vendredi 29 décembre 2006

Sainte-Godelieve, fille des Flandres


la dévotion envers Sainte-Godelieve est profondément ancrée dans les coeurs et les âmes des Flamands et des paroissiens de Ghistelles... La chasse admirablement ouvragée est un trésor qui sommeille dans une chapelle latérale de l'eglise paroissiale toujours bien en vue des croyants.

Vers l'an 1049, sous le règne d'Henri Ier, naquit Godelieve.

Son père s'appelait Hemfrid, il était seigneur de Wierre-Effroy, dans le Boulonnais. Sa mère s'appelait Ogine. Ils eurent trois filles : Ogine, Adèle et Godelieve. Ils habitaient le château de Wierre à Longfort

La réputation de sa sagesse et de sa beauté se répandirent jusqu'aux confins du pays.

Un jeune seigneur flamand, Bertholf de Ghistelles, entendit parler d'elle et se jura de l'épouser. Il se rendit à Longfort et la vue de Godelieve lui fit tant impression qu'il se déclara de suite. Mais Hemfrid, son père, répondit qu'il ne voulait pas contrarier sa fille qui désirait devenir religieuse.
Bertholf rentra à Ghistelles et sut mettre le comte de Flandre Beaudoin, son parent, dans ses desseins. Après l'intervention de Beaudoin auprès du comte Eustache de Boulogne, et par son intermédiaire, à Hemfrid, Godelieve donna son consentement pour de pas déplaire à ses parents.
Ce ne fut pas sans pleurer que Godelieve quitta ses parents.

Sainte Godelieve épouse Bertholf, le riche seigneur de Ghistelles, à l'âge de dix-huit ans.

Sa belle-mère la hait très vite et son mari décide de la faire disparaître.

Bertholf avait souvent parlé de sa mère à Godelieve et de la tendresse qu'elle avait pour son fils. Godelieve se proposa de la regarder comme sa propre mère et d'avoir la tendresse d'une fille.
Arrivés au château, Bertholf présenta Godelieve à sa mère. Pénétrée par la jalousie, elle dit :"Que nous amenez-vous là ? Nous avons assez de corneilles dans notre pays, sans que vous alliez de si loin chercher celle-ci !..."

Elle les quitta les laissant dans une grande stupéfaction.

Dès ce moment, Bertholf sentit s'éteindre le feu de son amour pour Godelieve.

Le soir, voyant Godelieve laissant flotter ses cheveux noirs, la mère de Bertholf entra dans une rage violente, disant à ses femmes de chambre : "Voyez la belle corneille que mon fils s'est choisie. Il a déshonoré notre maison. Honte et malédiction sur toi Bertholf, tu feras le tourment de ma vie, maudit sois-tu mille fois" !

Faut-il rechercher la cause de cette aversion dans les origines familiales?
Bertholf était de race Nortmanne ou Germanique et que, comme tous les hommes de cette race, il avait une haute stature, les yeux bleus et les cheveux blonds. Godelieve était née dans le Boulonnais longtemps occupé par les Romains. Comme ces conquérants avaient les cheveux noirs, on peut penser que du sang Romain coulait dans ses veines. Cela expliquerait en partie l'antipathie de la mère de Bertholf.

Bertholf finit par avoir horreur de son mariage et songea à le faire casser. Sa mère lui conseilla de partir en voyage. Elle s'occuperait de Godelieve...

Prenant prétexte que Bertholf était parti en pèlerinage à Notre Dame de Bruges, pour que sa femme soit féconde, la mère commença à persécuter Godelieve. Elle l'injuria, la traitant de corneille, l'obligeant à rendre tous ses bijoux. Puis elle conduit Godelieve dans une cellule du château en lui imposant une jeune fille comme aide mais aussi espion et qui lui apporterait à manger et les valets étaient chargés de l'injurier au passage.

Bertholf revint mais influencé par sa mère, il adopta la même attitude qu'elle en injuriant et repoussant Godelieve. La mère redoubla ses injures et ses coups, Bertholf faillit avoir pitié mais sa mère clama que cette fille était tout juste bonne à chasser les corneilles

Elle fut donc envoyée dans les champs pour chasser les corneilles avec la servante qui lui était adjointe.

Bertholf, de son côté, courait de ville en ville en répandait de noires calomnies sur sa femme. Mais personne n'y croyait.
Une femme touchée de compassion vint trouver Godelieve et la supplia de rentrer chez ses parents. Convaincue, elle s'enfuit pour rejoindre son père.

