mercredi 29 novembre 2006

pas très régional mais...


... mais avec de tels yeux, je n'ai pas pu résister... Ouch, je serais même prêt à quitter la biffe et signer chez les bleus...

mardi 28 novembre 2006

Une bonne action à partir de demain mercredi

" Commandez en ligne le 1er Calendrier 2007 de la Patrouille de France, une édition Limitée et numérotée "




Ce calendrier est le fruit de la collaboration de la Patrouille de France et de tous ses personnels avec la Fondation des oeuvres sociales de l'air (à qui seront versés tous les bénéfices de la vente) et la société UPSILOG du photographe Philippe Doignon.
Ce calendrier est édité à 10 000 exemplaires, numérotés et vendus exclusivement sur Internet durant le mois de décembre.

La vente sera très rapide, compte tenu du nombre de calendriers volontairement limité.
Ainsi, il restera un produit d'exception que tout passionné de l'air se doit d'avoir chez lui...
(Tout à fait entre nous... Encore une bonne idée de cadeau à faire... ou à se faire offrir et connaissant l'équipe au sol - relations Publiques, rampants, etc... comme celle des navigants, les pages seront exceptionnelles)
Pour le commander à partir de demain : http://www.calendrier-paf.com/

Mémoire des Bleus


A Cassel veille Foch


A Némésis

Lamartine le composa à Bergues, à l'Auberge de la Tête d'Or sur la place du Beffroi .













A Némésis

Non, sous quelque drapeau que le barde se range,
La muse sert sa gloire et non ses passions !
Non, je n'ai pas coupé les ailes de cet ange
Pour l'atteler hurlant au char des factions !
Non, je n'ai point couvert du masque populaire
Son front resplendissant des feux du saint parvis,
Ni pour fouetter et mordre, irritant sa colère,
Changé ma muse en Némésis !

D'implacables serpents je ne l'ai point coiffée ;
Je ne l'ai pas menée une verge à la main,
Injuriant la gloire avec le luth d'Orphée,
Jeter des noms en proie au vulgaire inhumain.
Prostituant ses vers aux clameurs de la rue,
Je n'ai pas arraché la prêtresse au saint lieu ;
A ses profanateurs je ne l'ai pas vendue,
Comme Sion vendit son Dieu !

Non, non : je l'ai conduite au fond des solitudes,
Comme un amant jaloux d'une chaste beauté ;
J'ai gardé ses beaux pieds des atteintes trop rudes
Dont la terre eût blessé leur tendre nudité :
J'ai couronné son front d'étoiles immortelles,
J'ai parfumé mon coeur pour lui faire un séjour,
Et je n'ai rien laissé s'abriter sous ses ailes
Que la prière et que l'amour !

L'or pur que sous mes pas semait sa main prospère
N'a point payé la vigne ou le champ du potier ;
Il n'a point engraissé les sillons de mon père
Ni les coffres jaloux d'un avide héritier :
Elle sait où du ciel ce divin denier tombe.
Tu peux sans le ternir me reprocher cet or !
D'autres bouches un jour te diront sur ma tombe
Où fut enfoui mon trésor.

Je n'ai rien demandé que des chants à sa lyre,
Des soupirs pour une ombre et des hymnes pour Dieu,
Puis, quand l'âge est venu m'enlever son délire,
J'ai dit à cette autre âme un trop précoce adieu :
"Quitte un coeur que le poids de la patrie accable !
Fuis nos villes de boue et notre âge de bruit !
Quand l'eau pure des lacs se mêle avec le sable,
Le cygne remonte et s'enfuit.

"Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle,
S'il n'a l'âme et la lyre et les yeux de Néron,
Pendant que l'incendie en fleuve ardent circule
Des temples aux palais, du Cirque au Panthéon !
Honte à qui peut chanter pendant que chaque femme
Sur le front de ses fils voit la mort ondoyer,
Que chaque citoyen regarde si la flamme
Dévore déjà son foyer !

Honte à qui peut chanter pendant que les sicaires
En secouant leur torche aiguisent leurs poignards,
Jettent les dieux proscrits aux rires populaires,
Ou traînent aux égouts les bustes des Césars !
C'est l'heure de combattre avec l'arme qui reste ;
C'est l'heure de monter au rostre ensanglanté,
Et de défendre au moins de la voix et du geste
Rome, les dieux, la liberté !

La liberté ! ce mot dans ma bouche t'outrage ?
Tu crois qu'un sang d'ilote est assez pur pour moi,
Et que Dieu de ses dons fit un digne partage,
L'esclavage pour nous, la liberté pour toi ?
Tu crois que de Séjan le dédaigneux sourire
Est un prix assez noble aux coeurs tels que le mien,
Que le ciel m'a jeté la bassesse et la lyre,
A toi l'âme du citoyen ?

Tu crois que ce saint nom qui fait vibrer la terre,
Cet éternel soupir des généreux mortels,
Entre Caton et toi doit rester un mystère ;
Que la liberté monte à ses premiers autels ?
Tu crois qu'elle rougit du chrétien qui l'épaule,
Et que nous adorons notre honte et nos fers
Si nous n'adorons pas ta liberté jalouse
Sur l'autel d'airain que tu sers ?

Détrompe-toi, poète, et permets-nous d'être hommes !
Nos mères nous ont faits tous du même limon,
La terre qui vous porte est la terre où nous sommes,
Les fibres de nos coeurs vibrent au même son !
Patrie et liberté, gloire, vertu, courage,
Quel pacte de ces biens m'a donc déshérité ?
Quel jour ai-je vendu ma part de l'héritage,
Esaü de la liberté ?

Va, n'attends pas de moi que je la sacrifie
Ni devant vos dédains ni devant le trépas !
Ton Dieu n'est pas le mien, et je m'en glorifie :
J'en adore un plus grand qui ne te maudit pas !
La liberté que j'aime est née avec notre âme,
Le jour où le plus juste a bravé le plus fort,
Le jour où Jehovah dit au fils de la femme :
" Choisis, des fers ou de la mort ! "

Que ces tyrans divers, dont la vertu se joue,
Selon l'heure et les lieux s'appellent peuple ou roi,
Déshonorent la pourpre ou salissent la boue,
La honte qui les flatte est la même pour moi !
Qu'importe sous quel pied se courbe un front d'esclave !
Le joug, d'or ou de fer, n'en est pas moins honteux !
Des rois tu l'affrontas, des tribuns je le brave :
Qui fut moins libre de nous deux ?

Fais-nous ton Dieu plus beau, si tu veux qu'on l'adore ;

Ouvre un plus large seuil à ses cultes divers !
Repousse du parvis que leur pied déshonore
La vengeance et l'injure aux portes des enfers !
Ecarte ces faux dieux de l'autel populaire,
Pour que le suppliant n'y soit pas insulté !
Sois la lyre vivante, et non pas le Cerbère
Du temple de la Liberté !

Un jour, de nobles pleurs laveront ce délire ;
Et ta main, étouffant le son qu'elle a tiré,
Plus juste arrachera des cordes de ta lyre
La corde injurieuse où la haine a vibré !
Mais moi j'aurai vidé la coupe d'amertume
Sans que ma lèvre même en garde un souvenir ;
Car mon âme est un feu qui brûle et qui parfume
Ce qu'on jette pour la ternir.


Souvenir de la Guerre de 1870 au coeur de Cambrai.

Les caresses des yeux

Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.

Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;

Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?

Auguste Angellier

le calendrier de décembre est arrivé


Histoire de changer de wallpaper...

dimanche 26 novembre 2006

Dunkerque "by night"... suite


Que faire le soir venu à Dunkerque? Bonne question, en réalité pas grand chose hors de la saison du carnaval. Nuit douce, clémente... Il n'en fallait pas plus pour être pris d'une irrémadiable envie de me promener appareil au poing... Direction Rosendaël pour changer un peu du centre-ville. L'ancien Hôpital, dédié maintenant aux personnes âgées, prend dans la nuit des allures de vieux manoir... hanté?


Derrière de hautes grilles, l'ancien hôpital de Dunkerque s'habille de lumières.

Tel une tour de guet, le beffroi de Rosendaël surplombe la ville




Promenade autour du Monument du Cinquantenaire de Rosendaël










La villa Ziegler, autrefois demeure de maître, abrite aujourd'hui la Maison de la Nature et de l'Environnement de Dunkerque.


Construite en bordure d'un beau parc arboré, une des dernières villas de bois de Dunkerque semble échappée d'un autre âge.


A cette heure avancée, la villa Ziegler prend des aspects fantômatiques...

samedi 25 novembre 2006

L'aide aux sinistrés dans le Nord pendant la dernière guerre: le cas saint-polois

L’action municipale au profit des populations occupées (1940 – 1945) :
le cas de Saint-Pol-sur-Mer


L’occupation de la Zone Nord, placée sous l’autorité directe du commandement allemand de Bruxelles, installé au Palais de Laaken, a fait l’objet de nombreuses études et recherches[1] mais la commune de Saint-Pol-sur-Mer est un cas un peu spécial puisqu’elle subit de plein fouet sa proximité avec Dunkerque, port convoité par les Allemands et occupé jusqu’au dernier jour du conflit au même titre que les « Poches de l’Atlantique »[2].

Commune limitrophe du port de Dunkerque, elle est touchée par les combats dès les premiers jours de l’invasion allemande : les bombardiers lâchent des tapis de bombes sur l’agglomération en visant les infrastructures ferroviaires, portuaires et pétrolières tout comme les grandes usines[3]

Les affrontements de l’opération Dynamo y font de nombreuses victimes et, comme dans le reste de l’agglomération, la population civile s’est trouvée prisonnière de l’inexorable avancée des troupes du IIIe Reich. La ville passe sous occupation ennemie et ce, jusque au 9 mai 1945, puisque le Vice-amiral Frisius, n’accepta la reddition que sur ordre de l’Amiral Doënitz, successeur d’Hitler.



Se préparer au pire

Comme en 1914, on se prépare activement au conflit dès le 10 septembre 1939 : ordre est donné de mettre en place la Défense Passive. Nul ne doute que la commune est sur la liste des objectifs, et combien même, sa proximité immédiate avec le port dunkerquois laisse penser à raison qu’elle subira des dommages collatéraux.

Les subventions allouées sont insuffisantes car il faut « de plus de mille deux cents mètres courants de tranchées, l’aménagement des postes de secours, salle de maternité, la consolidation des caves malgré le concours bénévole de la population civile »[4].Il faut aussi aider les hommes sous les drapeaux : ainsi au conseil municipal du 28 janvier 1940, Charles Duriez[5] rend compte au conseil municipal « qu’à la suite du vote d’un crédit précédent de 15.000 francs, plus de 300 colis ont été envoyés à des mobilisés de Saint-Pol-sur-Mer mais qu’il reste encore beaucoup d’appelés qui n’ont pas encore reçu de colis. Il demande au conseil municipal de voter un nouveau crédit de 15.000 francs à prélever sur les fonds libres de l’exercice 1939 pour permettre à l’œuvre « aide aux soldats combattants » d’adresser un colis à ceux qui n’en ont pas reçu. ».


Une marge de manœuvre inexistante dans la gestion municipale

En qualité de ville occupée, la gestion de la commune ne passe pas entièrement sous administration de l’occupant. Celui-ci installe une Ortskommandantur dans la mairie et édicte immédiatement une kyrielle d’arrêtés, d’interdits et de mises en garde que doit appliquer le conseil municipal alors même que celui-ci n’a plus que la gestion des affaires civiles – entendons par là la gestion des situations sociales. La municipalité doit jongler entre restrictions de circulation, gestion des dommages de guerre (donc du problème crucial du relogement) et approvisionnement en produits nécessaires à la vie courante tels que vêtements, nourriture et chauffage.

