort de Douaumont y trouva le gardien de batterie seul et protégé du bombardement par 8 mètres de béton, tandis qu'aux environs, nos bataillons en rase campagne étaient hachés par les obus. La perte du fort de Douaumont nous contraignait, désormais, à nous battre dans les pires conditions de terrain, multipliait par un coefficient énorme la difficulté de notre rétablissement et les pertes que cet effort devait nous coûter.

Le général Pétain, dès qu'il eût pris la direction de la bataille, ordonna de réarmer tous les ouvrages de la place et de les pourvoir à nouveau d'une garnison. Cette heureuse confiance du vainqueur de Verdun dans la fortification permanente allait être justifiée et récompensée. Le rôle que jouèrent dans la bataille le fort de Vaux, celui de Souville, l'ouvrage de Froideterre, est connu du monde entier. L'action de l'artillerie sous tourelle des forts des deux rives de la Meuse, l'abri qu'offrirent aux combattants et aux réserves les casemates des ouvrages, les commodités qu'y trouva le commandement pour s'y exercer dans de bonnes conditions, l'allègement des pertes et des épreuves des troupes qui tenaient le terrain dans de pauvres tranchées, grâce à la dépense inouïe de munitions faite par l'ennemi pour détruire la fortification permanente de Verdun, furent pour notre défense des avantages inappréciables.

Peut-être n'a-t-on pas assez remarqué le rôle moral des places fortes au cours de la Grande Guerre, la part que prit leur résistance dans l'excitation des énergies nationales. Il en avait toujours été ainsi, d'ailleurs, lors des grands périls de la patrie. Sans vouloir remonter au siège d'Alésia qui, seul, mit les Gaulois d'accord contre l'envahisseur romain, ni même à celui d'Orléans dont la vigoureuse défense provoquait le mouvement patriotique d'où surgit Jeanne d'Arc et qu'elle exploita, on doit observer que la résistance héroïque de Boufflers à Lille, en 1708, le siège de Landrecies, en 1712, redressèrent l'énergie défaillante de la France menacée. La capitulation de Verdun, en 1792, fut le signal d'un grand élan patriotique, et cet élan, s'il provoqua la lie de la populace parisienne aux massacres honteux des journées de septembre, détermina, sur toute l'étendue du territoire, un vaste enrôlement de volontaires. La résistance de Paris, en 1870-1871, avait été le motif et la justification des efforts déployés par la France après Sedan.

En 1914, il paraît certain que la confiance de la Belgique dans la puissance de ses places fortes fut un élément essentiel de la décision prise par son roi et approuvée par le peuple de repousser les démarches allemandes et de prendre les armes contre l'envahisseur. Le 4 août, le gouvernement belge télégraphiait à Paris, Londres et Saint-Pétersbourg : «La Belgique est heureuse de pouvoir déclarer qu'elle assurera la défense des places fortes.» De fait, c'est la défense de Liège qui fut à la fois la preuve et le ciment de l'esprit de résistance belge.

L'énergie française, au cours de la bataille sur les deux rives de la Meuse, en 1916, eût-elle été ce qu'elle fut s'il ne s'était point agi justement de garder Verdun, boulevard historique de la patrie et place capitale de son système de fortifications ? Un instinct national profond soutenait le courage des combattants. La vigueur de cet instinct ne se fût point, sans doute, aussi nettement manifestée dans d'autres zones de la ligne de bataille.

L'encouragement de l'esprit de résistance d'un peuple par l'existence sur son territoire de fortifications permanentes, la cristallisation, l'excitation, de ses énergie par la défense des places sont des faits que les politiques, comme les militaires, ont le devoir de reconnaître dans le passé et de préparer dans l'avenir.

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Ainsi la France, au cours de ces trois derniers siècles, s'est vue sauvée plusieurs fois par la fortification permanente et a cruellement déploré, à différentes reprises, de l'avoir négligée. Ainsi la nature du terrain, le tracé de nos frontières, la force et les ambitions de nos voisins, la centralisation extrême de notre vie nationale paraissent imposer, de tous temps, à cette fortification l'économie générale que déjà concevait Vauban, que reprit Gouvion-Saint-Cyr, que Séré de Rivières fit sienne : barrage des voies classiques d'invasion, établissement d'une deuxième ligne de défense entre la capitale et les frontières, Paris mis, tout au moins, à l'abri d'un coup de main. L'accroissement du nombre et de la puissance des moyens n'a jamais ébranlé la valeur de ces principes, la guerre récente vient de la mettre, une fois de plus, en évidence.

Une porte a livré passage à tous les malheurs qui frappèrent la France à travers son Histoire ; c'est la porte par où avaient fui les enseignement du passé.
Le rôle des fortifications pendant la Grande Guerre
Etudiant plus spécialement le parti que l'on peut tirer des places pour la conduite des opérations, le général Normand montre tout d'abord combien la force de notre barrière du Nord-Est a donné à réfléchir aux Moltke et aux Schlieffen lorsqu'il s'est agi pour eux d'élaborer des plans d'opérations contre la France. Empruntant le témoignage du général von Kuhl, l'auteur nous représente les Allemands, aux environs de 1900, estimant qu'il était impossible d'attaquer «le puissant front fortifié français » d'où, pour eux, la nécessité de la tourner par la Belgique. En 1905, Moltke veut également éviter « une attaque de front sur le rideau fortifié français de l'Est». Enfin, à la veille même de l'ouverture des dernières hostilités, le 4 août 1914, le ministre allemand des affaires étrangères, von Jagow, ne déclarait-il pas, afin d'expliquer la passage par la Belgique, que la «force des forteresses françaises» aurait suscité aux armées impériales des difficultés formidables. On juge par ces citations de l'utilité et de la puissance de la barrière construite sur notre frontière de l'Est par le général Séré de Rivières, au lendemain de 1870.

