mardi 27 mars 2007

UNESCO : l’autre bataille des citadelles

PATRIMOINE
Arras brigue l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité. D’autres villes de la régionpréparent un dossier avec des cités belges et néerlandaises
Après les beffrois, après les géants, plusieurs places fortes et villes fortifiées de la région vont-elles obtenir le prestigieux label du patrimoine mondial délivré par l’UNESCO ?


La bataille se livre en deux temps et en ordre dispersé. La citadelle d’Arras concourt au sein du réseau Vauban dès cette année. Treize autres communes du Nord - Pas-de-Calais sont encore en phase de montage d’un dossier franco-belgo-néerlandais baptisé « Septentrion », pour plus tard.

PAR DOMINIQUE SERRA
region@lavoixdunord.fr

La citadelle d’Arras sera fixée sur son sort dès cet été. C’est en effet entre le 23 juin et le 2 juillet que le comité mondial du patrimoine, qui se réunit cette année à Christchurch en Nouvelle-Zélande, opérera sa sélection. Une quarantaine de dossiers émanant des cinq continents, chacun présenté par son pays, seront candidats à l’obtention du prestigieux label de l’UNESCO. La France en compte déjà une trentaine sur son sol et, pour 2007, c’est le dossier Vauban qu’elle met en avant. Il comporte quatorze sites répartis dans l’Hexagone (lire ci contre).Mais un dossier peut en cacher un autre. Si pour le réseau Vauban, avec Arras, les choses sont allées vite afin de coïncider avec le tricentenaire de la mort du fortificateur, le réseau Septentrion est en gestation depuis plus longtemps.Les premiers contacts associant dix-neuf villes fortes du Nord - Pas-de-Calais mais aussi de Belgique (Charleroi, Bruxelles, Ypres) et des Pays-Bas (Maastricht, Lanaken, s’Hertogenbosch) remonte à 1995.Le conseil général du Nord (le premier concerné avec neuf communes fortifiées adhérentes à cette opération) a pris un rôle de pilote en lançant officiellement ce dossier fin 2003.

Trois pays
« La procédure est originale parce qu’elle implique trois pays, concerne une période qui va du XVIe au XVIII e siècle sur une zone frontière qui fut le champ de bataille de l’Europe », résume Freddy Dolphin, qui coordonne ce dossier pour le conseil général.Septentrion ne se limite donc pas au travail de Vauban. « Il y a de l’avant-Vauban, de l’après-Vauban, beaucoup de villes étaient fortifiées avant son passage, il y a fait des aménagements, de la modernisation. À Gravelines, par exemple, il n’a pas fait grand-chose », explique Freddy Dolphin.Les cités appartiennent à ce fameux pré carré, cette double ligne de places fortes conçues pour protéger la frontière. Beaucoup participent chaque année en avril au week-end des villes fortifiées avec des animations tournées vers le grand public.« Il ne s’agit pas de mettre des villes sous cloche, mais de s’appuyer sur leur patrimoine. Parfois les fortifications ont disparu, mais elles continuent de dessiner la cité, de structurer l’espace et la vie des habitants », indique encore Freddy Dolphin.

« De la ville forte à la ville durable », c’est sous ce titre que le dossier Septentrion veut préparer sa candidature. Elle prend racine dans une région transfrontalière qui compte la plus forte densité de villes fortifiées d’Europe. D’autres réseaux existent en Espagne, en Angleterre ou en Italie, dans la plaine du Pô.Chez nous, entre mer du Nord, Meuse et Escaut, le label n’apporterait pas d’argent mais serait synonyme comme ailleurs de notoriété et de rayonnement touristique.Des fonds européens ont permis d’étoffer le projet. Les villes partenaires ont signé une charte. Le dossier devrait être bouclé à la fin de l’année. Il intégrera alors la file d’attente des candidatures pour le label UNESCO, sachant que chaque pays ne peut présenter qu’un dossier par an. Rien n’est gagné donc.

La nature et l’eau
Le dossier « Septentrion » comptera des « carnets de ville » pour chaque cité partenaire. On y trouvera aussi des projets d’aménagements qui font souvent la part belle à la place de l’eau et de la nature dans la cité. Autre priorité : faire en sorte que les habitants se réapproprient leur ville et son histoire par un balisage, des circuits d’interprétation, des événements festifs et culturels. Les imprenables places fortes doivent se transformer en lieux pour tous.

In LA VOIX DU NORD, édition régionale du 27 mars 2007

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