La municipalité menée par Charles Duriez est alors (déjà) confrontée aux problèmes de précarité : le bureau de bienfaisance octroie sans cesse plus de dons et il importe de trouver des aides pour les chômeurs : la population est constitue essentiellement de dockers, d’ouvrières en filature et de petits commerçants, privés de ressources par l’arrêt des usines et du port.



L’installation dans l’économie de guerre

1940 s’annonce comme un exercice difficile, il faut s’assurer de nouveaux moyens de financement car les dépenses sont extraordinaires : nul ne peut par avance chiffrer les besoins. Il faut même se résoudre à débloquer des fonds (60.000 francs) pour les « dépenses causées par fait de guerre »[6].

Les destructions sont nombreuses dans la commune mais aucune mention n’est faite de la bataille de Dunkerque ou de l’entrée des troupes allemandes venues prendre possession des lieux. Les fonds municipaux sont sans cesse sollicités et les entrées d’argent se font de plus en plus rares : qui peut travailler dans une ville sinistrée, adossée à un port interdit au commerce et où la navigation est rendue impossible alors que l’essentiel de l’activité est liée au trafic portuaire?

Le conseil municipal multiplie les demandes d’aides aux gouvernements successifs[7]. Il doit aussi apporter son soutien aux prisonniers de guerre : plus de 600 saint-polois sont en effet retenus dans les camps allemands. Le maire obtient donc du conseil[8] l’achat de produits destinés à l’élaboration de ces colis pour pallier les difficultés « qu’éprouvent les familles de prisonniers pour obtenir les produits nécessaires à la confection des colis et signale que par l’intermédiaire du Secours National du chocolat, des conserves et des biscuits ou pains d’épices peuvent être obtenues par les collectivités. »

Un crédit de trente mille francs est alors alloué pour l’achat de produits destinés à la confection de colis pour les prisonniers de guerre, mais la gestion n’est pas municipale pour autant car le conseil désigne « M. Desoutter, directeur du Comptoir Linier[9], trésorier de l’œuvre du colis au Prisonnier et du Secours National comme régisseur à qui l’avance des fonds seraient faits par le receveur municipal ». Le 6 octobre 1941, l’opération est réitérée, preuve s’il en est des difficultés d’approvisionnement qu’éprouvent les habitants autant que des faibles subsistances que reçoivent les prisonniers : « l’œuvre du colis aux prisonniers, créée à Saint-Pol-sur-Mer, sollicite une subvention pour lui permettre de confectionner et d’envoyer des colis aux six cents prisonniers de guerre que compte la commune ». Soixante mille francs, la somme est conséquente et sera payée au fur et à mesure de ses besoins au trésorier du groupement. La précarité avance à grands pas…

Comme si cela ne suffisait pas, il incombe au maire de donner son avis au Préfet du Nord sur les loyers des habitations provisoires mises à disposition des sinistrés, du moins lorsque celles-ci seront effectivement livrées[10]. La ville est dans un état avancé de délabrement.



La réorganisation des corps municipaux par Vichy ne change rien

L’année 1942 marque un changement dans le fonctionnement des communes. En effet, les conseils ne sont plus élus mais nommés par le Préfet, représentant de l’Etat Français.

C’est ainsi que Charles Delacre[11] installe son équipe municipale le 15 mars 1942 en présence du Sous-préfet de Dunkerque[12]. Le discours ne peut néanmoins passer sous silence les conditions matérielles désastreuses de ses concitoyens, bien que l’on dénote un certain angélisme en parlant simplement de rendre la ville plus belle et plus prospère[13] : « Notre plus grande préoccupation sera la bonne administration de la ville à la population essentiellement ouvrière et laborieuse, nous nous dépenserons sans compter avec le meilleur de nous-même.

Permettez-moi d’adresser un souvenir aux victimes de la guerre ; notre pensée va également vers nos chers prisonniers qui sont au nombre de 573, nous continuerons à nous occuper de ces chers absents, nous nous mettrons en relation avec ces personnes dévouées qui s’occupent de ce comité d’entraide et dont la vigilance est digne d’éloge et que nous remercions.

Nous connaissons le courage de la population devant les derniers évènements, son travail persévérant, ses initiatives. Nous devons, avec toutes ces qualités, arriver à faire notre commune plus belle et plus prospère. »

La première préoccupation de ces conseillers nommés est identique à celle de leurs prédécesseurs : lever des fonds. Le premier réflexe, en absence de rentrée fiscale, ne peut qu’être de se tourner vers l’Etat alors que celui-ci n’a pas les mains totalement libres dans la zone occupée et qu’il doit aux Allemands d’exorbitantes indemnités d’occupation quotidiennes.

La demande de classement de la commune est cependant adressée le jour même de l’installation du conseil, profitant, il faut en convenir, de la présence du Sous-préfet, lui-même chargé d’une sous-préfecture particulièrement appauvrie par les dommages de guerre : « L’assemblée demande à M. le Sous-préfet de vouloir bien intervenir pour que Saint-Pol soit classée dans les localités bombardées à partir du 1er juillet 1941 tout comme Dunkerque, Coudekerque-Branche et Petite-Synthe alors que Saint-Pol n’est classée qu’à partir du 1er janvier 1942 et demande que cette iniquité soit relevée. Saint-Pol a été bombardée autant sinon plus que Dunkerque-Petite-Synthe et que nous pensons qu’il s’agit simplement d’une erreur de l’administration »[14]. Quoique tardive, cette reconnaissance permet d’obtenir plus de subventions et de bénéficier du système de parrainage instauré par Vichy.



Des demandes de secours sans cesse plus lourdes

L’activité en faveur des sinistrés connaît de surcroît un regain alors que les restrictions se font encore plus sévères. Le même jour, on décide d’un contrôle plus strict des déplacements de l’ambulance – dont l’essence est rationnée – en notant par ailleurs une nette augmentation des sorties des pompiers et de l’utilisation des pompes. Il faut aussi solliciter le Secours National pour obtenir des colis en nature pour les hospitalisés. la situation n’étant guère meilleure à Dunkerque, les malades ne peuvent essentiellement compter que sur leurs proches pour être ravitaillés. Ceci est d’autant plus mal aisé que peu de produits de consommation courante arrivent à Saint-Pol-sur-Mer et celles-ci affichent une flambée des prix qui les mettent hors de portée des populations les plus pauvres. En avril 1942, il devient essentiel d’obtenir une meilleure dotation en charbon pour le chauffage individuel : la quotité disponible a été fortement réduite à partir de ce mois alors que le temps n’est pas clément et que les habitations, endommagées, en mauvais état, n’offrent plus le plus souvent une protection nécessaire.

Ce n’est pas mieux en ce qui concerne les vivres. La demande des conseillers municipaux[15] d’une révision des prix du poisson et des crevettes se fait plus pressante, chiffres à l’appui pour « permettre ainsi à une population laborieuse de profiter plus largement de ce moyen de ravitaillement » :

« Considérant que le prix de vente aux consommateurs du poisson et des crevettes représentait avant septembre 1939 au kilo
Limandes (espèce de qualité moyenne) 4,25
Harengs frais 2,50
Crevettes cuites 7,50

Par rapport aux prix actuellement imposés
Limandes 27,50
Harengs frais 19
Et salés 27
Crevettes cuites 30, 40

Le poisson de choix variant de 33,50 à 53,80, le hareng salé taxé à 27 francs sera porté prochainement à 29,50. La marge, aux différents échelons de la vente, parait particulièrement importante.
C’est ainsi que pour le prix, en harengs frais, le décompte s’établit comme suit :

Commission départ de Gravelines 2,50
Redevance pour le comptoir 0,50
Frais de transport 0,25
Gain théorique du vendeur 4,75


En ce qui concerne les crevettes cuites, l’écart entre les prix aux détaillants et ceux aux consommateurs représente 10, 45 au kilo. »

L’on manque de tout dans la commune : pas assez de chevaux pour les corvées, manque de pommes de terre et de légumes secs dont on demande la livraison avant les gelées. Les prix de vente au public sont extrêmement volatiles ou font l’objet de malversations[16] : il faut par la suite se résoudre à faire respecter leur affichage[17]. Les ressources et subventions ne suffisant plus, on demande de réviser la fiscalité locale par une application de taxes plus fortes. Seule solution trouver : appliquer la taxe maximale sur les spectacles[18]. Décidément, il ne reste plus grand chose à la population pour sortir du quotidien.

La sécurité laisse aussi à désirer car s’il est manifeste que l’on manque de tranchées-abris, la pénurie de matériaux empêche que l’on en ouvre de nouvelles. La situation est désespérée et seul un exode pourrait laisser penser à la population qu’elle obtiendrait un sort meilleur, encore faut-il savoir où aller… et espérer recevoir un bon accueil.



Une « intercommunalité » inévitable

Comme lors de la Première Guerre Mondiale, les communes de l’agglomération sont forcées de collaborer.
Ainsi, au conseil du 27 septembre 1942, M. Verreman « fait connaître notamment qu’après de nombreuses démarches, il a réussi à obtenir la fourniture de 2 baraquements par la ville de Rosendaël et ce pour remédier au manque de classes dans les écoles. Par son intervention, les frais de construction furent pris en charge par la Reconstruction Immobilière et il a été accordé de monter ces baraquements avec des cloisons en briques et des toits en tuiles. »
L’on s’installe dans le provisoire qui dure… De même, l’on apprend que « la ville de Dunkerque a fait parvenir la somme de 5.000 francs en remerciements de nos remises de colis gratuits aux prisonniers dunkerquois dont les parents habitent St-Pol. Cette somme a été versée au Comité des Prisonniers ».
Aucun acteur de la Protection sociale n’est épargné par le manque de moyens et de vivres : « Suivant la promesse faite aux vieillards lors de la visite du mois de juin aux hospices de Dunkerque, une somme de 30 francs a été remise à chacun d’eux par l’intermédiaire de M. Hecq, directeur des hospices. Le service des soupes populaires marche à la satisfaction de tous ». L’activité est en augmentation sensible : 21.625 rations ont été distribuées en mai 1942, 21.750 en juin, 22.375 en juillet.



La mise en place des villes-marraines

Le conseil fait en même temps appel à la solidarité de villes qui sont moins touchées, par le truchement d’un système de villes-marraines[19]. La ville d’Evian, sollicitée en premier, finit par refuser en raison de difficultés financières mais le conseil reçoit l’assurance que cette dernière lui enverra le produit des recettes de fêtes et annonce par la même occasion l’envoi d’une somme de 40.000 francs[20] qui ne tarde pas à arriver car au conseil suivant, le 29 novembre 1942, Charles Delacre peut annoncer l’arrivée de la somme promise par la ville d’Evian-les-Bains et propose d’en prélever les aides à accorder aux oeuvres ci-après : 2.000 francs à l’ouvroir « Saint-Benoît », 2.000 francs à l’ouvroir « N-D de Lourdes », 2.000 francs à l’ouvroir de la cité des Cheminots. Ces dernières sommes, à l’exception de la Cité des Cheminots à qui n’est alloué que 1.000 francs, sont aussitôt votées. Une seconde somme de 40.000 francs arrive début avril 1943

La situation des Saint-Polois se dégrade encore plus en novembre 1942. Le contexte général ne plaide pas pour une amélioration : les besoins de l’occupant, en très grande partie à la charge de l’Etat Français, ne sont pas près de se réduire depuis l’invasion de la zone dite libre. Il faut renforcer l’intervention directe de la commune auprès de ses concitoyens car ils manquent singulièrement de produits de base : « La fourniture des soupes aux écoliers est commencée depuis le 12 octobre. Nous livrons actuellement près de 2.000 rations par jour. Ce service coûtera cette année près de 100.000 francs avec les frais d’installation. Nous devons envisager pour le mois de novembre une distribution totale de 50.000 rations dont environ 15.000 pour les indigents, distribution gratuite et 35.000 pour les écoliers – rations vendues 25 centimes. D’autre part le Secours National nous seconde également dans les fournitures nécessaires pour ces soupes jusqu’à concurrence d’une valeur de 0,40 centimes par ration. ».