Mais, dira-t-on, ce sont là des jugements et des opinions d'avant-guerre. Que vont devenir nos places fortes dès le début des opérations et quel rôle vont-elles jouer ? A ce sujet, le général Normand écrit : «Tantôt par leurs canons et tantôt par leur unique présence, nos forteresses ont gêné, retardé, affaibli la marche allemande avant et après la bataille des frontières, elles ont aspiré des forces qui ont fait défaut au moment critique de la bataille de la Marne, elles ont finalement permis ce rétablissement qui devait rendre possible un jour lointain notre victoire finale».

Au début de la guerre, il faut également envisager le rôle des forteresses belges :Liège et Namur. «On a beaucoup disputé pour savoir le retard que Liège avait causé dans le débouché de l'armée allemande.» Le général Normand donne un avis autorisé sur la question. A ses yeux , le rôle de Liège a été considérable. «sans la place, les Allemands eussent pu prévoir une concentration plus avancée. Sans la place, leurs troupes mobilisées clandestinement depuis le 28 juillet, quoique le décret ne date que du 1er août, eussent pu entreprendre leur débouché avant le 13. Sans la place, leur marche, non resserrée entre le pédoncule de Maëstricht et les forts au nord de Liège, qui ne tombèrent que le 15, eût pu être plus rapide. Enfin sans la défense belge, dont l'héroïsme est d'autant plus méritoire que l'armée, peu préparée, n'était certainement pas de taille à lutter seule contre un pareil colosse, l'ennemi n'aurait pas payé ce passage du sang qu'il y a versé. Concluons donc que Liège a bien mérité la croix de la Légion d'honneur que lui décerna la France le 7 août 1914, en témoignage du grand service rendu.»

Et Namur ? «Pendant la bataille de Charleroi, Namur couvre utilement la droite de notre 5ème armée (général Lanrezac) et facilite son changement de front.» Et nos places du Nord ? «Nos forteresses, si démodées qu'elles soient dans cette région, commencent pourtant à troubler les opérations de l'aile marchante allemande. Dès le 22 août, Kluck songe à se couvrir contre Maubeuge pendant qu'il poursuit son grand mouvement de conversion.» Et le 23 août, il se couvre à gauche contre cette place avec le IXème corps actif ; à droite, il lui faut prendre des précautions contre Anvers avec le IIIème corps de réserve. Si Lille n'a pu être utilisé comme il aurait dû l'être, c'est que cette ville est successivement déclassée, reclassée et de nouveau déclarée ville ouverte au cours du mois d'août.

Par contre, quelle est l'importance des places allemandes d'Alsace et de Lorraine ?Les fortifications allemandes, écrit le général Normand, ont joué un grand rôle dans les décisions du haut commandement français lorsqu'il s'est agi de choisir les directives d'attaque contenues dans notre plan XVII. Metz, Strasbourg et les places de Basse-Alsace ne nous laissaient «qu'un certain nombre d'étroits couloirs d'accès pour des attaques frontales». Ces couloirs étaient : celui de Luxembourg-Neufchâteau, celui de Morhange, celui de Sarrebourg, celui de la plaine d'Alsace.

Après l'échec de notre manoeuvre initiale, le danger apparaît pour nous. «On songe alors aux forteresses.» On demande à des places comme Givet, Longwy de tenir le plus possible. Le général Normand montre «l'effet matériel qu'eut Verdun sur les opérations d'ensemble de l'armée allemande». Invoquons encore le témoignage de von Kuhl qui écrit, en expliquant pourquoi, le 30 août, la IIème armée allemande prend comme direction Reims au lieu de Paris et la IIIème Rethel au lieu de Château-Thierry : «Ce changement s'explique en partie par la forte réaction adverse, mais surtout parce que l'ennemi (des Français) se maintenait sur la haute Moselle et à Verdun.» Dans la marche sur Paris et la Marne, les armées allemandes ont perdu du temps pour organiser l'attaque de places comme La Fère, Reims, vides de défenseurs. «Combien une défense, même sommaire, même simulée, eût-elle donc causé de retard à cet ennemi si mordant», se demande le général Normand qui constate qu'on a abandonné «sans résistance la ligne Reims – Laon – La Fère et même le massif boisé de Saint-Gobain qui constitue le bastion avancé de Paris».

Paris a joué un rôle capital au cours de la bataille de la Marne. Son camp retranché a réalisé «l'union stratégique de French et de Maunoury». Le général von Kuhl écrit à ce propos : «De nouveau, c'était une forteresse qui retardait et resserrait la marche en avant, la forteresse géante de Paris. On avait constaté l'impossibilité de la contourner par la basse seine. Maintenant notre aile droite se heurtait juste dessus.»

