samedi 25 novembre 2006

Les aspects géopolitiques des temps de Sanderus et de Louis XIV

Sanderus (Antoine Sanders) naquit en 1586 à Anvers, à une époque marquée aux Pays-Bas par de graves troubles politico-religieux. D'une famille bourgeoise et instruite, il fut notamment éduqué chez les Jésuites à Gand puis mena à bien des études de philosophie à l'Université de Douai, citadelle, s'il en fut, de la Contre-réforme catholique et ville où les enfants de la bourgeoisie flamande étaient souvent placés pour se perfectionner dans la langue française.

Maître ès-arts à Douai, prêtre, licencié en théologie à Louvain, curé près de Gand, il fut un temps aumônier d'un cardinal ministre du roi d'Espagne aux Pays-Bas, avant d'être nommé chanoine à Ypres où lui furent confiées des tâches administratives et pédagogiques. Il ne sut s'astreindre à demeurer régulièrement sur place: il préférait le Brabant où il finit par résider puis par décéder en 1664.

Parmi les ouvrages qu'il écrivit, la Flandria Illustrata, publiée dès 1641 en latin et après sa mort en néerlandais (en 1735), est surtout intéressante de par la description des sites et monuments de la Flandre méridionale, celle qui passa à la France sous Louis XIV, de Dunkerque à Douai, et que semble avoir bien contemplé notre chanoine d'Ypres.

La période de troubles qui vit naître Sanderus s'explique par différents facteurs: tout d'abord, à la différence de son père Charles-Quint, né et éduqué en Flandre, Philippe II roi d'Espagne et Comte de Flandre en 1555, est espagnol d'éducation. Il considère en particulier qu'au sein des XVII provinces des Pays-Bas, les sujets doivent être très catholiques, ne pas succomber au protestantisme, et même financer par l'impôt les guerres menées par l'Espagne.

Dès 1560, la révolte gronde: "L'année des lumières" pour les protestants se place en 1566. Les Prêches des Haies deviennent de plus en plus fréquents. Entre Hondschoote et Killem, la chapelle des Trépassés dédiée à Notre-Dame des Affligés évoque un tel prêche. Le prêche de Boeschepe constitue l'un des plus importants. La répression espagnole engendre la violence. Les Iconoclastes, "briseurs d'images", sont traqués par les autorités civiles et ecclésiastiques nommées par le Roi d'Espagne. La répression est menée par le Duc d'Albe et son Conseil des Troubles, surnommé le "Tribunal du sang".

En 1568, les Comtes d'Egmont (seigneur entre autres d'Armentières) et de Hornes, sont exécutés à Bruxelles tandis que Guillaume d'Orange, autre noble local, placé à la tête de la révolte, s'enfuit vers les Pays-Bas du Nord, véritable citadelle du Protestantisme. Les Gueux de Mer, marins, organisent la résistance en liaison avec les Gueux des Bois ou Boqueteaux. Résistances et violences s'exacerbent. En 1576, le nouveau Gouverneur, Don Juan d'Autriche, ne peut empêcher la province de Flandre de s'allier aux autres provinces contre le maître espagnol. Il faut toute l'habileté de son successeur, le subtil et modéré Farnèse, pour se concilier à la Paix d'Arras en 1579, les provinces francophones et catholiques de Flandre Gallicante, d'Artois et de Hainaut. Il entreprend ensuite la reconquête de la Flandre néerlandophone, non sans difficultés: en 1581, la ville de Bailleul demande au roi d'être déchargée de toutes les responsabilités concernant la publication des placards déclarant rebelles tous les magistrats par suite des derniers événements locaux... En 1582, les Gueux y brûlent l'hôtel de ville et l'église paroissiale.