Toutes les catégories d’âge sont concernées et les aides se multiplient : « en accord avec le représentant du Secours National, une distribution de pain et de confiture est faite chaque samedi aux enfants des Ecoles maternelles» [21]. En même temps, les catégories de personnes à secourir s’accroissent : aux prisonniers et aux sinistrés s'ajoutent les membres des familles des habitants arrêtés par les Allemands.

On accueille avec enthousiasme l’annonce du gouvernement. En plus de l’aide promise par la ville d’Evian, le gouvernement annonce au conseil municipal que la ville de la Guadeloupe des Antilles françaises adopte – sur ordre de l’Etat – la commune de Saint-Pol-sur-Mer. L’aide qui en viendra par la suite est d’autant plus importante que la Guadeloupe, administrée par une Amiral nommé par Vichy, y maintient un régime autoritaire et que la situation face à la France Libre et aux Alliés y est terrible : aux privations de liberté s’ajoutent la disette et la crise économique. Les conseillers adressent leurs remerciements au Gouvernement mais y notent tout de même « qu’il aurait été plus favorable d’être adoptée par une ville de la Métropole comme l’ont été nos villes et communes et villes environnantes.»[22]. Une première subvention arrive le 11 avril 1943…



Des difficultés sans cesse croissantes pour le ravitaillement…

L’année 1943 se place en droite ligne de la précédente : dès le conseil du 10 janvier, pour tenter d’adoucir une vie de plus en plus difficile, notamment pour les plus pauvres. le maire annonce ainsi : « J’ai personnellement (note le maire) pressenti M. l’abbé Samsoen[23], Président du Secours National de St-Pol de mon désir de voir servir un bon repas à tous les Assistés Obligatoires et aux Habitants Privés de Ressources. Un accord est intervenu et il reste à préparer cette petite manifestation. Je prie la commission des fêtes de bien vouloir répondre à une convocation qu’ils recevront très prochainement pour cette mise au point. Je puis vous aviser que le menu comprendra un potage, hors d’œuvre (langue de bœuf), un plat de tripes, une purée de pommes de terre, un gâteau et un litre de vin pour trois ou quatre personnes. ».

Mais aussi rare qu’il puisse être, ce repas n’est qu’une éphémère pause dans les restrictions car en avril 1943 apparaissent de nouvelles cartes de rationnement et de nouvelles restrictions.

Le conseil du 11 avril permet de faire un point précis sur les besoins… et les disponibilités. Pour le lait, « l’agglomération est divisée en 2 secteurs, l’un celui de Malo-Rosendaël contrôlé par M. Marchillie, l’autre comprenant les autres communes, contrôlé par M. Legrand, directeur des coopératives de Flandre et d’Artois. A l’avenir, tout le lait ramassé pour couvrir les besoins des 2 secteurs formera au départ une masse. La répartition se fera automatiquement selon l’importance des cartes délivrées par chacune des communes ». Le Sous-préfet a du prendre des mesures en vue de s’assurer de sa qualité[24]. Il devient aussi très difficile de dépasser la dotation allouée à la commune pour les boites de lait concentré : « celles-ci étaient réservées par le passé aux enfants de moins de 18 mois et que suivant les mêmes instructions de M. le Secrétaire d’Etat à la Santé, cette répartition ne peut se faire que jusque l’âge de 6 mois exceptionnellement chez les enfants plus âgés ».

Les vêtements sont recherchés: « La question épineuse est toujours celle des bons de chaussures d’usage pour les femmes qui pratiquement n’existent plus puisque seules les futures mères peuvent en obtenir par notre intermédiaire directement des services de la Préfecture. En ce qui concerne la délivrance des bons d’achat et d’articles de textile, nous arrivons tant bien que mal à en sortir avec le contingent mensuel des points qui nous est distribué. Evidemment, nous appliquons très sévèrement les dispositions qui ont été prévues précédemment. (…) Nous avons constaté que des enfants âgés de moins de 13 ans ne fréquentaient pas l’école. S’il a été reconnu que certains enfants étaient malades, pour d’autres la majorité du reste, il a été donné des excuses qui tiennent plus ou moins. Le motif invoqué était le manque de chaussures. En espèce, si la situation n’est pas brillante, il faut cependant retenir que notre service de chaussures a distribué de septembre à fin décembre 200 bons de chaussures d’usage et 708 bons de galoches pour enfants. Pour la catégorie galoches, il nous reste encore 200 bons disponibles ainsi que 200 bons fantaisie, malgré nos avis, le nombre de personnes qui s’y présente pour en retirer est insuffisant. »

Se chauffer est délicat : « A titre de renseignements, des nouvelles feuilles de tickets pour isolés civils et militaires sont mis en circulation à partir du 1er février. Il vient d’être prévu l’attribution du coupon de 50 kg de charbon par mois de congé aux militaires en congé de convalescence d’octobre à mai sur présentation de justifications. Il est également prévu une attribution qui devra être basée sur la valeur mensuelle de la carte et proportionnée à la durée de la permission pour les ouvriers travaillant en Allemagne permissionnaires, il ne sera fait aucune attribution si la permission est inférieure à une semaine ou si le calcul prévu fait ressortir le chiffre inférieur à 25 kg ou demi-coupon. » .

Bref, rien n’est simple dans une commune occupée.



… et de nouveaux besoins

Le conseil du 28 juillet 1943 permet de dresser un autre inventaire des besoins par la lecture des subventions allouées : 2.000 francs pour le dispensaire d’hygiène social qui soigne alors 394 famille saint-poloises. Une autre somme de 2.000 francs également est attribuée au patronage Saint-Benoît. les fonds sont prélevées sur la subvention de la ville d’Evian.
La municipalité ne ménage pas ses efforts mais on peut noter une (légitime ?) satisfaction : « La précieuse activité de l’administration municipale a permis de faire attribuer à la ville d’importantes subventions qui serviront à soulager ceux qui souffrent et ceux qui ont payé un large tribut du fait de la guerre. La commission nommée à l’occasion de la réception du don de la ville d’Evian a été également chargée de la répartition du don de la Guadeloupe. »

Les aides s’adressent à la presque totalité de la population : « Tout d’abord une somme supplémentaire de 100 francs sera attribuée à chaque bénéficiaire du Bureau de Bienfaisance pour le mois d’août. Chaque habitant privé de ressources recevra également une somme de 100 francs. Les Saint-Polois hospitalisés ne seront pas oubliés et à l’occasion de la ducasse communale recevront chacun 50 francs au lieu de 30 francs. (…) Ayant eu une délicate pensée à l’égard des travailleurs partis en Allemagne, la commission des Finances a proposé une subvention de 15.000 francs pour payer la confection et l’envoi de colis à ces travailleurs.».

Ces ouvriers en Allemagne[25] apparaissant pour la première fois dans les compte-rendus de séance. Le maire avise le conseil municipal « qu’un comité d’assistance aux travailleurs français en Allemagne a été constitué à Dunkerque et que ce comité a sollicité une subvention des municipalités de l’agglomération. » Cet organisme peut être considéré comme le seul habilité à s’occuper de l’envoi de ces colis aussi, le conseil vote une subvention de quinze mille francs à prélever sur le don de la Guadeloupe à verser aux organismes au fur et à mesure de leurs besoins.

Toute la population est fragilisée : l’on se résout à offrir « chaque semaine des petits repas (…) par deux ou trois fois aux mamans et futures mamans en deux sections différentes. Cette oeuvre de bienfaisance est organisée par la Croix Rouge Française et par le Secours National ». Pour cela, on dote de 5.000 francs le groupe de Mme Marc, rue Jules Ferry dont l’effectif est de 20 mères de et de 2.500 francs le groupe de Mlle Verriest cité des Cheminots dont l’effectif habituel est de 10 mères de famille.



La Libération n’est pas pour demain

1944 n’évoque pas la libération à Saint-Pol-sur-Mer mais, bien au contraire l’évacuation. L’étau se resserre autour des Allemands qui ont créé un camp retranché et l’on commence à évacuer des populations de plus en plus nombreuses. Il faut aussi les nourrir pour le trajet et prévoir « pour le départ du train des évacués un bol de soupe chaude. Demande des dépôts pour entreposer les bagages Place Carnot, Ecole Anatole France et baraquement place Jean Jaurès. Entrevoir (sic) de la paille 2 ballots par fourgon si ce sont des fourgons à bestiaux. »[26].

Si la majeure partie de la France célèbre les libérateurs et salue l’esprit de résistance insufflé par le Général de Gaulle, les heures restent sombres pour les saint-polois. Seuls obligés à rester, les hommes en âge et en force de travailler pour l’édification des défenses de la Forteresse de Dunkerque, pour lesquels la municipalité sera obligée d’ouvrir un « restaurant populaire ».

Le dernier conseil municipal à siéger dans la mairie se tient le 13 juillet 1944. Une part appréciable de la population a été évacuée vers Lille mais aussi et surtout vers la Marne, la Haute-Marne, l’Aube et la Côte D’or où les populations évacuées.



Prisonniers chez eux

Un épisode peu connu attend encore une infime partie de la population saint-poloise : les camps d’internement.
On peut considérer que le Nord est libéré septembre 1944 mais la victoire est incomplète : l’étau se resserre encore autour des Allemands enfermés dans la poche de Dunkerque, où sont restés pas moins de 12.000 Allemands[27] et 25.000 civils. Une trêve est conclue les 4 et 5 octobre afin d’évacuer presque tous les civils. Quelques réfractaires, qualifiés par les autorités allemandes de « bouches inutiles », refusent de partir.

Pour mieux les contrôler (et mettre main basse sur leurs vivres), les occupants créent quatre camps d’internement le 14 février 1945 à Coudekerque-Branche, Malo, Rosendaël et Saint-Pol[28]. Le capitaine Schmidt est nommé pour les commander et loge dans le camp. On lui adjoint un chef civil, le maire de Petite-Synthe, M. Albert Barbary[29]. Sa charge lui impose de faire l’appel des internés, de surveiller l’aspect du camp, de répartir les vivres et de servir de « juge de paix ». Plus encore, étant le seul magistrat resté dans la Poche de Dunkerque, il assure des fonctions majorales. Sa tâche est lourde car le camp de St-Pol accueille 110 internés venant de cette ville, de Fort-Mardyck, de Grande-Synthe et de Petite-Synthe.

Les Allemands imposent de travailler aux internés contre un maigre rationnement. Les corvées peuvent être payées mais au tarif pratiqué par les armées d’occupation (8 francs de l’heure), et ce dès l’âge de 14 ans. Il ne peut y avoir de « bouche inutile » pour l’amirauté allemande : les femmes sont réquisitionnées pour la lessive et des travaux de couture. Elles doivent fournir des vêtements pour la troupe qui manque de tout. Les hommes, quant à eux, sont employés à la construction et au renforcement des fortifications comme aux travaux agricoles puisque le ravitaillement manque cruellement. On s’organise comme on peut. La population élève de nombreux animaux destinés à améliorer l’ordinaire : plus de 600 lapins, presque 400 poules, des canards, des oies, des vaches et des chevaux[30]. On manque de tout et il faut appliquer chaque jour le « système D » : pour moudre du grain, les habitants bricolent un moulin à partir d’un vélo et si les cigarettes vendues par les Allemands sont trop chères (20 francs l’unité), l’on fume des feuilles de groseilliers. Aucun ravitaillement n’est à espérer des troupes allemandes, plus démunies encore et réduites à attendre d’hypothétiques livraisons par Seehund[31], et encore moins des Français, Canadiens et Tchécoslovaques qui assiègent l’agglomération.