Pendant la bataille de la Marne, les Allemands attaquent nos forts de la Meuse. Le Camp des Romains cède et sa chute a pour conséquence la prise de Saint-Mihiel, mais la fameuse «hernie» enserrée entre les forts des Paroches et de Liouville qui tiennent bon ne peut être élargie. «C'est ainsi que la ligne de la Meuse restera quatre ans le rempart de l'aile droite française, écrit le général Normand, Belfort formant réduit en arrière de la portion d'Alsace reconquise. Telle est l'influence essentielle qu'ont eue nos forteresses à cette époque, après avoir été initialement la cause de l'invasion de la Belgique.»

Anvers a tenu douze jours devant 85 000 Allemands alors que la place était construite pour tenir un an contre une armée de siège de 300 000 hommes. Faut-il en conclure que son rôle a été nul ? Non, dit le général Normand. La place «a pourtant retenu des forces allemandes qui ont fait défaut à la bataille de la Marne où un corps d'armée supplémentaire eût pu faire changer de camp la victoire. Elle les a empêchées de profiter du moment propice pour marcher sur Calais. Elle les obligea ultérieurement à la bataille de l'Yser… L'armée belge a pu y reprendre haleine avant de reprendre la lutte.»

Nous en arrivons maintenant au rôle qu'a joué Verdun au cours de l'année 1916. Lorsque les Allemands commencent leur attaque, il existe chez nous une idée fausse ancrée depuis les chutes successives de Liège, de Namur, de Maubeuge et des places fortes russes, à savoir que «les forts sont hors d'état de résister aux pièces colossales germaniques». «Tout le monde fuit, à cette époque, les forts comme des points dangereux, paratonnerres attirants la foudre, cibles sans rémission condamnées.» Et pourtant, rien n'est plus inexact. Même en admettant que des projectiles de gros calibres bouleversent suffisamment les maçonneries, une garnison énergique peut encore tenir un assez long temps dans un ouvrage. «La Malmaison entre Brimont entre les mains des Allemands, la Pompelle entre les mains des Français, prouveront pourtant que même de vieux forts démodés peuvent trois ans durant défier les assauts les plus formidables des deux adversaires.»

Donc, en février 1916, nous craignions de défendre les forts et, pour les empêcher de tomber entre les mains de l'ennemi, on préférait les faire sauter. C'est le sort qui était réservé à nos plus beaux ouvrages de Verdun. Mais le général Pétain arrive . Il était temps. Ramenant les esprits à une plus juste conception des fortifications permanentes, il prescrit aussitôt de décharger les fourneaux, de réarmer et de réparer les forts, d'y mettre des garnisons et des chefs capables de les défendre ; il rappelle que les abris, les obstacles, les observatoires, qu'ils offrent présentent une importance considérable justifiant une défense acharnée, même en cas d'encerclement. «La violence du bombardement n'a pas permis de réarmer des ouvrages comme Thiaumont et de Vaux. Mais le 23 juin 1916, le forts de Froideterre réparé arrête l'assaut ennemi grâce à l'intervention subite de sa tourelle de 75, «prépare même les contre-attaques dans une zone complètement abandonnée par nos troupes et où toute fortification de campagne a été anéantie, affirmant ainsi la supériorité incontestable de la fortification permanente sur la fortification improvisée».

La conclusion du général Normand est que «la fortification permanente a joué un rôle essentiel dans tous les temps, sur toutes les terres, dans toutes les guerres… Verdun, où tous les gros canons du monde ont en vain volatilisé leurs obus sur notre béton du temps de paix , prouve la valeur tactique des ouvrages faits d'avance. Nous avons constaté en outre leur valeur stratégique… Aucune autre guerre (celle de 1914 – 1918) n'a peut-être mieux prouvé l'utilité indiscutable des places fortes et porté à un pareil degré leur effet stratégique. Même celles qui cèdent jouent un rôle important auparavant. Leur existence contribue à la victoire de la Marne en retenant la valeur de sept corps d'armée à cet instant critique … La masse allemande s'engouffre sans s'en douter entre Verdun et Paris qui tiennent .»

Cependant, avant 1914, avec les idées en cours à la veille des hostilités on est bien obligé de constater que les forteresses n'avaient qu'une toute petite place dans nos pensées : les directives du plan XVII, pour les premières opérations de nos armées n'en faisaient aucune mention. Si on y faisait allusion, c'était pour les subordonner à des commandant d'armée ou pour en tirer des troupes. La guerre a remis les choses au point.

Le général Normand pose une dernière question : qu'avons-nous fait, depuis la paix, pour organiser notre frontière neuve de 1918 en Alsace-Lorraine et pour remettre en état nos vieilles forteresses de la frontière du Nord ? Va-t-on se désintéresser de tout ce qui concerne la fortification ? est-ce l'occupation de la Rhénanie qui nous garantit contre tout risque d'invasion ? Espérons-nous progresser et vaincre sur tout le front et n'avoir jamais besoin de nous appuyer à des camps retranchés ? Rappelons-nous que les «chefs les plus offensifs ont toujours été de grands bâtisseurs de places fortes». Le général Normand écrit encore : «L'idée que les ouvrages de campagne peuvent remplacer des ouvrages permanents est une des plus graves et des plus dangereuses erreurs auxquelles puisse entraîner l'étude superficielle de la guerre… Une bonne fortification est, avec une forte armée, le meilleur bouclier contre la guerre.»