Farnèse prend Ypres, Bruges, Gand en 1584. Bruxelles et Anvers tombent l'année suivante. En 1598, Philippe II, lassé, fait des Flandres, au sein des Pays-Bas Méridionaux ou catholiques, un pays gouverné par sa fille Isabelle, mariée au Habsbourg d'Autriche, l'archiduc Albert. Sous leur égide, la reconstruction est alors relativement rapide. En 1599, Isabelle autorise la cité de Bailleul à procéder à la levée de 3.000 florins en rente pour restaurer la halle et le beffroi incendiés. Déjà, la ville est partie intégrante du paysage flamand: Tournai compte 20.000 habitants, on en dénombre 45.000 à Lille et 100.000 à Anvers. Economiquement, les guerres de la deuxième moitié du XVI° siècle ne semblaient pas avoir tout arrêté. En 1581, Bailleul avait obtenu du Gouverneur des Pays-Bas au nom du roi d'Espagne, une autorisation de commercer avec les Provinces rebelles du Nord, en échange d'une aide de 8.000 livres. A Lille, dans le village-faubourg de Wazemmes, on utilise de plus en plus la force motrice du moulin à eau, sans négliger, comme au village voisin de Moulins, celle du vent, ou comme à Ascq, celle des chevaux. Dans la cité même, dans les paroisses de Saint-Maurice ou de Saint-Sauveur, les saïetteurs et bourgeteurs sont fort implantés: plus de 40% des paroissiens de Saint-Sauveur sont des saïetteurs dont la plupart sont des travailleurs immigrés issus des autres parties des Pays-Bas du Sud ou de France. Nombreux, ils s'entassent dans des ruelles et courées insalubres où les maisons de huit habitants chacune constituent la moyenne.

Dans la campagne flamande, le pays est régulièrement bonifié et remis en valeur, comme en témoigne l'assèchement des Moëres entre Furnes, Bergues, Hondschoote par Wenceslas Coebergher, le ministre des Archiducs.

La trêve de douze ans conclue en 1609 avec les Pays-Bas du Nord, suivie après 1621 d'un certain modus vivendi entre les Pays-Bas du Nord et du Sud, permet également aux Habsbourg de restaurer la religion catholique en promouvant la Contre-réforme dans les Pays-Bas du Sud. Dès 1562, la fondation de l'Université de Douai, en réaction contre les tendances calvinistes de celle de Louvain, avait amorcé le mouvement. Désormais, les Capucins, remarquables Frères Prêcheurs, les Oratoriens, les Jésuites, s'installent dans tout le pays: à Bergues, Dunkerque, Cassel, Bailleul, Arras, Aire, Hesdin, Saint-Omer, Lille... Le niveau du clergé s'élève et l'encadrement du peuple flamand devient une réalité. En 1607, les Jésuites arrivent à Bailleul sur des terrains cédés par la ville en accord avec les Archiducs; en 1629, le produit de l'octroi leur est accordé et en 1624, la ville lève des impôts pour achever la construction de leur couvent avant de leur accorder, en 1651, avec la châtellenie, des rentes et la propriété sur l'usufruit de certaines terres. En 1629, trois échevins Bailleulois appellent les Capucins, puis, en 1631, la première pierre de l'église chargée des les accueillir est posée. En 1633, le roi d'Espagne amortit un terrain de 80 ares près de la cité, acquis par le Père Provincial des Capucins de Flandre, à l'effet d'y construire un couvent.

A Lille, c'est en 1592 qu'une quinzaine de Capucins fortement soutenus par le Magistrat de la cité, viennent prêcher dans la ville. L'Evêque d'Ypres vient poser la première pierre de leur église en 1593; l'année suivante voit la bénédiction des couvent et église. Leur activité est assez soutenue pour que les locaux soient agrandis en 1615-1616. En 1614, les Hibernois, ou Irlandais, s'installent à leur tour. Leur école reçoit de jeunes Irlandais persécutés par les Anglais et que l'on prépare à retourner dans leur pays pour le catholiciser.

Néanmoins, à la mort d'Isabelle, la Flandre, au sein des Pays-Bas Méridionaux, repasse sous le gouvernement direct de l'Espagne. Elle va dès lors se trouver en première ligne du conflit franco-espagnol, Bourbons contre Habsbourgs. En 1635, la France s'allie aux Provinces-Unies, fédérant les Pays-Bas du Nord, protestants, en vue de conquérir et de dépecer les Pays-Bas espagnols...

Hesdin est conquise en 1639 et Arras en 1640. En 1648, les Provinces Unies et l'Espagne concluent la paix mais la France et l'Espagne demeurent en guerre. Dès 1646, le cardinal Mazarin, qui préside aux destinées de la France, avait affirmé: «l’acquisition des Pays-Bas Espagnols formerait à la ville de Paris un boulevard inexpugnable et ce serait alors véritablement que l’on pourrait l’appeler le cœur de la France». L'Artois, à l'exception de Saint-Omer et Aire, mais avec les flamandes Bourbourg, Gravelines et Saint-Venant, passe à la France à la suite de la Bataille des Dunes en 1658 et du Traité des Pyrénées de 1659. Dunkerque et Mardyck sont d'abord remises par la France à ses alliés anglais puis rachetées à ces mêmes Anglais par Louis XIV en 1662.