Les Alliés continuent de pilonner Dunkerque. Les camps sont aussi touchés par les bombardements, qui viennent alourdire les pertes humaines. Chaque interné avait gardé l’espoir que la guerre prendrait vite fin mais le 18 avril, une nouvelle trêve est conclue : 145 civils désignés par l’occupant quittent le camp dont 3 internés de St-Pol que des camions britanniques emmènent à Lille. Le 9 mai, enfin, au terme de 85 jours d’internement, les Saint-Polois[32], peuvent connaître enfin la liberté pour quelques temps. En effet, le Vice-amiral Frisius ayant reçu de Berlin l’ordre de se rendre, la capitulation prend effet dans la journée.

C’est tout naturellement que les civils retournent chez eux. La liberté est de courte durée car les britanniques les emmènent tout de suite à Lille où l’on soupçonne ces réfractaires d’intelligence avec l’ennemi pour finalement les disculper. Les Anglais tiennent la ville et en proscrivent l’accès, provoquant l’incompréhension des civils : comment se fait-il que leur ville leur soit interdite alors que les Allemands ont toléré leur présence… Ce n’est que le 21 avril que l’agglomération fut rendue aux Français, fermant définitivement la parenthèse du camp de St-Pol. Les habitants peuvent revenir enfin de leur exil (notamment dans la Marne, l’Aube ou la Côte d’Or), un conseil municipal est réinstallé et le camp d’internement passa au rang de un mauvais souvenir .



La délégation municipale récupère la gestion communale

Le Comité de Résistance et de Libération nomma une délégation municipale, représentative de la vie politique d’avant-guerre[33] à la tête de laquelle le Président de la délégation, Auguste Caffier, doit remettre en état une ville sinistrée, faire face au rationnement et au ravitaillement, à la reconstruction comme au retour des saint-polois exilés, prisonniers[34], travailleurs en Allemagne, etc. Ceci étant rendu plus ardu par la ruine du port des industries locales et des conditions sanitaires difficiles[35]… Le premier conseil de la délégation ne peut se tenir que le 8 juin 1945. Auguste Caffier ne survivra pas à l’ampleur de la tâche, il décède le 28 juillet 1945 à l’âge de 45 ans et est immédiatement remplacé par Marceau Pladys[36]. Pour la première fois est réellement faite mention de la guerre hors des limites de la commune en reconnaissant le caractère spécifique de l’occupation en France comme sur le littoral dunkerquois :


« La délégation, persuadée d’exprimer la volonté de la quasi-totalité de la population qui connaît les horreurs des camps de concentration nazis par les récits des habitants de la localité et d’ailleurs, revenus des bagnes ;
Invite M. le Chef du Gouvernement Provisoire de la République à user de son autorité pour que soient immédiatement décrétées les mesures suivantes qui sont celles que réclament les déportés eux-mêmes :
1° une prime de 10.000 francs
2° vestiaire complet
3° exonération des loyers pour le temps de l’absence et moratoire pour la suite
4° Assistance médicale gratuite entièrement
5° Amélioration du ravitaillement en tenant compte des conseils du corps médical
6° Reclassement professionnel et aide particulière aux jeunes dont les études furent interrompues ou qui n’ont pu faire l’apprentissage d’un métier.
7° de répondre à la volonté de toute la population qui exige que soient impitoyablement châtiés tous ceux qui sont responsables à des titres divers de ce long martyr des meilleurs français et françaises, et pour cela que tous les organismes chargés de cette épuration, soient désignés par les déportés eux-mêmes, ceux d’entre eux qui restent les meilleurs dans toutes les épreuves
».


Les saint-polois découvriront encore l’horreur de la débâcle allemande en apprenant la disparition de la veuve et de deux des trois enfants du Dr Gelain, assassinés à Oradour-sur-glane alors qu’ils pensaient trouver la sécurité que Saint-Pol-sur-Mer n’offrait plus…
La gestion de la commune connaîtra encore de nouvelles difficultés, même si la majeure partie de la délégation est reconduite dans ses fonctions, avec Marceau Pladys à sa tête, dans le cadre d’un nouveau conseil municipal installé le 9 octobre 1945. la reconstruction commence d’un provisoire qui dure tant la tâche à accomplir est immense…


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Avec mes remerciements à M. Christian Hutin, maire de Saint-Pol-sur-Mer, conseiller régional, de lui avoir laissé la totale disposition des registres concernant le sujet.

[1] Voir notamment les travaux de l’Association MEMOR .
[2] Bien que ce port se situe sur la Mer du Nord
[3] Le premier juin 1940, un appareil ennemi lâche trois torpilles sur l’abri du Comptoir Linier (usine textile spécialisée dans le jute) où se trouvent habituellement 200 personnes. La cave ne résiste pas. 67 personnes y ont trouvé la mort et l’on en sort 20 blessés graves, certaines familles sont totalement anéanties.
[4] Conseil municipal du 10 septembre 1939
[5] Maire socialiste de la commune, il décède le 28 novembre 1943
[6] Conseil municipal du 24 août 1940
[7] Demande de prêt des conseils municipaux des 19 juin et 24 août 1940, demande d’avance à l’Etat Français le 20 septembre 1940 et le 7 mars 1941.
[8] Conseil du 26 avril 1941
[9] Devenu par la force des choses premier employeur dans la commune
[10] Conseil municipal du 12 décembre 1941
[11] Ancien officier de Marine Marchande, ancien conseiller municipal.
[12] En citant « l’arrêté préfectoral en date du 29 novembre 1942 [le] nommant maire de Saint-Pol-sur-Mer » puis «l’arrêté préfectoral en date du 23 février 1942 nommant les conseillers municipaux, vu les articles 3, 4 et 5 de la loi du 16 novembre 1940 portant réorganisation des corps municipaux. »
[13] Avec quels moyens le pourrait-on alors que la guerre n’est pas terminée et que les attaques, alliées cette fois-ci, sont régulières sur l’agglomération ?)
[14] Conseil municipal du 15 mars 1942
[15] Conseil municipal du 12 avril 1942
[16] C’est le cas pour les rares oranges disponibles à cette époque
[17] Conseil municipal du 3 mai 1942
[18] Conseil municipal du 3 mai 1942
[19] Dunkerque ayant Paris pour marraine.
[20] Conseil municipal du 27 septembre 1942
[21] Conseil municipal du 29 novembre 1942
[22] Conseil municipal du 29 novembre 1942
[23] Curé de la paroisse Saint-Benoît, paroisse principale de la ville.
[24] Faut-il y voir la prise en compte de certaines fraudes comme le mouillage pour en augmenter la quantité ?
[25] Et dont rien ne dit ici le statut : « relève » ou STO ?
[26] Conseil municipal du 13 février 1944
[27] Une division de la Wehrmacht et des éléments de la Kriegsmarine.
[28] Dans cette dernière commune, les civils furent enfermés entre les rues Ferrer, Etienne Dolet, Victor Hugo et Faidherbe. Les limites sont marquées par des clôtures en barbelés.
[29] A qui est affecté l’immeuble du 5, rue Ferrer pour y installer son administration
[30] D’ailleurs 45 internés jugent inutile de travailler pour l’occupant contre des vivres, possible preuve s’il en est de la validité de leurs ressources.
[31] Sous-marins de poche affectés au port dunkerquois, dont il reste encore un exemplaire au château-musée de Brest.
[32] Et les autres internés
[33] Permettant le retour aux affaires des formations de gauche, traditionnelles de la gestion municipale saint-poloise
[34] Avec le nouveau souci de les loger : que faire si leurs demeures ont déjà été réquisitionnées pour y installer des sinistrés ?
[35] Arrêté municipal d’août 1945 sur la prudence à suivre en raison des épidémies de dysenterie – dont plusieurs cas se sont révélés mortels – et de fièvre typhoïde., arrêté du 5 septembre 1945 sur les rats et autres rongeurs et arrêtés successifs concernant les horaires de destructions des munitions.
[36] Installé le 8 septembre 1945

L'intercommunalité est plus ancienne qu'on ne le croit

Le 15 juin 1919, le conseil municipal de Saint-Pol-sur-Mer votait la création, en collaboration avec d’autres communes de l’agglomération la création d’une union intercommunale pour venir en aide aux chômeurs. La collaboration entre les communes n’est pas alors une pratique récente sur le littoral. En effet, durant toute la première guerre mondiale, les maires des communes comprises dans le périmètre du camp retranché de Dunkerque se devaient de collaborer. Les années de la Grande guerre furent ponctuées de nombreuses



" M. le Maire soumet au conseil municipal le projet de création d’un fonds intercommunal de secours en cas de chômage ci-après :

Article 1er : il est constitué entre les communes de : Dunkerque, Rosendael, Saint-Pol, Coudekerque-Branche, Malo-les-Bains, Petite-Synthe une union intercommunale à l’effet de créer un fonds commun de chômage, destiné à venir en aide aux travailleurs de toutes professions, victimes de chômage accidentel.

Article 2 : ce fonds est alimenté
a)par des subventions communales, calculées proportionnellement aux dépenses effectuées. Le taux de chaque subvention communale ne sera pas supérieur à 10% de la dépense imputée au compte de chaque commune. Chaque commune y contribuera en proportion du nombre de chômeurs appartenant à la commune et des indemnités qui leur auront été servies.
b) par des subventions privées consenties par les sociétés et organisations ci-après
- Chambre de commerce de Dunkerque
- Comité de défense des intérêts du Port
- Union des syndicats ouvriers
c) par une subvention du département du Nord, telle qu’elle est définie dans la délibération du Conseil général du 11 juin 1919.
d)Par la subvention de l’Etat, telle qu’elle est définie au décret du 26 janvier 1919 et qui ne pourra être inférieure à 75% jusqu’en fin novembre 1919.

Article 3 : les subventions seront centralisées par la commission administrative, qui effectuera seule tous les paiements et recouvrera les subventions communales et autres. Elle établira un compte séparé, pour chaque commune qui assurera le contrôle des dépenses et limitera les dépenses aux disponibilités.

Article 4 : le fonds de chômage sera géré par une commission nommée par le préfet et comprenant :
- les maires des communes adhérentes au présent projet ;
- un membre de chacun des conseils municipaux des communes agrégées ;
- un membre de chacun des bureaux de bienfaisance de ces communes ;
- un membre de la chambre de commerce de Dunkerque ;
- un nombre égal des délégués des patrons et des ouvriers, 3 de chaque catégorie.
Article 5 : la commission nomme son président. Elle siège à la mairie de Dunkerque.

Article 6 : la commission assure la répartition des secours. Les demandes d’admission aux allocations de chômage sont adressées au Président de la commission par l’entremise de la mairie intéressée. La transmission s’assurera, par des contrôles périodiques, que les bénéficiaires remplissent toujours les conditions pour obtenir l’allocation. Elle se tiendra en rapport constant avec les bureaux de placement et se concertera avec des organisations et des entreprises en vue de trouver des emplois aux chômeurs.

Article 7 : Est qualifié « chômeur » tout chef de famille (homme ou femme) privé de ressources, par la perte totale ou partielle de son emploi, pour une cause indépendante de sa volonté. Les personnes célibataires sont également admissibles.
Le chômeur, pour être admis au bénéfice des secours de chômage, doit justifier avoir exercé pendant une période assez longue ayant précédé immédiatement sa mise en chômage.