En résumé, pas plus que les canons, les fortifications n'assurent à elles seules la victoire, mais elles y participent. Il faut donc en avoir. D'autre part, elles coûtent très cher . Ne nous laissons pas arrêter par cette considération car, comme le constate le général Normand, «les millions dépensés en paix sont des milliards économisés en guerre».

dimanche 21 juin 2009

goeland : 1 - pigeon : 0... ou le cannibalisme aérien







dune interdite


jeux de plage, jeux de vent





21 juin, on croirait presque l'été arrivé


Et l'agache de se promener insouciante




une simple rencontre dans les dunes


à mes amis lecteurs

A mes amis lecteurs, à mes amis tout court aussi, qui se sont reproduits, parfois avec acharnement, bonne fête des pères...

samedi 20 juin 2009

quand histoire et romance se mêlent





Tiré des archives que l'on m'a fait parvenir, la commission royale nommant d'Artagnan comme Gouverneur Militaire de Lille... L'histoire et le roman ne sont jamais très loin l'une de l'autre dans nos terres d'aventures.

Histoires du Nord soutient les veuves de l'Amiante

Amiante : Dunkerque, terre d'accueil d'une manifestation nationale

Maintien d'un juge d'instruction indépendant, renforcement des effectifs d'enquêteurs et tenue d'un procès pénal de l'amiante serviront de fil conducteur à la manifestation nationale de l'association ANDEVA, cet après-midi.
PAR LAURENT LEYS


Pourquoi Dunkerque ? - L'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (ANDEVA) organise pour la première fois une manifestation nationale à Dunkerque. Le choix de cette ville s'explique par le rôle joué par l'association régionale ARDEVA qui y a son siège. Depuis sa création en 1996, elle lutte en faveur des victimes avec, entre autres, des plaintes déposées au pénal dès 1997 (conclues par un non-lieu), la saisine répétée du Tribunal des affaires de sécurité sociale pour faire reconnaître la faute inexcusable des employeurs, l'organisation des marches des «veuves de l'amiante» (quatorze manifestations silencieuses entre décembre 2004 et janvier 2006, deux depuis avril).
Selon Pierre Pluta, président de l'ARDEVA, ces marches, relayées par les médias, ont permis de satisfaire deux revendications : le regroupement des plaintes déposées partout en France au pôle judiciaire de santé publique de Paris, composé de magistrats instructeurs spécialisés ; la création de cellules amiante avec des enquêteurs également spécialisés.
Le Dunkerquois reste une terre marquée par l'amiante, même douze ans après son interdiction en France. Chantiers navals, sidérurgie, bâtiment, port... : combien de milliers de salariés malades ou morts d'avoir respiré ces minuscules fibres cancérogènes ?

Quels mots d'ordre ? - Cette manifestation nationale donnera l'occasion de rappeler trois revendications : «un procès pénal des empoisonneurs, le maintien du juge d'instruction, le renforcement des moyens mis à sa disposition». Depuis des années, associations et victimes exigent un procès en correctionnelle pour que soient condamnés les responsables de «la plus grande catastrophe sanitaire» jamais connue en France. Elles déplorent le manque d'effectifs accordés à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique.
Et redoutent la disparition des juges d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy. Si tel était le cas, les enquêtes passeraient sous la coupe des procureurs de la République, hiérarchiquement dépendants du pouvoir politique. Pouvoir qui, selon l'ANDEVA, n'aurait aucun intérêt à voir mise en cause «la responsabilité des pouvoirs publics et des décideurs économiques».

Combien ?- Difficile d'estimer le nombre de manifestants attendus. Pierre Pluta avance le chiffre de «plus d'un millier» de personnes extérieures au Nord et au Pas-de-Calais. Parmi elles, figurent des Belges et des Italiens (un car). Il faudra y ajouter les adhérents de l'association et les non-adhérents qui n'ont pas eu besoin de s'inscrire. Ont appelé à soutenir la manifestation le Comité amiante des ex-dockers, l'ADVASUD-CGT (usine des Dunes de Leffrinckoucke), l'union locale CGT et les Verts du Dunkerquois. •
Les principaux rendez-vous de l'après-midi
Voici le parcours de la manifestation (un peu moins de trois kilomètres) qui commencera à 14 h de la stèle des victimes de l'amiante.

Parcours.- Après le rassemblement devant la stèle en mémoire des victimes de l'amiante (près du pont de la bataille du Texel, devant le bâtiment des Phares et Balises), la manifestation empruntera l'itinéraire suivant : rue de l'Amiral-Ruyter, rue l'Hermitte, quai de la Citadelle, parvis des droits de l'homme à la communauté urbaine, rue de l'Amiral-Ronarc'h, rue Clemenceau, place Jean-Bart, boulevard Alexandre-III, rue de l'Écluse-de-Bergues, rue Thiers, palais de justice, rue du Sud, rue Nationale, place Jean-Bart pour la dislocation.

Stèle.- Les veuves qui souhaitent déposer des fleurs se placeront à côté ou derrière la stèle. Les responsables des délégations italiennes et belges se tiendront à proximité du podium. Suivront une prise de parole de l'ARDEVA, une autre prise de parole et la remise du souvenir de la ville aux responsables des délégations italiennes et belges. Une cornemuse jouera durant le dépôt de fleurs par les veuves et des victimes, puis minute de silence. Le départ de la manifestation aura lieu entre 14 h 30 et 15 h.

Cortège.- Il se composera des veuves des associations (celles qui le souhaitent se placeront en tête) des délégations italiennes et belges, des associations de victimes de l'amiante, des autres associations et des syndicats.