En 1665, Philippe IV, roi d'Espagne, décède. C'est un enfant de quatre ans, Charles II, qui monte sur le trône. Louis XIV, au nom des droits de son épouse, l'Infante Marie-Thérèse, entre en Flandre. La Flandre du Sud est alors disputée entre France, Pays-Bas du Nord et Espagne, alternant paix et guerre jusque 1713, parfois avec l'intervention d'autres belligérants européens.

En 1667, Louis XIV conquiert Lille, Douai et Orchies. Il crée à cette occasion les deux intendances de Flandre Flamingante ou maritime et de Flandre Wallonne ou Gallicante. Après la bataille de la Peene au val de Cassel en 1677, le Traité de Nimègue l’année suivante lui donne Bailleul, Cassel, Saint-Omer, Poperinge, Ypres mais rétrocède à l’Espagne Furnes, Courtrai et Audenarde enlevées en 1668 au traité d'Aix-la-Chapelle. Ce partage de Nimègue est d’ailleurs confirmé par le Traité de Ryswick en 1697. Néanmoins, par le Traité d’Utrecht, concluant en 1713 la Guerre de Succession d’Espagne entamée en 1708, Louis XIV renonce à Tournai, Ypres, Poperinge, Furnes, Loo, Dixmude et la rive gauche de la Lys de Menin à Ploegsteert. Il garde les Flandres Gallicante et Flamingante, qu’il réunit en une Intendance en 1715.

Même si Louis XIV n'était pas vraiment un inconnu en Flandre Gallicante puisqu’il était déjà, par héritage, châtelain de Lille, il est logique que la prise de la Flandre méridionale, dans de telles conditions, ait été perçue comme une véritable conquête guerrière. Ainsi en 1645 comme en 1667, Lille, où l’on s’affiche « Bourguignon », résiste vaillamment. Les milices bourgeoises en tête, confréries ou serments d’archers et de canonniers réunis tiennent tête aux troupes françaises. Dans le quartier Saint-Sauveur, en 1667, il y a même des prières publiques durant toute la semaine que dure le bombardement par les canons français.

De toute façon, le conquérant rencontre généralement l’hostilité des Flamands du Sud. En 1656, lorsque les troupes battent en retraite devant Valenciennes, le curé de Bailleul, Charles Blomme, organise un Te Deum et une messe d’actions de grâces pour la libération de la ville. En 1658, à l’annonce du Traité des Pyrénées, il prend la parole sur un théâtre édifié devant la maison échevinale, «en grande solennité »: l’essentiel est préservé car Bailleul ne change pas de souverain... Quand les troupes de Louis XIV doivent abandonner Broekburg (Bourbourg), les habitants organisent en grande joie un cortège bouffon pour « balayer les ordures hors du Pays ». Les mesures prises par le nouveau maître du pays ne peuvent se permettre aucune légèreté. Ainsi, en 1669, le Gouverneur Marquis d’Humières reçoit de Paris une lettre l’approuvant d’avoir emprisonné les échevins de La Gorgue qui avaient refusé de prêter le serment de fidélité. Les résistances sont nombreuses. En 1673, quand un parti hollandais pille le bureau du domaine de Menen, la garde bourgeoise ne donne même pas l’alerte et le Contrôleur général Colbert y décèle une complicité manifeste entre Flamands et Hollandais. A Lille, l’Intendant Le Peletier doit reconnaître que les magistrats sont très peu sûrs au point que leur choix est extrêmement délicat... Force est d’avouer qu’«Il y a si peu de bons sujets en cette ville que les meilleurs ne sont ni raisonnables ni dociles »...

En 1670 l’on acclame l’ambassadeur d’Espagne et, en 1674, certains Lillois exposent en public le portrait de Charles II, roi d’Espagne. A la même époque, le réduit de Saint-Sauveur reçoit en cellule le maïeur et le Rewart de Lille qui ont mal parlé au lieutenant du roi et un prêtre, qui y mourut, pour avoir parlé en termes négatifs de la guerre. En 1690 enfin, lorsque l’avocat Desruelles proclame qu’il « voudrait être encore sous la domination du roi d’Espagne et voir mort le dernier Français », l’Intendant reconnaît en cette déclaration « un discours assez ordinaire dans les débauches particulières de quelques-uns des gens du pays ».

