dimanche 22 juillet 2007

La mémoire de la terre à Saint-Amand-les-Eaux

À Saint-Amand, un supermarché sur un ancien atelier préhistorique

À Saint-Amand-les-Eaux, où sera construit un nouveau magasin Leclerc, d’importants vestiges de l’homme de Néandertal, vieux d’environ 50 000 ans, ont été mis au jour.
PAR HEDWIGE HORNOY
region@lavoixdunord.fr

Le site de Saint-Amand-les-Eaux pourrait bien devenir « un site majeur ». Pour l’instant, en France, le seul atelier de silex connu qui soit semblable à celui-ci se trouve dans l’Orne, à Saint-Brice-sous-Rânes.En septembre, le diagnostic archéologique, effectué sur le terrain de la future grande surface à l’entrée sud de Saint-Amand-les-Eaux, a révélé la présence de silex taillés, vieux d’approximativement 50 000 ans.

Des silex pour couper la viande Pour permettre la datation la plus précise possible, à 5 000 ans près, un spécialiste anglais est passé dans la semaine. « Il a dit qu’il pourrait effectuer une datation par thermoluminescence. Et si celle-ci se révèle positive, le site prendra une plus grande ampleur », explique Philippe Feray, l’archéologue en chef du chantier. Les archéologues de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont donc fait une découverte essentielle.Depuis le 17 janvier 2001, la loi prévoit l’intervention des archéologues en préalable aux chantiers d’aménagement du territoire. Grâce à quoi, parfois, des sites d’occupation humaine, préhistoriques ou historiques, sont mis au jour.Le 25 avril, l’équipe de professionnels de l’INRAP s’est mise à l’oeuvre. Très vite, les pièces découvertes se sont révélées très bien conservées. « Du sable venu de la vallée a recouvert le site il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Ça a permis la fossilisation et la stabilisation des silex. Leur état est exceptionnel », souligne l’archéologue.Bientôt les grues… À ce jour, ce ne sont pas moins de 60 bifaces, des outils servant à couper la viande ou les végétaux, à tailler ou à racler les peaux de bêtes, qui ont été découverts. « Mais nous récoltons également les éclats, issus de la taille. Nous venons de passer la barre des 12 500 pièces. » Cela va permettre de retracer le cycle de vie du silex, du façonnage initial à l’abandon, en passant par les tailles successives, sorte de recyclage de l’outil.« Cet atelier est un apport très important pour comprendre la vie quotidienne de l’homme de Néandertal. » Et pour tenter de mieux comprendre encore, et de réfuter ou valider certaines hypothèses, un « collègue qui maîtrise parfaitement la taille du silex est venu faire une expérimentation de façonnage sur place. Nous pouvons observer comment, en deux mois, les éclats évoluent sur le sol. Ici, on peut voir que le sable venu de la vallée en recouvre déjà une partie », expose l’archéologue en montrant du doigt un amas de petits éclats. Mais l’équipe devra replier bagage au plus tard le 3 septembre, pour laisser place aux ouvriers, aux grues et à la grande surface. •

In LA VOIX DU NORD, édition régionale du 22 juillet 2007

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