Sous-préfecture.- Des lettres adressées par des veuves au président de la République seront remises au sous-préfet comme lors des deux précédentes marches des « veuves de l'amiante » de Dunkerque en avril et mai.

Palais de justice.- Environ 17 000 effigies symbolisant les victimes seront déposées devant le palais de justice par les responsables des associations de victimes.

Place Jean-Bart.- L'arrivée est prévue entre 16 h et 16 h 30. Les responsables de toutes les associations de victimes prendront place sur le podium. Les veuves, puis l'ANDEVA prendront la parole. •
In LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 20 juin 2009

Un calice retrouvé et une rançon non versée, des mois après le vol dans la cathédrale de Tournai

Plus d'un an après le vol commis dans la salle du trésor de la cathédrale de Tournai, un calice a été retrouvé.
Le 18 février 2008, un vol particulièrement audacieux mais minutieusement préparé était commis en pleine journée dans la salle du trésor de la cathédrale de Tournai. La partie romane de cet édifice qui figure au patrimoine mondial de l'UNESCO remonte à 1171.

Les voleurs masqués et lourdement armés semblaient parfaitement connaître non seulement les lieux mais aussi les systèmes d'alarme protégeant... ou ne protégeant pas à l'époque certaines vitrines. Alors qu'ils avaient contraint les personnes présentes à s'allonger sur le sol, les malfaiteurs sont parvenus à dérober dans un coffre sous alarme ainsi que dans plusieurs vitrines un des joyaux du trésor : la croix byzantine rapportée de Constantinople en 1205 mais aussi sept calices en or, des patènes (plats pour présenter l'hostie) et autres objets de culte. L'ensemble fut emporté avant que les forces de l'ordre n'arrivent sur place.

Assurée 25 millions
Depuis le 18 février 2008, les policiers enquêtent sur cette affaire mais restent discrets sur leurs investigations.
Au-delà des rumeurs qui ont circulé, on vient d'apprendre qu'une demande de rançon portant sur 250 millions d'euros avait été adressée à l'évêché de Tournai quelques jours après le vol de la fameuse croix byzantine sertie de pierres précieuses.
Cette croix était assurée pour vingt-cinq millions d'euros quand elle quittait la salle du trésor.
Selon le chanoine Navez, conservateur de la cathédrale, il n'a pas été donné suite à cette demande de rançon qui pourrait émaner d'un collectionneur rusé cherchant à monnayer sa «prise».
D'autre part, on a appris que l'un des sept calices en or et une patène avaient été retrouvés dans un lieu que les policiers ne divulguent pas pour poursuivre leurs investigations. Le calice a été très endommagé. Le chanoine Navez estime qu'il y a peu de chances que l'on retrouve les autres objets en or qui pourraient avoir été fondus. Les policiers de Tournai travaillent en étroite collaboration avec Interpol sur ce dossier. •
GUY BERRA
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 20 juin 2009

wallpaper 1440*900 : en souvenir du jeune Trulin


près des ailes d'un géant


wallpaper 1440*900 : recueillement


wallpaper 1440*900 : nostalgie


wallpaper 1440*900 : méditation


mardi 16 juin 2009

comme surprise, la tour du Reuze qui domine Dunkerque, se dévoile au hasard d'un reflet...

jeudi 11 juin 2009

des nouvelles de l'espace cutlurel TEREBENTHINE/Galeries TALENTS

Chères amies, chers amis,
Plus que quelques jours avant le vernissage d'inauguration de notre nouvelle collection! Dix artistes ont été sollicités pour vous surprendre, vous intriguer et vous émouvoir...
Nous mettons tout en oeuvre pour que cette soirée soit un moment privilégié et vous laisse un agréable souvenir!
Nous comptons sur votre présence samedi 13 à partir de 19h.
La presse et les artistes seront conviés dès 17h.
Cordialement,
Toute l'équipe de l'Espace Culturel TEREBENTHINE / Galerie TALENTS
> mail : contact@galerie-talents.fr
> blog : www.galerie-talents.fr > galerie : 2bis, rue de l'Impératrice 62600 Berck Plage
> horaires : Mer - Dim / 15h00 - 19h00
> téléphone : 03.21.94.59.28 (pendant les horaires d'ouverture)
> courrier : 1, rue du docteur Ménard 62600 Berck Plage

mercredi 10 juin 2009

archéologie : Sains-en-Gohelle: des centaines de corps retrouvés à l'emplacement d'un cimetière médiéval

Près de 700 squelettes, ainsi que les vestiges d'une église médiévale, ont été mis à nu sur une petite superficie de 600 mètres carrés. Ces étonnantes découvertes archéologiques ont retardé la construction d'une maison individuelle à cet endroit.

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Non loin de là, en 2007, des fouilles préventives avaient relevé les traces d'un village médiéval. Le diagnostic archéologique avait alors signalé la possible présence d'un cimetière voisin. «On s'attendait à découvrir environ 400 corps. En réalité, on en est déjà à 700. Et, à l'issue du chantier, on dépassera certainement le millier !», s'étonne Kévin Lolivier, topographe du site.