Les causes de cet état d’esprit hostile au roi français sont diverses et multiples.

En premier lieu, les ravages des conquérants sont réels et importants. En 1645, dans les villages du Sud de Lille, les Français commettent des actes tels qu’«il semble que leur dessein n’est autre que de ruiner et ravager le plat pays ».
En 1653, les troupes du Duc d’Elbœuf pillent la cité de Bailleul et l’incendient : 470 maisons, 70 métiers à fabriquer du fil et 3 moulins sont détruits. En 1658, 800 soldats français opèrent une grande rafle de bétail dans la vallée de la Lys, exemple vivant d’une armée qui, au moins en partie, vit sur le pays.
En outre, les Flamands n’ont pas une bonne idée de la religion et de la morale de Louis XIV: voilà un roi qui envahit un pays étranger en prétendant ne pas mener une opération de guerre mais faire une simple promenade pour s’assurer des intérêts de sa femme, l’infante d’Espagne! Un roi qui, chez lui en France, protège les Protestants, au moins jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, et attaque les possessions des Habsbourg d’Espagne au moment même où les Turcs, en particulier à Vienne en 1683, se heurtent aux Habsbourg d’Autriche, ferme rempart de la Chrétienté !

Enfin, les Flamands n’apprécient pas les maladresses et l’autoritarisme de l’administration française, d’autant plus difficiles à supporter que la conjoncture économique n’est pas des meilleures: selon la chronique de l’ouvrier saïetteur Lillois Chavatte, de 1670 à 1692, « il faisait pauvre temps ». Or, les Français écartent les Flamands des fonctions officielles et lucratives, attentent aux privilèges locaux, notamment en matière fiscale, ne respectent même pas la liberté d’enseignement de l’Université de Douai, instituent des passeports payants pour permettre aux Flamands de commercer librement et vont même jusqu’à installer des bureaux de douane qui rendent impossible la poursuite de l’exportation vers le reste des Pays-Bas Espagnols d’une production textile au coût désormais trop important.

En 1699, Vauban peut écrire à bon escient: « Quand on les traitera en bons sujets... Il ne faut pas douter qu’ils oublient peu à peu leur ancien maître et qu’ils ne deviennent très bons français, leurs mœurs et leur naturel convenant beaucoup mieux avec les nôtres qu’avec ceux des Espagnols ». L'avenir lui donna raison. En effet, le renouvellement des générations et la triste expérience de l’occupation hollandaise de 1708 à 1713, dangereuse pour la foi catholique comme pour la survie des industries locales en butte à une rude et déloyale concurrence hollandaise, amenèrent progressivement une certaine adhésion, à la fin du règne de Louis XIV, au nouveau maître.

Si l'évolution de l'architecture refléta bien la francisation progressive de la Flandre (voir plus loin), la vie administrative au quotidien fut l'un des vecteurs de cette évolution. Louis XIV créa diverses institutions et fonctions qui firent peu à peu entrer la Flandre méridionale dans le giron de la France.

En 1685 fut créé à Lille un hôtel des Monnaies, au pied de la Motte-Madame, cœur historique de la ville avec la Collégiale Saint-Pierre. L'année suivante, le Conseil supérieur de Tournai fut érigé en Parlement, compétent pour les questions de justice intéressant les Flandres et le Hainaut. Ce parlement fut transféré en 1709 à Cambrai puis à Douai en 1713. En 1691, un siège royal et général des Traites fut installé à Dunkerque, alors qu'à Lille, un Bureau des Finances, juridiction à la fois contentieuse, pour le domaine, et financière, était mis en place à Lille. En 1700, Dunkerque vit s'implanter une Chambre de commerce et un tribunal consulaire.

Ce fut surtout l'action pragmatique des Intendants qui assura la francisation par le biais de l'administration. Les "Intendants de justice, police et finances, commissaires déportés dans les généralités du royaume pour l'exécution des ordres du Roy" se gardèrent bien de modifier les contours territoriaux même s'ils créèrent deux Flandres sur des bases linguistiques à partir de la Flandre méridionale. Leurs mémoires, aisément consultables (1) nous permettent au demeurant de connaître un peu mieux ces deux Flandres.

