jeudi 2 octobre 2008

Loos-en-Gohelle : Marianna et ses parents reconnus «Justes parmi les nations»

En connaissant les risques, Marianna et ses parents avaient hébergé deux enfants juifs pendant l'Occupation, ne voulant en tirer aucune gloire. À 85 ans, ce titre décerné par Yad Vashem ne va pas changer sa vie. Il lui procurera simplement davantage d'émotion au moment de retrouver Myriam et Norbert au mois de décembre.
Quand la date de la cérémonie officielle sera connue, pas sûr que Marianna se déplace en mairie ou dans une autre salle de Loos-en-Gohelle. La faute à la santé. À l'émotion aussi. Provoquée par ce lien fort noué avec Myriam (qui s'appelait alors Marie) et Norbert, d'abord de 1942 à 1950 puis par courrier, depuis leur départ pour Israël. Au moment où Émile Baudry les a sauvés, sachant qu'ils étaient dans la famille de Joseph Tysiak, les enfants étaient très jeunes.



Jointe hier, Marianna a eu ses mots simples à propos du titre de «Juste parmi les nations » : «Ah, là, là ! Bien sûr, je suis contente pour mes parents, car ils l'ont mérité. Mais vous savez, nous on n'est pas pour tout ça. On a fait le bien sans arrière-pensée. Je pense surtout à Marie et à Norbert. Yad Vashem n'a pas été ingrat, ils n'ont pas été oubliés.» Jacky traduit la pensée de sa mère : «Ils n'ont pas fait ça pour les honneurs. Le mérite en revient surtout à mes grands-parents qui, au moment d'héberger Marie et Norbert Cymbalista, avaient trois enfants : Jeanne, ma mère, qui avait 19 ans en 1942, et Stéphane. Ils étaient bons et humbles et avaient parfaitement conscience du danger qu'ils couraient en s'occupant d'enfants juifs.» Depuis juillet 2007, quand Myriam et Norbert sont venus la voir à Loos-en-Gohelle, Marianna dort plus mal qu'avant. Et pourtant, elle n'avait jamais perdu le contact, recevant du courrier de leurs kibboutz. Non, ce sont plutôt les sollicitations et les souvenirs qui reviennent.
Marianna et Jacky ont même reçu la belle-fille d'Émile Baudry avec son mari, cette dernière n'avait jamais retrouvé leur trace. Il a fallu un article de presse... «Pourtant, l'habitation n'a pas bougé, raconte Jacky. Après sa destruction, la maison a été rebâtie juste derrière. Comme ceux qui ont connu mes grands-parents et mes parents, je pense que cette maison a porté bonheur. Une main protectrice doit veiller sur elle et ses occupants. À travers l'histoire et les hasards de la vie, des événements heureux se sont passés ici. Pour la famille et pour Marie et Norbert qui ont eu la chance d'avoir une descendance. C'est... étrange. Oui, cette histoire est grandiose, avec des situations comme on n'en voit que dans les films...» Dans deux mois, quand Myriam Troper et son frère Norbert assisteront à la cérémonie, les gorges seront nouées. Les images de la triste période de l'occupation allemande, avec les peurs, reviendront à la surface. Il sera alors temps de tourner la page.
in LA VOIX DU NORD, édition de Lens du 2 octobre 2008

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La date de la cérémonie officielle vient d'être communiquée, ce sera le:
DIMANCHE 22 FEVRIER 2009 à 12 HEURES au FOYER OMER CARON DE LOOS-EN-GOHELLE