Le chantier devait s'achever en février, il a dû être prolongé de quelques mois. En tout, ils sont une vingtaine d'archéologues, spécialisés en anthropologie, à mener les fouilles avec précaution depuis novembre dernier. Partout, des traces d'ossements sont marquées d'un ruban rouge et blanc.
Au fil des semaines, les découvertes ont dépassé leurs espérances. «On a sorti jusqu'à dix squelettes par jour. On a retrouvé des vieillards, des enfants, des femmes, des hommes... Bref, tout un échantillon de population qui va nous permettre de mieux comprendre la société médiévale à Sains-en-Gohelle», commente Cédric Beauval, responsable du chantier. Linceuls, cerceuils ou coffrages en pierres, les types d'inhumations varient au gré du temps. Le cimetière date du VIIe au XIVe siècle. Une période longue, ce qui explique que les archéologues recensent parfois plus de cinq corps au mètre carré : «Comme la signalisation des tombes a peu à peu disparu, des corps ont été réenterrés par-dessus».
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La chapelle ruinée
Les ossements retrouvés sont exceptionnellement bien conservés. L'explication ? «La craie permet une très bonne conservation des vestiges, comme les os. Dans la région, c'est souvent le cas, contrairement à des régions comme le Sud-ouest où le sol sableux conserve mal les corps. » Les découvertes des archéologues ne s'arrêtent pas à ces centaines de corps. Les vestiges d'une église ont aussi été retrouvés. Le club historique de la ville a d'ailleurs fourni une carte datant de 1704 qui mentionne «la chapelle ruinée de Sains», au même emplacement. La petite église est composée d'une abside hémicirculaire, d'un choeur carré et d'une nef d'environ dix mètres. «Ces découvertes ravivent la mémoire collective : plus personne ici ne se souvenait d'un cimetière abandonné et d'une église en ruines», souligne Cédric Beauval. Désormais, ils font partie du patrimoine. Les squelettes découverts vont être transportés à Bordeaux, étudiés, consignés dans un rapport à destination du ministère de la Culture. À terme, ils seront entreposés dans un dépôt archéologique du Nord - Pas-de-Calais.
Conséquence pour le propriétaire du terrain : alors que le lotissement en construction est déjà bien avancé, le projet de maison individuelle sur sa parcelle a dû être retardé d'une année. Il pourra débuter, dès que le chantier archéologique sera achevé, fin juillet. •
C. L.
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In LA VOIX DU NORD, édition de Béthune du 10 juin 2009

lundi 1 juin 2009

Pour le coeur de Jeanne


toucher le ciel


Fleurs de Bitume à Euralille


flower power ?


wallpaper 1440 * 900 : quand le Diable s'amuse avec nous...


Du mois de juin 2009

Juin est un mois qui commence presque toujours avec des sautes d’humeur, comme le temps qu’il fait pendant le tournoi de Roland Garros. Cette période bien connue des météorologistes a été baptisée « la mousson d’Europe ». C’est un mois qui souffle le chaud et le froid, ce qui lui vaut toute une kyrielle de dictons, qui disent tout et le contraire, tant on a besoin que ce mois soit beau pour les foins et pour les moissons.
« Chacun sait, ma saison est belle,
Je suis le mois de juing nommé
Qui fait tondre, la chose est telle,
Brebis, moutons a grant planté.
En tous temps doit estre loué
Celluy qui tant de biens envoyé,
Car en mon temps, c’est vérité,
Abondent tous biens à montjoye… »

Grand Calendrier des bergers, Guiot Marchant 1496

Qualifié de «mois « brillant » de Charlemagne», sans doute à cause de la victoire de celui-ci sur les Lombards en 774. Juin est le mois des jours les plus longs, le mois des roses, de la fauchaison, de la fenaison dans le Midi, de la taille «au vert», des dernières semailles du maïs, du sarrasin et des légumes d’automne. C’est le temps des cerises, des groseilles, des framboises, de la splendeur de la nature et de ses récompenses. Juin nous amène les jours les plus longs avec douze minutes de plus soit une durée de seize heures pour la course du soleil, au moment de son solstice.

La pluie de juin est donc redoutée car si elle est persistante elle va entraîner un déficit de chaleur qui pourrait occasionner la dégénérescence des fruits et le pourrissement des fleurs. Le pollen entraîné par les averses, «coule» avant qu’il n’ait pu féconder les fleurs.
«Juin pluvieux vide celliers et greniers» ou encore «Eau de juin ruine le moulin» par voie de conséquence. !
«Temps trop humide en juin, au paysan est grand chagrin».
On préfère souhaiter du beau temps : «Beau mois de juin, change herbe rare en beau foin» ou «Beau temps en juin abondance de grain». La vigne participe à cette allégresse : «Prépare autant de tonneaux qu’en juin seront de jours beaux».

Las ! Juin c’est le mois de la Saint Médard, le saint sans doute le plus célébré par la verve «dictonne» : «S’il pleut à la saint Médard, il pleuvra quarante jours plus tard !». Il faut pourtant apporter ici une précision d’importance. Ce dicton daterait du XI ème siècle. A cette époque, on vivait encore sous le calendrier julien. La saint Médard était alors située le 20 juin, à proximité du solstice d’été qui était alors le 24 juin, période où la lumière solaire est la plus vivifiante, et époque où les influences astronomiques peuvent amener des troubles atmosphériques se traduisant par des orages et de la pluie. S’il fait beau ou pluvieux ce jour-là, les conditions de la saison s’en ressentiront sûrement. Cette forte croyance populaire avait donc sous le calendrier julien des bases météorologiques solides. Avec les modifications du pape Grégoire XIII en 1582, la saint Médard gagna douze places (8 juin) et sa pluie a perdu l’importance que les adages populaires continuent de lui prêter. On adopta alors saint Barnabé pour donner un sens restrictif aux dictons de la saint Médard. Mais les automatismes ont la vie dure ! «Quan ploou pers an Médar, De la recolto empouerto un quar ; Quan ploou pa, N’empouerto la mita.» (Quand il pleut pour la saint Médard, de la récolte il manque un quart, quand il ne pleut pas, il en manque la moitié).