Article 8 : Il est justifié du chômage par la production
1. d’un certificat émanant de l’employeur ou de son représentant.
2. d’une attestation du service de placement établissant que le chômeur n’a pu être pourvu d’un emploi.
La production de ces pièces ne dispense pas de l’enquête par la commission paritaire.

Article 9 : L’allocation est attribuée en espèces. Elle ne pourra pas dépasser les chiffres suivants
Pour le chômeur, chef de ménage : 2 f 25 par jour ;
Pour le conjoint chômeur et pour chacun des enfants, au-dessous de 16 ans, à la charge du chômeur (ne travaillant pas ou gagnant moins de 1 franc par jour) : 1 f par jour ;
Pour l’ascendants sans travail, à la charge du chef de ménage : 0,75 f par jour sans que le total des secours alloués à un ménage puisse dépasser 6 francs par jour.
L’allocation n’est due qu’à partir du 5e jour de chômage pour les professions à travail régulier et du 10e jour pour les professions à travail intermittent.

Article 10 : Ne peuvent recevoir le secours de chômage :
1er Les personnes qui, sans motif valable, refusent un emploi qui leur est offert ;
2e Les personnes ne vivant pas de leur travail. Sont présumés se trouver dans ce cas les bénéficiaires d’une pension, en exécution de la loi du 5 avril 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes et les bénéficiaires des secours d’assistance attribués par application de la loi du 14 juillet 1905, aux vieillards, infirmes et incurables.
3e Les personnes qui reçoivent les secours de réfugiés accordés en vertu de la loi du 15 novembre 1918.

En ce qui concerne les bénéficiaires de l’assistance aux familles nombreuses, l’allocation de chômage ne leur est attribuée que sous déduction de celle qu’ils reçoivent à ce titre.
Le même régime est appliqué aux allocations de chômage payées par les employeurs ou les sociétés mutualistes ou charitables, ou pour toute autre caisse de retraite ou de pensions, ou par les syndicats professionnels.
Les chômeurs chef de ménage qui reçoivent l’allocation attribuée par la loi du 5 août 1914 aux familles des mobilisés, peuvent cumuler cette allocation avec l’allocation de chômage prévue pour le chômeur chef de ménage.

Article 11 : Chaque bénéficiaire reçoit une carte d’identité. Il est établi à son nom une fiche sur laquelle sont consignés les renseignements qui constatent sa qualité d’ayant droit.
Le chômeur est tenu de se conformer aux mesures de contrôle qui seront prescrites.
Les fiches sont tenues à jour dans chaque commune, à l’aide des résultats du contrôle effectué par la commission paritaire en vue de vérifier si le titulaire est toujours dans les conditions requises pour bénéficier de l’allocation. Elles sont rapprochées des listes des bénéficiaires de l’assistance aux vieillards, infirmes et incurables ; de l’assistance aux familles nombreuses et de la liste des bénéficiaires de l’allocation militaire. Elles sont tenues constamment à la disposition des représentants de l’Etat, ainsi que la Préfecture du Nord.
Les servies municipaux de placement sont tenus de signaler à la commission paritaire, en vue de la radiation, les bénéficiaires de l’allocation chômage ayant, sans motif valable, refusé un emploi qui leur était offert.

Article 12 : La remise des allocations aura lieu, autant que possible aux heures ouvrables. Elle sera effectuée entre les mains du chef de famille et sera constatée par les émargements de la partie prenante sur les listes établies par la commission paritaire.

Article 13 : L’exclusion temporaire ou définitive sera prononcée contre ceux qui auraient sciemment fait des déclarations inexactes, ou présenté des déclarations mensongères, qui auront touché indûment des secours, en ne faisant pas connaître qu’ils n’étaient pas chômeurs.
La répétition des sommes indûment reçues pourra être exercée sans préjudice des sanctions d’ordre pénal, qu’il conviendra, dans les cas particulièrement graves, de provoquer contre les fraudeurs.

Article 14 : Les subventions de l’Etat seront réparties entre les communes proportionnellement aux dépenses effectuées.

Article 15 : Les chômeurs dans chaque commune ne pourront être secourues que dans la mesure des subventions votées par le conseil municipal.

Article 16 : La commission établira un compte séparé pour chaque commune qui assurera le contrôle des dépenses et limitera les dépenses aux disponibilités.

Article 17 :Le présent projet sera soumis à chacun des conseils municipaux des communes intéressées qui sera appelé à se prononcer sur son acceptation.
Il aura à voter :
1er. Un crédit suffisant pour faire face d’abord aux dépenses présumées du service pendant deux mois, en tenant compte des ouvriers résidant dans la localité, de la situation de famille de chacun d’eux et nombre de jours de chômage à prévoir ;
2e. et ultérieurement, les crédits complémentaires nécessaires. Dès qu’un mois sera écoulé, la contribution de l’Etat au taux de 75% viendra s’ajouter aux disponibilités et permettra ainsi de faire face aux charges ultérieures.

Le service pourra commencer dès que le règlement aura reçu l’approbation de M. le ministre du travail.

Le conseil municipal,
Vu le projet qui précède,
Ouï les explications du maire
Déclare adopter le projet de création d’un fonds intercommunal de secours en cas de chômage qui lui est soumis et vote, sur les fonds libres de l’exercice courant, un crédit de deux mille francs pour faire face aux dépenses présumées du service pendant deux mois.
Les crédits complémentaires nécessaires seront votés ultérieurement."


Comme quoi on n'a pas attendu les lois parisiennes pour s'organiser solidairement...

Une autre étude éthonologique pour les Anciens...



... qui comme moi furent des conscrits et fiers de l'avoir été... Remarque pernicieuse, je n'ai jamais perdu ce jargon totalement, on en a un semblable dans l'Education Nationale : référentiel bondissant pour ballon, référentiel bondissant aléatoire pour ballon de rugby, surface scripturale à usage multiple pour le tableau noir, espace d'acquisition socio-cognitive configurée pour les Apprenats... le piège, c'est la salle de classe avec son matériel pour les élèves...

Comme toutes les corporations, les militaires possèdent un jargon qui leur est propre : il peut paraître obscur voire complexe à un novice. Toutefois, ce langage, assez codifié, possède des règles assez simples, ainsi qu'un vocabulaire particulier, dont nous allons essayer d'apprendre les bases. Pour se perfectionner, il faudra se référer au " TTA " qui constitue la bible du militaire. Enfin, il est conseillé de faire un stage linguistique pour s'immerger totalement dans la langue et la culture militaire. En effet, ce langage est uniquement parlé, il n'est que rarement transcrit par écrit.

La syntaxe :La syntaxe du langage militaire est aussi sommaire que rigoureuse : il faut s'exprimer par des phrases les plus courtes possibles, avec le minimum de fioritures : sujet + verbe + COD au maximum ; il est même conseillé d'omettre le verbe.
Exemple : "Schwartz, compte rendu !" signifie "Elève Officier de Réserve Schwartz, suite à la perte de matériel militaire, vous me ferez un compte rendu écrit pour demain sans faute".
Ce souci de concision peut aller jusqu'à l'utilisation d'interjections, voire de sons monosyllabiques, pour remplacer des phrases entières :"Vouuus !" : Garde à vous"Poooo !" : Repos"Aye aye" : Accélerez"Ope" : un ; s'utilise uniquement dans l'expression "ope dé" qui veut dire "un deux"Plutôt que de faire des phrases longues avec des subordonnées, il faut utiliser des appositions successives : on peut par exemple utiliser "à l'issue" pour relier des phrases entre elles. Cela permet de n'utiliser qu'un seul verbe pour plusieurs actions.Exemple : "Vous irez chercher vos Famas, à l'issue exercice de tir, à l'issue réincorporation, à l'issue repas".

Expressions et idiotismes :Les expressions qu'utilise un militaire sont généralement celles que ses supérieurs ont sélectionnées pour lui :
- En dotation : qu'on a
- Perception, réintégration : aller chercher, rendre
- A l'imitation : toujours faire pareil que son chef
- Qui va bien : à rajouter après un nom propre que l'on désire mettre en valeur
- Rapport à : au sujet de

Dans tous les cas, ces expressions se doivent d'être les plus imagées possibles
- "Sortez-vous les doigts du cul" (plus couramment S.V.D.C.) : bougez-vous
- "pêchu" : motivé, ou on risque d'en baver.
- "C'est la fête du slip" : c'est le bordel
- "Museau" : la ferme

Les insultes : le militaire en utilise beaucoup. Il serait impossible de les retranscrire toutes ici. Cependant certaines reviennent assez fréquemment :
- Tarlouse (la 12, c'est des...), blaireau, beat-nik...

Acronymes :Le militaire a l'habitude d'utiliser un grand nombre d'acronymes pour remplacer des expressions compliquées (comprenez plus de 3 mots) qui le plus souvent désignent une réalité simple que l'on désignerait dans le civil en un seul mot. Ce procédé a donc surtout pour utilité de rendre un conversation entre militaires impossible à comprendre pour un civil non entraîné.
En voici quelques exemples :
- P.M.F. : Personnel Militaire Féminin = une femme
- V.L. : Véhicule Léger = une voiture
- V.T.L.R. : Véhicule de Transport Léger Rural = une brouette
- A.N.P.V.P. : Appareil Normal de Protection à Visière Panoramique : un masque à gaz
- I.A.L. : Interface d'Alimentation Liquide = une paille
- B.A.B. : Bouchon Anti Bruit = des boules Quiès
- T.I.G. : Travaux d'intérêt Généraux : le ménage et les corvées
- E.V.A.T. : Engagé Volontaire de l'Armée de Terre = un engagé (existe-t-il des engagés involontaires ??! )
- R.C.I.R. : Ration de Combat Individuelle Réchauffable = une ration

Sans oublier les nombreux acronymes désignant des organismes de l'armée:
- D.F.G. : Direction de la Formation Générale
- D.G.F. : Direction Générale à la Formation etc...

Certains acronymes correspondent à des moyens mnémotechniques mais qui ensuite deviennent des noms à part entière :
- P.I.F. : Point à atteindre - Itinéraire - Formation = "Donnez moi un PIF !"