Selon De Madrys "La Flandre entière a pour bornes : au midy, l'Artois, le Hainaut et une partie de la Picardie; au levant elle a encore le Hainaut et le Brabant; au nord, elle a aussi la mer d'Allemagne (mer du Nord) avec l'embouchure de l'Escaut, que l'on appelle le Hont-Escaut, qui la sépare de la Zélande; au couchant elle a la mer britannique (la Manche) et en partie la rivière d'Aa, avec le côté de l'Artois qui regarde les villes de Calais et de Boulogne.
On divise ordinairement la Flandre en trois parties: la première est la Flandre Flamingante, où l'on parle Flamand; la deuxième est la Flandre Gallicane où l'on se sert de la langue françoise, et la troisième la Flandre Impériale, à cause du Comté d'Alost qui a été longtemps sous la domination des empereurs d'Allemagne."
... Pour ce qui concerne la Flandre Flamingante, elle "s'étend depuis la mer du Nord jusqu'à la rivière de la Lys, elle a les villes de Gand, capitale du pays, Bruges, Ypres, l'Ecluse, Ostende, Nieuport, Furnes, Dunkerque, Bergues, Saint-Winoc, Courtray, Gravelines, etc..." Quant à la Flandre Gallicante, ou Wallonne, ou Gallicane, elle "a au septentrion la Flandre flamingante, au midy le Cambresis, au levant l'Escaut, et à l'occident la Lys; elle contient les villes de Lille, Tournay et autres"...

Signalons que la Flandre Wallonne comprenait trois châtellenies: Lille, Douai et Orchies et celle de Lille disposait d'Etats étendant leur juridiction sur les quartiers de Carembaut, Ferrain, Mélantois, Pévèle et Weppes.

Dans les faits, ces Intendants rassemblèrent peu à peu la totalité du pouvoir et de l'administration. Ils n'hésitèrent jamais à recommander au gouvernement du roi les personnages qui leur semblaient les plus dignes et fiables pour être nommés à des postes-clés, civils ou religieux. Ils s'impliquèrent dans la vente des offices à des "officiers", contrôlèrent les échevins et membres des Etats, imposèrent des modèles aux paroisses pour la tenue des registres, réglementèrent les levées des milices communales comme le droit de bourgeoisie, firent rédiger en langue française les actes officiels, y compris dans les tribunaux et instituèrent des notaires royaux. L'importance de l'université de Douai ne leur échappa point. Selon Dugué de Bagnols, "l'université est composée de quatre Facultés. Son établissement date de l'an 1559... Ses collèges principaux sont ceux du Roy, d'Anchin, de Marchiennes et de Saint-Vaast. Il y a plusieurs bourses pour les pauvres écoliers. On y envoie la jeunesse des villes voisines pour y apprendre la philosophie, la théologie et le droit ou la médecine. les Flamands y envoient leurs enfants pour apprendre la langue française."

Auprès d'eux comparés, les Gouverneurs, aux attributions essentiellement militaires, finirent par faire pâle figure, non seulement ceux des villes mais aussi le Gouverneur général de Flandre et de Hainaut lui-même. Si les militaires conquirent la Flandre, ce fut l'administration qui assura à la France la conquête des esprits et des hommes.

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(1) Mémoires effectués en 1697-1698 pour l'instruction du Duc de Bourgogne, élève de Fénelon, par De Madrys, pour la Flandre maritime ou flamingante et par Dugué de Bagnols pour la Flandre Gallicante ou Wallonne, édités au Bulletin de la Commission Historique du Département du Nord, X, pp.. 450-545 et XI, pp.. 251-238. Celui de Dugué de Bagnols fut, en fait, rédigé par Jean Godefroy, garde des Archives de la Chambre des Comptes de Lille depuis 1681.

François HANSCOTTE & Eric VANNEUFVILLE

2 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour, auriez-vous l'adresse courriel d'Éric Vanneufville?

histoiresdunord a dit…

Bonjour, j'ai bien cette adresse mais par souci de confidentialité, je ne puis la placer ici, écrivez moi (voir colonne de droite) et je pourrai vous la faire parvenir, cordialement
Histoires du Nord