En réalité, comme je l’ai si souvent rappelé ici, c’est de l’influence de la lune qu’il faut parler. Voyons donc où en est sa courbe avec les passages délicats qui sont toujours sources de perturbations.
La pleine lune est le 7 et elle sera à son apogée le 10. On peut penser qu’il pourrait faire beau temps. Voyez les nuances… malgré la saint Médard le 8 juin.
Pour ce qui est du personnage du saint et de sa fête en ce 8 juin, il n’y a qu’une lointaine relation de cause à effet. En effet saint Médard était un jeune picard, né à Salency, en 457, puis devenu évêque de Noyon. Il est connu pour être resté tout un jour sous une pluie battante – sans doute une de ces violentes pluies d’orages fréquentes en ces périodes - sans être mouillé. De là à en faire un « marchand de parapluies » !
Au siège de Namur, en 1692, la saint Médard n’a pas failli à sa renommée. «Le beau temps se tourna en pluies, de l’abondance et de la continuité desquelles personne de l’armée n’avait vu d’exemple, et qui donnèrent une grande réputation à saint Médard. Il plût ce jour-là à verse, et on prétend que le temps qu’il fait ce jour-là dure quarante jours de suite. Le hasard fit que cela arriva cette année. Les soldats, au désespoir de ce déluge, firent des imprécations contre ce saint en recherchant, des images et les rompirent et brûlèrent tant qu’ils en trouvèrent.» écrit Saint-Simon dans ces Mémoires.
On ne peut dissocier Saint Médard de son compère Barnabé. : «Quand il pleut à la saint Médard, si Barnabé ne lui ferme pas son bec, il pleut quarante jours après !» C’est ce qui justifie le dicton suivant : «Le jour de la saint Barnabé ( le 11 juin), est le plus beau jour de l’année.» C’est lui en effet qui vient : «Couper l’herbe sous les pieds» de son compère, baptisé de «grand pissard et «reboutonner sa culotte». Pour faire le pendant à son compère Médard, on dit que Barnabé était «marchand d’ombrelles» !

Mais s’il pleut pour la saint Barnabé, c’est un mauvais présage : «S’il pleut pour la saint Barnabé, mauvaise affaire !».Avec leurs compères Gervais et Protais que l’on confond souvent avec les saints de glace dont je vous ai entretenus le mois derniers, les choses ne vont pas mieux : «S’il pleut à la Saint Gervais ( ou la veille) pour les bleds, c’est mauvais signe, car d’iceux la tierce partie est ordinairement pourrie, à cause que pendant trente jours le temps humide aura son cours. Que si tel jour était serein, qu’on assure d’avoir du grain». Observons donc le temps de ce 19 juin pour les récoltes et aussi pour organiser nos fêtes et réunions de famille de cet été.

Le nouveau mois lunaire cette année, commence le 22, lendemain du solstice d’été, et la courbe de l’orbite lunaire à son périgée le 23. C’est dire qu’on peut prédire presque à coup sûr des perturbations atmosphériques ces jours-là. Ou des orages ! La fête de la musique et les feux de la saint Jean ne vont pas se dérouler sous les meilleurs auspices. Je peux me tromper. Je ne suis pas astrologue et encore moins météorologue.
Pour donner une note plus sereine je parlerai encore ici de la fête de la musique, désormais fixée au 21 juin alors que l’origine sa véritable origine serait à situer pour la belle fête de la Saint jean le 24, puisque c’est à cette fête que l’on doit le nom des notes de la gamme.
C’est un moine, Guy, de la petite ville d’Arezzo en Toscane, proche de Sienne, qui au XI ème siècle, en recherchant à la fois un système de notation musicale et un système de codification des intervalles musicaux, a imaginé ce qu’on désigne aujourd’hui par le mot de «gamme». Alors qu’auparavant les notes étaient choisies dans les premières lettres de l’alphabet, c’est lui qui inventa le procédé mnémotechnique par lequel on nomme les notes de la gamme dans les pays latins, à partir des syllabes initiales de chaque vers de l’hymne des Vêpres de la fête de saint Jean Baptiste :

Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli tuorum
Solve polluti
Labii reatum
Sancte Ioannes.

Ce qui signifie approximativement:( Pour que puisse résonner sur les cordes détendues de nos lèvres, les merveilles de tes actions, enlève le péché de ton impur serviteur, O saint Jean.) et n’a pas grand chose à voir avec la musique elle-même !

Ce détail historique est bien connu des bons amateurs de musique, même si quelques chercheurs tentent une nouvelle approche, comme récemment en 1988 MM Chailley et Viret dans La Revue Musicale, qui voudraient interpréter autrement cette origine du nom des notes. Ce serait dommage d’effacer cette jolie histoire !
La musique est bien au cœur du solstice et de la fête du grand saint Jean. Cette belle fête d’été se situe au moment où le soleil brille le plus longtemps. Elle a remplacé les fêtes païennes du solstice d’été et les feux de joie que l’on allumait un peu partout dans les campagnes au soir du 23 juin, tradition qui s’est perpétuée à travers les siècles et encore aujourd’hui dans nos campagnes et même à Paris au pied de la Butte de Montmartre. Seuls la sécheresse et les risques d’incendie, ou les orages, viennent perturber ces vieilles coutumes !