Figures de style :Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le militaire utilise beaucoup de figures de style.
En voici quelques exemples :
Les métonymies :
- l'ordinaire = la cantine (parce que ce qu'on y mange est vraiment ordinaire)
- T.D.F. : Terre De France (désigne la tenue de cette couleur)
- O.S. : ordre serré (sauf le matin 6H00) .
Tapez le talon gauche.- "Quand les talons claquent, l'esprit s'envole" Général de Gaulle
Les périphrases :
- le territoire national : la France
- Séance d'assouplissement des membres supérieurs : des pompes
Les euphémismes :
- opérationnel : encore en état de combattre pendant quelques heures

Le vocalulaire :
Les verbes :
- Chouffer = surveiller
- Se poster : se planquer dans les bois sous la pluie avec au moins un genou à terre.
- Grailler : au départ approvisionner son chargeur ; par extension, manger
- Psychoter : hésiter, avoir peur
Les noms :
- les bastos : les munitions
- les kékés : les fourrés
- un consultant : un malade
- un exempté : un malade ou un blessé
- une permission : des vacances
- la cohésion : l'esprit de groupe
- la popote : le repas
Les mots à éviter : Ce à quoi le débutant doit faire le plus attention, car il est facile de se tromper.
- "Excusez-moi", "pardon" : on ne s'excuse jamais dans l'armée. Au cas où, utiliser "autant pour moi"
- "Pourquoi" : ce mot n'existe pas, oubliez le
- "Réfléchir" : à utiliser avec modération car "réfléchir, c'est désobéir"
- "Logique" : notion inexistante
- "Informer" : à utiliser vers ses subordonnés, sinon utiliser "rendre compte"
- "OK" : reçu

Exercice de traduction :Pour vous entraîner, voici un petit exercice; essayez de traduire ce texte dans le langage militaire :


Le petit chaperon rouge :
Il était une fois une petite fille de village. Sa mère lui avait fait faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien que partout on l'appelait le petit chaperon rouge.Un jour sa mère lui ayant préparé des galettes lui dit :- "Va voir comment se porte ta grand-mère ; porte lui une galette et ce petit pot de beurre".Le petit chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa grand-mère, qui demeurait dans un bois.Elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n'osa pas, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter écouter un loup, lui dit :- Je vais voir ma grand-mère, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma mère lui envoie.- Demeure-t-elle loin ? lui demanda le loup- Oh oui, dit le petit chaperon rouge, c'est par-delà le moulin que vous voyez la-bas, à la première maison du village.- Eh bien ,dit le loup, je veux aller voir aussi. Je m'y rends par ce chemin-ci, et toi par ce chemin là, et nous verrons qui le plus tôt y sera.Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin le plus court, et la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir desfleurs et à courir après les papillons. Le loup ne fut pas long à arriver à la maison de la grand-mère ; il frappe :- TOC TOC- Qui va là ?- c'est le petit chaperon rouge, dit le loup en contrefaisant sa voix, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre.La bonne grand mère, qui était dans son lit parce qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria :- "Tire la chevillette, la bobinette cherra"Le loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme et la dévora. Ensuite, il ferma la porte et alla se coucher dans le lit de la mère-grand en attendant le petit chaperon rouge, qui quelques temps après, vint heurter la porte :- TOC TOC- "Qui va-là ? dit le loup en essayant d'adoucir un peu sa voix.- C'est le petit chaperon rouge : je vous apporte une galette et un petit pot de beurre.Le loup lui cria :- Tire la chevillette, la bobinette cherra.Le petit chaperon rouge tira la chevillette et entra. Se penchant sur le lit de sa grand mère pour lui parler, elle lui dit :- Ma mère grand, que vous avez de grand bras !- C'est pour mieux t'embrasser mon enfant.- Ma mère grand, que vous avez de grandes jambes !- C'est pour mieux courir mon enfant- Ma mère grand, que vous avez de Grands yeux !- C'est pour mieux te voir mon enfant- Ma grand mère, que vous avez de grandes dents.- C'est pour mieux te manger mon enfant !En disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le petit chaperon rouge, et la mangea, car il n'avait rien mangé depuis 10 jours.Moralité :Les jeunes enfants font très mal d'écouter toutes sortes de gens, car qui ne sait que ces loups doucereux, de tous les loups sont les plus dangereux.

La traduction :
COMPTE RENDU DE PERTE P.C.R
.J'ai l'honneur de vous rendre compte de l'existence d'une jeune P.M.F. rurale.Elle avait reçu en dotation une parka rouge, celle qui va bien. A l'issue, on l'appelait P.C.R. (Petit Chaperon Rouge). Le jour J, son supérieur parental lui fit percevoir une RCIR, avec le pain de combat qui va bien, à l'issue elle lui donna un MOICP :- Dans la direction de mon bras, ta grand mère; Vu ?- Vu- Porte lui cette RCIR- Reçu.A l'issue, le P.C.R. partit dans la direction de sa grand-mère, itinéraire le bois, en lisière militaire. Elle rencontra un loup qui voulait grailler, mais il psychota, à cause de PLO composées de bûcherons qui étaient sur zone. Il lui demanda un PIFLE P.C.R. ignorant les consignes de sécurité et de protection du secret militaire (TTA 130), lui rendît compte :- Je vais voir ma grand-mère et lui porter cette RCIR, ordre de ma mère.- Quelles sont ses coordonnées XY ?- Dans la direction de mon bras, 500 M, un moulin. Vu ?- Vu.- Deux doigts à droite du moulin, une maison. Vu ?- Vu- J'y vais aussi. Séparons nous. Equipe un : ce chemin-ci. Equipe deux : ce chemin là. Rendez-vous à H+3. Aye aye !Le loup progressa par bonds et en courant. La PCR se postait sans arrêt et progressait lentement dans les kékés. Le loup arriva à l'objectif à H-1. Il frappe :- BOUM BOUM- Halte là, qui va là ?- c'est le PCR, dit le loup en camouflant sa voix. Je vous apporte une RCIR, avec le pain de combat qui va bien.La grand-mère, qui était consigné en chambre parce que consultante, hurla :- Utilise le percuteur et l'extracteur cherraLe loup obéit. La porte s'ouvre. A l'issue, le loup se jette sur la PMF et la dévore. A l'issue, il referme la porte et va se poster dans le lit, non sans avoir vérifié qu'il était FOMECBLOT. Le PCR arriva et frappa à la porte :- BOUM BOUM- Halte là, qui va là ? dit le loup en camouflant sa voix- C'est le PCR. Je vous apporte une RCIR, avec le pain de combat qui va bien.Le loup lui ordonna :- Utilise le percuteur, et l'extracteur cherra.Le PCR obéit aux ordres car réfléchir c'est désobéir et entra. Elle se pencha sur le lit de sa grand mère pour lui parler. Elle lui dit :- Ma mère grand, que vous avez de grand bras !- C'est pour mieux faire des séances d'assouplissement des membres inférieurs mon enfant.- Ma mère grand, que vous avez de grandes jambes !- C'est pour être pêchu au Cooper mon enfant.- Ma mère grand, que vous avez de Grands yeux !- C'est pour mieux chouffer mon enfant- Ma grand mère, que vous avez de grandes dents- C'est pour mieux grailler mon enfant !Et disant ces mots, cette tarlouse de loup fit un bond sur le PCR, l'acheva à la pelle US et grailla car il n'avait eu que des RCIR depuis 10 jours !
Moralité : jamais le percuteur !

Etude ethonologique de... nos cousins les Bretons


A voir le nombre de mes amis qui ont marié des Bretonnes, je me suis penché sur l'aspect ethnologique de la chose... De fait, on peut s'apercevoir que les similitudes entre ces Celtes qui viennent enlever nos jeunes hommes (d'où l'expression "passe moi l'celte!") et nos peuplades de fiers Germains sont assez nombreuses...



DICTIONNAIRE BRETON :
-A-
Algues :Preuve irréfutable de la présence de cochons en Bretagne (voir Nitrate), la dinophysis vous laisse des souvenirs impérissables de vos vacances bretonnes : du type gastro et mal de tête. Toute façon, les bretons s'en foutent, seuls les parisiens se baignent dans une eau à 15°.
Artichaut :Légume breton très difficile à séduire (coeur d'artichaut)

-B-
Bagdad :Ville irakienne jumelée à Lan Bihoué et ayant donné le nom à un troquet célèbre : le "Bagdad Café"
Bars :Sport national breton ( les bars parallèles)
Beurre (ammanen) :Pâte à tartiner de troisième génération générant généralement un chiffre d'affaire colossal (l'argent du Beurre)
Bigoudène : Aujourd'hui une espèce protégée, si un de tes potes te dit "putain ce soir, j'ai envie de tirer une bigoudène" merci de l'en dissuader.
Biniou :Ethylotest musical (souffler dans le biniou)
Bistrot :Religion bretonne comptant un grand nombre de pratiquants
Bottes jaunes (Les) :Tribu d'envahisseurs parisiens en tenue de combat
Bourré :Voir Y a de la houle / Renard
BZH (1) :Contraction de Breizh, ce sont des autocollants que les parisiens mettent à l'arrière de leur voiture afin de se reconnaître quand ils sont en Bretagne. (Il y a 20 ans, il était interdit aux bretons de coller BZH à l'arrière de leur R 16)
BZH (2 ) :"Bienvenue en Zone Humide" : plaisanterie inventée par des Normands jaloux que les Bretons aient un climat doux et sec, alors que chez eux il fait froid et il pleut tout le temps

-C-
Calvaire :Balise bretonne d'une grande ingéniosité favorisant la navigation d'un breton entre son bistrot et son domicile.
Chouchen :Complément alimentaire indispensable au breton moyen.
Choux-fleur :Emblême breton parrainé par le fameux héros de Saint-Exupéry, fabricant de gâteau au chocolat (le Petit Prince... de Bretagne)
Cidre (1) :Pièce de Racine jouée dans les troquets bretons ("Le Cidre").
Cidre (2) :Boisson inventée par les Normands mais qu'on n'allait pas se gêner de
piquer, pour une fois qu'ils ont un truc de bien. Comme le Mont Saint-Michel, quoi...
Côtes d'Armor :Littéralement Côtes de la Mer, ce qui ne veut rien dire mais bon du moment qu'on ne les situe plus du côté de Lille comme à l'époque des Côtes du Nord..
Cochon :Espèce animale aux moeurs discutables. Elevé en Bretagne, il se nourit exclusivement d'alcool (saoûl comme un cochon).
Comme vache qui pisse :Locution bretonne inusitée . Voir Pluie
Crachin :Petite pluie inconnue en Bretagne mais fréquente à Grenoble (le crachin dauphinois).
Crêpe : Plat national breton fort prisé des cordonniers (semelles de crêpe) et des bretonnes énervées ou en colère (se crêper le chignon)
Curé :Directeur commercial du partenaire officiel des bistrots

-D-
Diwan (le germe) :Centre de formation pour autonomistes bretons parrainé par Jack Lang.
Dolmen (table pierre):C aillou préféré des bretons (un dolmen de prédilection)

-E-
Eau :Impropre à la consommation. Voir Nitrate, Cidre, Chouchen
Eglise :Partenaire officiel efficace des bistrots bretons divertissant les femmes lorsque les hommes sont au café.
Erika :Prénom interdit en Bretagne depuis 2000. Voir Marée noire

-F-
Fest-noz (fête de nuit) :Réunion festive nocturne et musicale des alcooliques bretons et des membres de l'association à but non lucratif "j'aime les galettes saucisses et je t'em...."
F.L.B :Artificiers sans qualification
Fraise :Où comment reconnaître à Plougastel le nez d'un alcoolique breton.
-G-
Galette-saucisse :Ce mets constitue-t- il le seul intérêt d'aller assister à un match de foot route de Lorient ? Voir Fest-Noz
Goêland (gouelan) :Volatile vorace
Gwen ha du (blanc et noir) :Drapeau breton blanc et noir

-I-
Islande (pêcheurs d' ) : Cousins éloignés des paimpolais

-K-
K : Lettre remplaçant le "Q" lorske les Bretons/Bretonnes sont obligés d'écrire en français. Le "Q" n'existe pas dans l'alphabet breton, celà prouve bien leur politesse proverbiale. kesk'ils sont bien élevés kand même !
Kenavo (au revoir) : Signifie également bon débarras mais ça les parisiens ne le savent pas
Kouign Aman :Patisserie bretonne agréee SlimFast, à l'usage exclusif du parisien dans l'unique but de se foutre de son accent, kand il demande dans une boulangerie : "un coinje amande s'il vous plaît"

-M-
Makereau :Ce poisson pilote se nourrit de chair fraîche et prolifère sur les côtes bretonnes et parfois dans la rue de Siam à Brest (Rappelle-toi Barbara...)
Marée noire :Fête de la mer à périodicité irrégulière attirant des milliers de parisiens en cirés jaunes et bottes du même métal. En général, les organisateurs ne divulguent qu'au dernier moment le lieu de la fête. Dernier organisateur : Thierry Desmarest; Dernières stars invitées : Torrey Canyon, Amoco Cadiz, Tanio, Erika
Morue :Bretonne de la rue de Siam qui sent le poisson .
Mouette :Volatile au cri disgracieux doté d'un matériel hypersophistiqué et ignoré de l'armée française, d'une précision remarquable lui permettant de lâcher son "missile" sur n'importe quel humain en mouvement avec un taux de réussite proche de 100 % et ce sans dommage collatéral... Son cri s'apparente à une bouteille de champagne que l'on sabre (" mouette eh chante donc ! ")

-N-
Nitrate :Eau non potable

-O-
Ouest-France :Leader incontesté sur le marché du papier hygiénique breton.

