samedi 8 novembre 2008

Pour en finir avec la Grande Guerre

Officiellement, la Grande Guerre est terminée le 11 novembre 1918 à 11 heures… Mais ceci ne vaut que pour les combats et ne résout pas tous les problèmes pour autant. En décembre 1918, les autorités lèvent peu à peu les restrictions de l’état de siège. Si dès le 11 novembre, l’éclairage public est rétabli, il faut attendre un peu pour libérer les cafés, théâtres, cinémas, bals et autres lieux de plaisirs. Lentement, les dunkerquois retrouvent leur vie d’avant…

Et les absents ?
Bien que Dunkerque et les villes voisines n’étaient pas sur la ligne de front, elles occupaient une position stratégique et n’en furent pas moins des cibles privilégiées. Aux morts au champ d’honneur s’ajoutent les civils tombés sous le feu ennemi (le monument aux morts de Saint-Pol-sur-Mer, mêlant civils et militaires atteste de la saignée opérée dans la population). Il faut aussi réapprendre à vivre pour ceux qui, atteints dans leurs chairs, sont revenus blessés. La région dunkerquoise a son lot de «gueules cassées». Nombreuses sont les promesses de mariage reprises au retour de ces hommes défigurés, de rejet teinté de pitié à la vue des mutilés et de morts tardives et douloureuses pour ceux qui ont été gazés…

Puis il y a les prisonniers de guerre. A Dunkerque, on met en place des «centres de triage» dans les casernes et des cantonnements à l’entrepôt des tabacs, dans les hangars, dans des usines. On attend 2.000 rapatriés par jour. Dès le 23 novembre, des trains débarquent des centaines de prisonniers de toutes nationalités et le 27 à midi, on fait sonner le beffroi pour accueillir le premier convoi de prisonniers français arrivé aux Chantiers de France sur le Vapeur Nord. Nombreux sont ceux qui portent encore le pantalon de rouge de 1914 ! Chaque jour arrivent de nouveaux convois par bateau comme par train… Le centre de tri accueille des prisonniers militaires mais aussi des civils déportés par représailles. Jusque mai 1919, Dunkerque accueille environ 700.000 rapatriés militaires, prisonniers français ou alliés et évacués civils.

Enfin, il faut en même temps rapatrier les troupes qui quittent la région où leur présence n’est plus nécessaire. Le port est désigné en décembre comme l’une des bases de rapatriement des troupes britanniques. En attendant leur départ, elles cantonnent autour de la ville.

Ravitaillement et restrictions.
80 % des destructions de la Grande guerre sont sur le sol français. Le département du Nord accumule les épreuves. Sur l’étendue du front, il n’y a plus de routes, ni canaux, ni chemins de fer, ni téléphone, ni télégraphe. Des villes et des villages entiers ont été rayés de la carte, des milliers d’hectares sont balafrés de tranchées et de sapes, sans compter les milliers d’obus et d’explosifs qui jonchent les terres, souvent enterrés avec les cadavres des portés disparus… Nombre de cimetières improvisés constellent le département… Les autorités font le maximum pour relancer le trafic ferroviaire d’autant plus que de nombreux habitants regagnent leurs foyers. Rien qu’à Lille, un mois après l’armistice, plus de 200.000 habitants sont revenus chez eux. Revenir ne suffit pas, encore faut-il manger. Aussi deux organismes fonctionnent à Dunkerque : le Transit Maritime reçoit les marchandises amenées par vapeurs et la gare régularisatrice se charge de les expédier vers les grandes villes du département. Dès le début de janvier 1919, environ 600 tonnes de marchandises par jour sont expédiés depuis la cité dunkerquoise. Le monde entier est mis à contribution. Les navires frigorifiques débarquent sans cesse de nouvelles cargaisons de viande d’Argentine. La tâche est néanmoins énorme car Dunkerque manque de main-d’œuvre, de wagons, de camions…


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