Au château, personne ne la reconnut tant les mauvais traitement l'avait défigurée. Quand elle se nomma, son père Hemfrid se mit en colère et parti se plaindre à Beaudoin comte de Flandres.

Mais Beaudoin pensa qu'il s'agissait là d'une affaire ecclésiastique et lui proposa d'aller trouver l'évêque de Tournai et de Soissons. Par souci de conscience, le père de Godelieve soumet la séparation devant l'évêque de Tournai mais ce dernier exige que les époux reprennent la vie commune. Celui-ci lança un mandement enjoignant à Berhtolf de reprendre sa femme et de vivre en bonne intelligence avec elle. Bertholf effrayé rejeta tout sur sa mère et promis de respecter le mandement.

Godelieve retourna donc à Gistelles mais pour y retrouver la même vie : la cellule, peu de nourriture, les injures

Un an passa, Bertholf et sa mère, furieux de voir qu'ils n'arrivaient pas à se débarrasser de Godelieve décidèrent d'utiliser un moyen violent.

Il feignit de se repentir de sa conduite en prétextant qu'une maladie s'était jetée sur lui. Il promit de vivre avec elle comme au premier jour. Godelieve étonnée mais confiante, s'habilla magnifiquement pour plaire à son mari. Cela dura huit jours. Puis Bertholf lui confia qu'il avait fait appel à une matrone pour le guérir de ses mauvais penchants et lui proposa d'être aussi introduite auprès d'elle. Le soir, Il monta sur son cheval et partit vers Bruges afin de ne pas être soupçonné de complicité du crime qu'il avait ordonné.

Godelieve qui avait passé la soirée dans la chapelle, rentra dans sa chambre et s'endormit. Peu de temps après, on frappa à sa porte pour l'avertir de ce que la femme dont Bertholf lui avait parlé était là et voulait la voir. Godelieve ouvre la porte et se dispose à s'habiller. "Non madame, dirent les scélérats, c'est en négligé et avec vos cheveux épars qu'elle veut vous voir."
Godelieve, vêtue de sa tunique s'empressa de descendre.

A peine est-elle dans la cour que des hommes se lancent sur elle et l'étranglent avec une nappe longue et étroite. Godelieve ne poussa pas un seul cri. Elle perdit en même temps la voix, le souffle et la vie.

Comme le sang lui sortait par les yeux, la bouche et les narines, les bourreaux la jetèrent dans le puits de la cour, puis, après l'avoir lavée, la couchèrent dans son lit pour faire croire qu'elle était morte naturellement.

Ceci se passa dans la nuit du 6 au 7 juillet 1070.

Le matin, les domestiques trouvèrent le cadavre et remarquèrent les traces d'étouffement. Bertholf rentra dans la journée et feignit le désespoir. Sa mère fit de même. Mais ils ne trompèrent personne.

Quant au comte de Flandre, déjà ennuyé avec d'autres vassaux, ne fit pas grand cas de cette mort... Et Bertholf ne fut pas inquiété par la Justice des Hommes.

Veuve, Bertholf contracta une seconde union. Mais il eut de cette femme une fille aveugle de naissance. Bertolf y vit la punition de son crime. A l'âge de 9 ans, la petite fille qui avait entendu parler de Godelieve et de ses qualités, se prit à l'aimer tendrement et la priait tous les jours. Un matin, elle prit de l'eau du puits dans lequel avait été jeté Godelieve et s'en frotta les yeux puis recouvrit la vue.

Bertholf n'en fut que plus mortifié. Il partit à Rome pour obtenir le pardon, de son crime et finit ses jours au monstère de Bergues-Saint-Winoc où il observa la plus grande pénitence.

Elle fut assassinée en 1070 mais son corps, levé le trois des calendes d'août 1088, est finalement retrouvé intact. En se séparant de sa famille, Godelieve déposa son fuseau en terre. Il jaillira une fontaine en cet endroit où une chapelle sera érigée. Elle attirera de nombreux pèlerins venus boire cette eau miraculeuse et implorer la puissante intercession de la sainte pour obtenir la guérison d'une fièvre qui sévissait alors dans le pays.

Depuis lors, un pèlerinage réunit chaque année, le dimanche qui suit le six juillet, des fidèles qui perpétuent la tradition. L'eau aurait aujourd'hui le pouvoir de guérir les maux d'yeux et de gorge. Godelieve est aussi invoquée par les femmes qui sont maltraitées par leur mari ou par celle qui ont un mari de mauvaise humeur. On la représente avec un linge tordu autour du cou ou avec une corde. Elle porte généralement un morceau de pain qu'elle donnait aux pauvres.

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