-P-
Parapluie (disglavier) :Pièce de musée bretonne
Pardon : Défilé annuel des bretons à la seule fin de se faire pardonner d'une fréquentation par trop assidue des bars (par pure commodité, les points de départ et d'arrivée du Pardon seront cette année encore, le bistrot du bourg)
Pen Duick :Bateau de Tabarly signifiant "Tête de mésange", se dit aussi d'un profil ingrat d'où l'expression : "de face on dirait Tabarly et de profil son bateau". Ne pas confondre avec pine d'huître qui n'a rien à voir.
Pété de la coiffe :Se dit de quelqu'un qui a fondu les plombs.
Pluie (glav) :Hallucination collective des présentateurs météo dûe aux prises répétées de substances illicites pendant leurs vacances sur la côte d'Azur.
Pointe du Raz :Site touristique où l'on a noté ces dernières années une forte mortalité chez les photographes amateurs parisiens : "recule un peu j'ai pas la Pointe, encore, encore, voilà ! Merde, Géraaaaaaaaaaaaaaaaard, Gérard il est tombé, au secours...!"
Pont Aven : Où Gauguin peignit son fameux tableau " les galettes de Pont Aven"
Poser un renard : Partager avec le gentil trottoir ("il est gentil le trottoir hips ") un mélange subtil et pas tout à fait digéré de chouchen, galettes saucisses et de crêpes au Nutella.

-S-
Souffler dans le biniou :Souffler dans le ballon ou ethylotest, en d'autres termes vérifier que t'es légèrement plus ivre que le gendarme breton qui te contrôle. Si tu l'es, laisse ta caisse à quelqu'un (mais surtout pas au gendarme qui doit avoir 3 grammes dans chaque paupière)

-V-
Verse :Ville subtropicale qui souffre de précipitations diluviennes. Très connue en Bretagne, elle est à l'origine de l'expression "il pleut à Verse"

-Y-
Y a de la houle :T'as du mal à tenir debout...
Yach' mat/ yémat ( à votre santé) :Expression très populaire dans les bistrots bretons signifiant santé (à la tienne) soit bonjour en breton.

Les aspects géopolitiques des temps de Sanderus et de Louis XIV

Sanderus (Antoine Sanders) naquit en 1586 à Anvers, à une époque marquée aux Pays-Bas par de graves troubles politico-religieux. D'une famille bourgeoise et instruite, il fut notamment éduqué chez les Jésuites à Gand puis mena à bien des études de philosophie à l'Université de Douai, citadelle, s'il en fut, de la Contre-réforme catholique et ville où les enfants de la bourgeoisie flamande étaient souvent placés pour se perfectionner dans la langue française.

Maître ès-arts à Douai, prêtre, licencié en théologie à Louvain, curé près de Gand, il fut un temps aumônier d'un cardinal ministre du roi d'Espagne aux Pays-Bas, avant d'être nommé chanoine à Ypres où lui furent confiées des tâches administratives et pédagogiques. Il ne sut s'astreindre à demeurer régulièrement sur place: il préférait le Brabant où il finit par résider puis par décéder en 1664.

Parmi les ouvrages qu'il écrivit, la Flandria Illustrata, publiée dès 1641 en latin et après sa mort en néerlandais (en 1735), est surtout intéressante de par la description des sites et monuments de la Flandre méridionale, celle qui passa à la France sous Louis XIV, de Dunkerque à Douai, et que semble avoir bien contemplé notre chanoine d'Ypres.

La période de troubles qui vit naître Sanderus s'explique par différents facteurs: tout d'abord, à la différence de son père Charles-Quint, né et éduqué en Flandre, Philippe II roi d'Espagne et Comte de Flandre en 1555, est espagnol d'éducation. Il considère en particulier qu'au sein des XVII provinces des Pays-Bas, les sujets doivent être très catholiques, ne pas succomber au protestantisme, et même financer par l'impôt les guerres menées par l'Espagne.

Dès 1560, la révolte gronde: "L'année des lumières" pour les protestants se place en 1566. Les Prêches des Haies deviennent de plus en plus fréquents. Entre Hondschoote et Killem, la chapelle des Trépassés dédiée à Notre-Dame des Affligés évoque un tel prêche. Le prêche de Boeschepe constitue l'un des plus importants. La répression espagnole engendre la violence. Les Iconoclastes, "briseurs d'images", sont traqués par les autorités civiles et ecclésiastiques nommées par le Roi d'Espagne. La répression est menée par le Duc d'Albe et son Conseil des Troubles, surnommé le "Tribunal du sang".

En 1568, les Comtes d'Egmont (seigneur entre autres d'Armentières) et de Hornes, sont exécutés à Bruxelles tandis que Guillaume d'Orange, autre noble local, placé à la tête de la révolte, s'enfuit vers les Pays-Bas du Nord, véritable citadelle du Protestantisme. Les Gueux de Mer, marins, organisent la résistance en liaison avec les Gueux des Bois ou Boqueteaux. Résistances et violences s'exacerbent. En 1576, le nouveau Gouverneur, Don Juan d'Autriche, ne peut empêcher la province de Flandre de s'allier aux autres provinces contre le maître espagnol. Il faut toute l'habileté de son successeur, le subtil et modéré Farnèse, pour se concilier à la Paix d'Arras en 1579, les provinces francophones et catholiques de Flandre Gallicante, d'Artois et de Hainaut. Il entreprend ensuite la reconquête de la Flandre néerlandophone, non sans difficultés: en 1581, la ville de Bailleul demande au roi d'être déchargée de toutes les responsabilités concernant la publication des placards déclarant rebelles tous les magistrats par suite des derniers événements locaux... En 1582, les Gueux y brûlent l'hôtel de ville et l'église paroissiale.

Farnèse prend Ypres, Bruges, Gand en 1584. Bruxelles et Anvers tombent l'année suivante. En 1598, Philippe II, lassé, fait des Flandres, au sein des Pays-Bas Méridionaux ou catholiques, un pays gouverné par sa fille Isabelle, mariée au Habsbourg d'Autriche, l'archiduc Albert. Sous leur égide, la reconstruction est alors relativement rapide. En 1599, Isabelle autorise la cité de Bailleul à procéder à la levée de 3.000 florins en rente pour restaurer la halle et le beffroi incendiés. Déjà, la ville est partie intégrante du paysage flamand: Tournai compte 20.000 habitants, on en dénombre 45.000 à Lille et 100.000 à Anvers. Economiquement, les guerres de la deuxième moitié du XVI° siècle ne semblaient pas avoir tout arrêté. En 1581, Bailleul avait obtenu du Gouverneur des Pays-Bas au nom du roi d'Espagne, une autorisation de commercer avec les Provinces rebelles du Nord, en échange d'une aide de 8.000 livres. A Lille, dans le village-faubourg de Wazemmes, on utilise de plus en plus la force motrice du moulin à eau, sans négliger, comme au village voisin de Moulins, celle du vent, ou comme à Ascq, celle des chevaux. Dans la cité même, dans les paroisses de Saint-Maurice ou de Saint-Sauveur, les saïetteurs et bourgeteurs sont fort implantés: plus de 40% des paroissiens de Saint-Sauveur sont des saïetteurs dont la plupart sont des travailleurs immigrés issus des autres parties des Pays-Bas du Sud ou de France. Nombreux, ils s'entassent dans des ruelles et courées insalubres où les maisons de huit habitants chacune constituent la moyenne.

Dans la campagne flamande, le pays est régulièrement bonifié et remis en valeur, comme en témoigne l'assèchement des Moëres entre Furnes, Bergues, Hondschoote par Wenceslas Coebergher, le ministre des Archiducs.

La trêve de douze ans conclue en 1609 avec les Pays-Bas du Nord, suivie après 1621 d'un certain modus vivendi entre les Pays-Bas du Nord et du Sud, permet également aux Habsbourg de restaurer la religion catholique en promouvant la Contre-réforme dans les Pays-Bas du Sud. Dès 1562, la fondation de l'Université de Douai, en réaction contre les tendances calvinistes de celle de Louvain, avait amorcé le mouvement. Désormais, les Capucins, remarquables Frères Prêcheurs, les Oratoriens, les Jésuites, s'installent dans tout le pays: à Bergues, Dunkerque, Cassel, Bailleul, Arras, Aire, Hesdin, Saint-Omer, Lille... Le niveau du clergé s'élève et l'encadrement du peuple flamand devient une réalité. En 1607, les Jésuites arrivent à Bailleul sur des terrains cédés par la ville en accord avec les Archiducs; en 1629, le produit de l'octroi leur est accordé et en 1624, la ville lève des impôts pour achever la construction de leur couvent avant de leur accorder, en 1651, avec la châtellenie, des rentes et la propriété sur l'usufruit de certaines terres. En 1629, trois échevins Bailleulois appellent les Capucins, puis, en 1631, la première pierre de l'église chargée des les accueillir est posée. En 1633, le roi d'Espagne amortit un terrain de 80 ares près de la cité, acquis par le Père Provincial des Capucins de Flandre, à l'effet d'y construire un couvent.

A Lille, c'est en 1592 qu'une quinzaine de Capucins fortement soutenus par le Magistrat de la cité, viennent prêcher dans la ville. L'Evêque d'Ypres vient poser la première pierre de leur église en 1593; l'année suivante voit la bénédiction des couvent et église. Leur activité est assez soutenue pour que les locaux soient agrandis en 1615-1616. En 1614, les Hibernois, ou Irlandais, s'installent à leur tour. Leur école reçoit de jeunes Irlandais persécutés par les Anglais et que l'on prépare à retourner dans leur pays pour le catholiciser.

Néanmoins, à la mort d'Isabelle, la Flandre, au sein des Pays-Bas Méridionaux, repasse sous le gouvernement direct de l'Espagne. Elle va dès lors se trouver en première ligne du conflit franco-espagnol, Bourbons contre Habsbourgs. En 1635, la France s'allie aux Provinces-Unies, fédérant les Pays-Bas du Nord, protestants, en vue de conquérir et de dépecer les Pays-Bas espagnols...

Hesdin est conquise en 1639 et Arras en 1640. En 1648, les Provinces Unies et l'Espagne concluent la paix mais la France et l'Espagne demeurent en guerre. Dès 1646, le cardinal Mazarin, qui préside aux destinées de la France, avait affirmé: «l’acquisition des Pays-Bas Espagnols formerait à la ville de Paris un boulevard inexpugnable et ce serait alors véritablement que l’on pourrait l’appeler le cœur de la France». L'Artois, à l'exception de Saint-Omer et Aire, mais avec les flamandes Bourbourg, Gravelines et Saint-Venant, passe à la France à la suite de la Bataille des Dunes en 1658 et du Traité des Pyrénées de 1659. Dunkerque et Mardyck sont d'abord remises par la France à ses alliés anglais puis rachetées à ces mêmes Anglais par Louis XIV en 1662.

En 1665, Philippe IV, roi d'Espagne, décède. C'est un enfant de quatre ans, Charles II, qui monte sur le trône. Louis XIV, au nom des droits de son épouse, l'Infante Marie-Thérèse, entre en Flandre. La Flandre du Sud est alors disputée entre France, Pays-Bas du Nord et Espagne, alternant paix et guerre jusque 1713, parfois avec l'intervention d'autres belligérants européens.