"A la Saint Jean, les feux sont grands". Pour ces feux, on collectait autrefois, fagots et bûches, de maison en maison : tout refus attirerait des calamités sur la famille ! A la nuit noire, le bûcher était allumé par le prêtre, ou parfois les derniers mariés, ou encore des enfants prénommés Jean ou Jeanne. Rondes et concours de sauts allaient bon train. On récitait des prières.

La fumée du feu de la saint Jean est sensée protéger enfants et animaux des maladies et paraît propice à la fécondité. C’est le moment, pour les jeunes couples, de faire connaître leur intention de mariage sautant au dessus du feu main dans la main. Pour autant, ce n’est pas la bonne époque pour la noce : gros travaux obligent ! On attribue aux feux de la saint Jean des pouvoirs «fécondants». On brûle plantes parasites et animaux répugnants comme les serpents, les rats, les crapauds. La braise, recueillie dans un sabot, est répandue dans un champ ou un jardin pour éloigner les nuisibles. Les cendres ont des vertus purificatrices pour les couples et les animaux ; Un tison placé sur le rebord de la fenêtre protège de la foudre ou de l'incendie.

Au matin de la Saint Jean, il est bon de puiser de l’eau à trois endroits différents pour se préserver des maladies de peau. La nuit du 23 au 24, à la clarté de la lune, «al rai de la luno», ou le matin, avant l’aube, il faut cueillir les fameuses «herbes de la saint Jean», «lis erbo de sant Jan» appelées aussi «li planto de la luna». C'est en effet, lors du solstice d'été que les plantes contiennent le plus d'énergie.
On en dénombre une bonne trentaine. La plus réputée est le millepertuis qui protège du tonnerre, chasse le diable. On l’appelle chez nous «l'erbo de l’oli rouge» car on fait infuser les sommités dans le l’huile. Auparavant on fait passer les graines cueillies, par trois fois dans la flamme du feu en criant : «Sant Jan la grano !». On l’appelle aussi la «casso-diable». Vient ensuite l'armoise ou «ceinture de saint Jean». Plutarque disait que l ‘écume ramassée sur l’infusion de cette plante, préservait les bergers de la morsure des serpents, et Apulée affirmait que porter de l’armoise sur soi empêche de sentir la fatigue du voyage. C’est l’herbe de la route bien connue des pèlerins. «Se sabiés li vertu de l’artemiso, n’en garniries l’orlet de ta camiso» "si tu savais les vertus de l’artémise, tu en garnirais l’ourlet de ta chemise". Elle passe pour avoir des vertus pour guérir le mal des yeux. On dénombre aussi l'orpin «poivre de muraille» ; la verveine qui aurait le pouvoir de prémunir contre les cauchemars ; l'immortelle «herbe de saint Pierre» ; la fougère mâle qui fleurit à minuit sonnant, et produit ses graines et les sème dans l'heure qui suit ; l'épervière, plante du soleil, employée par les druides pour chasser les démons, la sauge, la camomille, ou encore le salsifis sauvage pour préparer des remèdes capables de guérir bêtes et gens. Les pétales de lys seront présentés à la flamme puis mis à macérer dans l’eau de vie et serviront à soigner les plaies, notamment les brûlures, en prononçant cette formule : "Saint Jean le Désiré, où es-tu donc resté? Derrière un pied de blé fleuri et grainé ?" On trouve aussi dans la liste les feuilles de noyer et le lierre terrestre…

Ces plantes sont montées en bouquets, en croix ou en couronnes et mises au fronton des portes afin de porter bonheur, c'est : «le bouquet de la bonne aventure»
Nous n’oublierons pas, dans la nuit de la saint Jean, de cueillir les noix, ou les feuilles du noyer, pour faire le vin de noix à offrir aux amis.
Voilà pour ce mois de juin dont l’étymologie na pas été établie avec certitude. Peut-être que ce nom viendrait de l’époque de la république, à Rome et du premier consul Junius Brutus, fils adoptif de Jules César.
On dit aussi que «juin» viendrait de juniores, «jeunes gens», tout comme «mai» viendrait de majores, «hommes âgés». La chose la plus probable, compte tenu que le nom de ce mois vient du premier calendrier romain, est que «Juin» vient bien de Junon, selon une habitude courante chez les habitants du Latium à cette époque, de dédier à un dieu chacun des mois de l’année avant qu’on ne fixe des noms liés au système numérique.
C’est le mois des mariages et des mères à cause de la référence à Héra et la maturité qu’elle symbolise. Des quantités de croyances et légendes populaires en découlent dont par exemple la tradition en vigueur dans les temples de Junon qui voulait que les femmes se coiffent en séparant leur chevelure en deux, théoriquement avec la pointe d’une lance, pour symboliser la fusion des principes lunaire et solaire. C’est sans doute l’origine de cette coiffure des jeunes filles que l’on appelle les couettes !
C’est à cette date que les domestiques saisonniers sont loués pour les grands travaux de l’été : un nouveau cycle commence.

Bon mois de juin !
Addisias.
Jean Mignot le 1er du mois de Juin 2009