En 1667, Louis XIV conquiert Lille, Douai et Orchies. Il crée à cette occasion les deux intendances de Flandre Flamingante ou maritime et de Flandre Wallonne ou Gallicante. Après la bataille de la Peene au val de Cassel en 1677, le Traité de Nimègue l’année suivante lui donne Bailleul, Cassel, Saint-Omer, Poperinge, Ypres mais rétrocède à l’Espagne Furnes, Courtrai et Audenarde enlevées en 1668 au traité d'Aix-la-Chapelle. Ce partage de Nimègue est d’ailleurs confirmé par le Traité de Ryswick en 1697. Néanmoins, par le Traité d’Utrecht, concluant en 1713 la Guerre de Succession d’Espagne entamée en 1708, Louis XIV renonce à Tournai, Ypres, Poperinge, Furnes, Loo, Dixmude et la rive gauche de la Lys de Menin à Ploegsteert. Il garde les Flandres Gallicante et Flamingante, qu’il réunit en une Intendance en 1715.

Même si Louis XIV n'était pas vraiment un inconnu en Flandre Gallicante puisqu’il était déjà, par héritage, châtelain de Lille, il est logique que la prise de la Flandre méridionale, dans de telles conditions, ait été perçue comme une véritable conquête guerrière. Ainsi en 1645 comme en 1667, Lille, où l’on s’affiche « Bourguignon », résiste vaillamment. Les milices bourgeoises en tête, confréries ou serments d’archers et de canonniers réunis tiennent tête aux troupes françaises. Dans le quartier Saint-Sauveur, en 1667, il y a même des prières publiques durant toute la semaine que dure le bombardement par les canons français.

De toute façon, le conquérant rencontre généralement l’hostilité des Flamands du Sud. En 1656, lorsque les troupes battent en retraite devant Valenciennes, le curé de Bailleul, Charles Blomme, organise un Te Deum et une messe d’actions de grâces pour la libération de la ville. En 1658, à l’annonce du Traité des Pyrénées, il prend la parole sur un théâtre édifié devant la maison échevinale, «en grande solennité »: l’essentiel est préservé car Bailleul ne change pas de souverain... Quand les troupes de Louis XIV doivent abandonner Broekburg (Bourbourg), les habitants organisent en grande joie un cortège bouffon pour « balayer les ordures hors du Pays ». Les mesures prises par le nouveau maître du pays ne peuvent se permettre aucune légèreté. Ainsi, en 1669, le Gouverneur Marquis d’Humières reçoit de Paris une lettre l’approuvant d’avoir emprisonné les échevins de La Gorgue qui avaient refusé de prêter le serment de fidélité. Les résistances sont nombreuses. En 1673, quand un parti hollandais pille le bureau du domaine de Menen, la garde bourgeoise ne donne même pas l’alerte et le Contrôleur général Colbert y décèle une complicité manifeste entre Flamands et Hollandais. A Lille, l’Intendant Le Peletier doit reconnaître que les magistrats sont très peu sûrs au point que leur choix est extrêmement délicat... Force est d’avouer qu’«Il y a si peu de bons sujets en cette ville que les meilleurs ne sont ni raisonnables ni dociles »...

En 1670 l’on acclame l’ambassadeur d’Espagne et, en 1674, certains Lillois exposent en public le portrait de Charles II, roi d’Espagne. A la même époque, le réduit de Saint-Sauveur reçoit en cellule le maïeur et le Rewart de Lille qui ont mal parlé au lieutenant du roi et un prêtre, qui y mourut, pour avoir parlé en termes négatifs de la guerre. En 1690 enfin, lorsque l’avocat Desruelles proclame qu’il « voudrait être encore sous la domination du roi d’Espagne et voir mort le dernier Français », l’Intendant reconnaît en cette déclaration « un discours assez ordinaire dans les débauches particulières de quelques-uns des gens du pays ».

Les causes de cet état d’esprit hostile au roi français sont diverses et multiples.

En premier lieu, les ravages des conquérants sont réels et importants. En 1645, dans les villages du Sud de Lille, les Français commettent des actes tels qu’«il semble que leur dessein n’est autre que de ruiner et ravager le plat pays ».
En 1653, les troupes du Duc d’Elbœuf pillent la cité de Bailleul et l’incendient : 470 maisons, 70 métiers à fabriquer du fil et 3 moulins sont détruits. En 1658, 800 soldats français opèrent une grande rafle de bétail dans la vallée de la Lys, exemple vivant d’une armée qui, au moins en partie, vit sur le pays.
En outre, les Flamands n’ont pas une bonne idée de la religion et de la morale de Louis XIV: voilà un roi qui envahit un pays étranger en prétendant ne pas mener une opération de guerre mais faire une simple promenade pour s’assurer des intérêts de sa femme, l’infante d’Espagne! Un roi qui, chez lui en France, protège les Protestants, au moins jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, et attaque les possessions des Habsbourg d’Espagne au moment même où les Turcs, en particulier à Vienne en 1683, se heurtent aux Habsbourg d’Autriche, ferme rempart de la Chrétienté !

Enfin, les Flamands n’apprécient pas les maladresses et l’autoritarisme de l’administration française, d’autant plus difficiles à supporter que la conjoncture économique n’est pas des meilleures: selon la chronique de l’ouvrier saïetteur Lillois Chavatte, de 1670 à 1692, « il faisait pauvre temps ». Or, les Français écartent les Flamands des fonctions officielles et lucratives, attentent aux privilèges locaux, notamment en matière fiscale, ne respectent même pas la liberté d’enseignement de l’Université de Douai, instituent des passeports payants pour permettre aux Flamands de commercer librement et vont même jusqu’à installer des bureaux de douane qui rendent impossible la poursuite de l’exportation vers le reste des Pays-Bas Espagnols d’une production textile au coût désormais trop important.

En 1699, Vauban peut écrire à bon escient: « Quand on les traitera en bons sujets... Il ne faut pas douter qu’ils oublient peu à peu leur ancien maître et qu’ils ne deviennent très bons français, leurs mœurs et leur naturel convenant beaucoup mieux avec les nôtres qu’avec ceux des Espagnols ». L'avenir lui donna raison. En effet, le renouvellement des générations et la triste expérience de l’occupation hollandaise de 1708 à 1713, dangereuse pour la foi catholique comme pour la survie des industries locales en butte à une rude et déloyale concurrence hollandaise, amenèrent progressivement une certaine adhésion, à la fin du règne de Louis XIV, au nouveau maître.

Si l'évolution de l'architecture refléta bien la francisation progressive de la Flandre (voir plus loin), la vie administrative au quotidien fut l'un des vecteurs de cette évolution. Louis XIV créa diverses institutions et fonctions qui firent peu à peu entrer la Flandre méridionale dans le giron de la France.

En 1685 fut créé à Lille un hôtel des Monnaies, au pied de la Motte-Madame, cœur historique de la ville avec la Collégiale Saint-Pierre. L'année suivante, le Conseil supérieur de Tournai fut érigé en Parlement, compétent pour les questions de justice intéressant les Flandres et le Hainaut. Ce parlement fut transféré en 1709 à Cambrai puis à Douai en 1713. En 1691, un siège royal et général des Traites fut installé à Dunkerque, alors qu'à Lille, un Bureau des Finances, juridiction à la fois contentieuse, pour le domaine, et financière, était mis en place à Lille. En 1700, Dunkerque vit s'implanter une Chambre de commerce et un tribunal consulaire.

Ce fut surtout l'action pragmatique des Intendants qui assura la francisation par le biais de l'administration. Les "Intendants de justice, police et finances, commissaires déportés dans les généralités du royaume pour l'exécution des ordres du Roy" se gardèrent bien de modifier les contours territoriaux même s'ils créèrent deux Flandres sur des bases linguistiques à partir de la Flandre méridionale. Leurs mémoires, aisément consultables (1) nous permettent au demeurant de connaître un peu mieux ces deux Flandres.

Selon De Madrys "La Flandre entière a pour bornes : au midy, l'Artois, le Hainaut et une partie de la Picardie; au levant elle a encore le Hainaut et le Brabant; au nord, elle a aussi la mer d'Allemagne (mer du Nord) avec l'embouchure de l'Escaut, que l'on appelle le Hont-Escaut, qui la sépare de la Zélande; au couchant elle a la mer britannique (la Manche) et en partie la rivière d'Aa, avec le côté de l'Artois qui regarde les villes de Calais et de Boulogne.
On divise ordinairement la Flandre en trois parties: la première est la Flandre Flamingante, où l'on parle Flamand; la deuxième est la Flandre Gallicane où l'on se sert de la langue françoise, et la troisième la Flandre Impériale, à cause du Comté d'Alost qui a été longtemps sous la domination des empereurs d'Allemagne."
... Pour ce qui concerne la Flandre Flamingante, elle "s'étend depuis la mer du Nord jusqu'à la rivière de la Lys, elle a les villes de Gand, capitale du pays, Bruges, Ypres, l'Ecluse, Ostende, Nieuport, Furnes, Dunkerque, Bergues, Saint-Winoc, Courtray, Gravelines, etc..." Quant à la Flandre Gallicante, ou Wallonne, ou Gallicane, elle "a au septentrion la Flandre flamingante, au midy le Cambresis, au levant l'Escaut, et à l'occident la Lys; elle contient les villes de Lille, Tournay et autres"...

Signalons que la Flandre Wallonne comprenait trois châtellenies: Lille, Douai et Orchies et celle de Lille disposait d'Etats étendant leur juridiction sur les quartiers de Carembaut, Ferrain, Mélantois, Pévèle et Weppes.

Dans les faits, ces Intendants rassemblèrent peu à peu la totalité du pouvoir et de l'administration. Ils n'hésitèrent jamais à recommander au gouvernement du roi les personnages qui leur semblaient les plus dignes et fiables pour être nommés à des postes-clés, civils ou religieux. Ils s'impliquèrent dans la vente des offices à des "officiers", contrôlèrent les échevins et membres des Etats, imposèrent des modèles aux paroisses pour la tenue des registres, réglementèrent les levées des milices communales comme le droit de bourgeoisie, firent rédiger en langue française les actes officiels, y compris dans les tribunaux et instituèrent des notaires royaux. L'importance de l'université de Douai ne leur échappa point. Selon Dugué de Bagnols, "l'université est composée de quatre Facultés. Son établissement date de l'an 1559... Ses collèges principaux sont ceux du Roy, d'Anchin, de Marchiennes et de Saint-Vaast. Il y a plusieurs bourses pour les pauvres écoliers. On y envoie la jeunesse des villes voisines pour y apprendre la philosophie, la théologie et le droit ou la médecine. les Flamands y envoient leurs enfants pour apprendre la langue française."

Auprès d'eux comparés, les Gouverneurs, aux attributions essentiellement militaires, finirent par faire pâle figure, non seulement ceux des villes mais aussi le Gouverneur général de Flandre et de Hainaut lui-même. Si les militaires conquirent la Flandre, ce fut l'administration qui assura à la France la conquête des esprits et des hommes.

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(1) Mémoires effectués en 1697-1698 pour l'instruction du Duc de Bourgogne, élève de Fénelon, par De Madrys, pour la Flandre maritime ou flamingante et par Dugué de Bagnols pour la Flandre Gallicante ou Wallonne, édités au Bulletin de la Commission Historique du Département du Nord, X, pp.. 450-545 et XI, pp.. 251-238. Celui de Dugué de Bagnols fut, en fait, rédigé par Jean Godefroy, garde des Archives de la Chambre des Comptes de Lille depuis 1681.

François HANSCOTTE & Eric VANNEUFVILLE